Publié le 15 Jun 2012 - 18:15
PROFIL - NDÈYE SOUKEYNA NDAW

Une citoyenne active

NDÈYE SOUKEYNA NDAW (TEKKI)

 

Juriste, mère de famille, militante, l'épouse de Mamadou Lamine Diallo veut prendre sa part dans la construction d'un Sénégal nouveau. Avec discrétion.

 

En croisant Ndèye Soukeyna Ndaw au siège du Mouvement Tekki, on est séduit par sa simplicité. L’épouse de Mamadou Lamine Diallo paraît d’un commerce facile, avenante. «Je quitte mon bureau dans quelques minutes et je vous rejoins», dit-elle. Taille moyenne, teint noir d’ébène, visage poupin, regard perçant, cette candidate sur la liste départementale de Dakar a décidé de battre campagne aux côtés de son mari. Pour donner un prolongement à un militantisme qu'elle assume. «J’aime mon pays, dit-elle, je crois en l’avenir du Sénégal... Chacun, de son côté, peut montrer son engagement pour le peuple à sa manière, du député au vendeur de cacahuètes.»

 

Pour cette «citoyenne active», comme elle se définit, c'est une question de sacerdoce, même si elle a la détermination de gagner pour son camp. «Quand je quitte mon travail à 17h, je rentre chez moi, je fais ma prière de Takusan. Après, c'est place nette au porte-à-porte et aux visites de proximité. Souvent, jusqu’à 23 heures», raconte-elle.

 

Née en 1964 à Toulouse en France, Ndèye Soukeyna est issue d'un couple très intellectuel. Entre un père vétérinaire et une mère sociologue, elle a été très influencée par son environnement immédiat. Jeune déjà, elle intègre l’Association sportive et culturelle de Zone B, engagée dans l’investissement humain. «Nous organisions des cours de vacances, des activités de nettoiement, du théâtre pour retenir les jeunes» du quartier, se rappelle-t-elle.

 

 

Les repères, 2009 et 23 juin

 

Après son Bac qu’elle décroche au lycée Van Vollenhoven (actuel Lamine Guèye) en 1982, elle s’inscrit en droit à l’Ucad. Manque de pot, elle n’y perce pas et quitte l'université deux ans après. Volontariste, elle tente sa chance du côté de l’Hexagone. «Comme j’étais quelqu’un de têtu et d’intelligent, je me suis dit : ce n’est possible que je ne réussisse pas.» Pari réussi. On est en 1985. Elle reprend patiemment ses études de droit. «Sans problèmes», précise-t-elle. Elle décroche son Master, option Commerce. Mais c'est en 1986 qu'elle y fait la connaissance de Mamadou Lamine Diallo, lequel deviendra son époux dans un ménage d'où sont nés trois enfants. Pour l'instant.

 

La stabilité hexagonale doit cependant s'effacer en 1990 quand elle doit suivre aux Etats-Unis son expert de mari qui émarge à la Banque mondiale. C'est quatre ans plus tard que les Diallo reviennent au bercail. Ndèye Soukeyna Ndaw a l'occasion alors de replonger dans le combat politique, discrètement. En 2009, elle participe aux premières ondes de choc contre le régime d'Abdoulaye Wade en jouant sa partition dans les élections locales remportées par les oppositions aux libéraux, sous la bannière de la coalition Dekkal Ngor à Sicap-Sacré Cœur qui obtient plusieurs élus.

 

Mais c'est véritablement le 23 juin 2011 que Mme Diallo se distingue en prenant une part active au retrait du projet de loi relatif à la création d'une vice-présidence au Sénégal. Toujours discrète, elle joua un rôle important dans l’équipe médicale du M23, sur-sollicitée avec les nombreux cas de blessés notés au cours des manifestations populaires. Un an presque jour pour jour, c’est non sans fierté que ce membre de l’Association des juristes sénégalais (AJS) se remémore ces instants épiques. «L’Assemblée nationale a voulu arracher au peuple sénégalais une partie de sa souveraineté. Ça été un déclic pour moi.» Et le peuple semble en avoir tiré une leçon, selon elle. «Des millions de Sénégalais ont compris que la concentration du pouvoir pouvait conduire le pays à des situations catastrophiques.» Plus militante du parti Sénégal que partisane, Ndèye Soukeyna Ndaw résume son vœu en trois temps : «Vivre dans un Sénégal où le mariage forcé est banni, l'excision interdite, l’accès aux soins garanti.» Rien que ça !

 

DAOUDA GBAYA

 

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