Une avocate de la CPI arrêtée
Une avocate australienne, membre d'une délégation de la Cour pénale internationale (CPI) qui rendait visite à Seif al-Islam, fils de Mouammar Kaddafi, en Libye, a été arrêtée pour avoir tenté de lui remettre des documents, a annoncé samedi le représentant libyen à la CPI. La Libye et la CPI se disputent le procès de Seif al-Islam, 39 ans, visé par un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité commis à partir du 15 février 2011 pendant la répression de la révolte populaire qui s'est ensuite transformée en guerre civile achevée avec la chute du régime Kaddafi en octobre 2011.
"Au cours de la visite, l'avocate Melinda Taylor a tenté de remettre à l'accusé des documents qui n'ont aucun lien avec l'affaire (de Seif al-Islam) et qui représentent un danger pour la sécurité de la Libye", a déclaré Ahmed al-Jehani à l'AFP. Il n'a pas précisé la nature des documents en question, envoyés, selon lui, par Mohamed Ismaïl, ex-bras droit et émissaire de Seif al-Islam, en fuite depuis la chute du régime Kaddafi. Selon lui, l'avocate faisait partie d'une délégation de quatre membres de la CPI qui avaient obtenu l'autorisation du procureur général libyen pour rendre visite à Seif al-Islam à Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli), où il est détenu depuis son arrestation par une brigade d'ex-rebelles en novembre 2011.
Détenue dans une résidence
Me Taylor a été arrêtée vraisemblablement par la brigade mais M. Jehani ne l'a pas confirmé. Elle est détenue à Zenten "dans un lieu de résidence et non dans une prison", a-t-il dit, précisant que l'avocate était actuellement interrogée par les autorités. Le porte-parole de la CPI à la Haye était injoignable dans l'immédiat pour réagir à cette arrestation. Les autorités libyennes, qui souhaitent juger chez eux le fils du dirigeant déchu, avaient déposé le 1er mai une requête contestant la compétence de la CPI pour poursuivre Seif Al-Islam. Elles ont demandé aux juges d'"annuler" la requête de la CPI ordonnant aux Libyens de le lui livrer.
Outre la CPI, les autorités libyennes doivent aussi convaincre les responsables de Zenten de leur livrer Seif Al-Islam si elles entendent le juger. Les ex-rebelles détenant Seif Al-Islam retardent son transfert à Tripoli car ils n'ont pas obtenu leurs salaires, avait affirmé fin mai le représentant de la Libye auprès de la CPI. Le 1er juin, la CPI avait annoncé que la Libye pouvait reporter la remise à la Cour de Seif Al-Islam dans l'attente de la décision sur sa compétence.