La technologie comme palliatif
Le Sénégal compte 50 radiologues dont uniquement un en dehors de la capitale. Mais la technologie participe à la réduction du déséquilibre territorial.
La panne de l’unique machine de radiothérapie au Sénégal a suscité la polémique il y a quelques semaines. Mais avant, une autre alerte avait été envoyée, même si l’information est passée presque inaperçue. Le président de la société africaine de radiologie d’expression française avait révélé qu’il existe moins de 50 radiologues. Le Professeur El Hadji Niang l’avait fait savoir au cours du Congrès international de radiologie d'Afrique noire francophone tenu à Dakar en 2016.
Le Prof Niang soulevait à la même occasion le paradoxe qu’il y avait entre les efforts d’équipement dans ce sens et l’absence de spécialistes. En fait, il fut un temps où des zones du pays comme Ourossogui, Kolda et Matam n’avaient pas de scanner. Aujourd’hui, toutes les régions en disposent, mais il n’y a pas de radiologues pour interpréter les résultats. Car hormis Dakar, il n’y a que Thiès qui en compte un. Les autres affichent zéro au compteur. Et pourtant, affirme le professeur, un radiologue ne suffit pas pour un hôpital.
Cependant, avec le plan de formation en imagerie médicale, il est prévu des radiologues, notamment des étudiants en fin de cursus pour pallier le déficit. ‘’Le ministre de la Santé, sous l'impulsion du président de la République, nous a doté d'un outil magique, il s'agit du système de télé-radiologie qui nous permet d'interpréter les examens radiographiques et scanographiques à distance à telle enseigne qu'on est aujourd'hui leader en Afrique. En dehors de l'Afrique du Sud, nous sommes le seul pays capable de faire de la télé-radiologie médicale’’, s’est-il réjoui. Ce qui reste à faire, d’après lui, c'est le relèvement du plateau technique, de numériser tous les services de radiologie du Sénégal. ‘’Le coût de tout cela est de 5 milliards, le financement a été acquis grâce au président de la République’’, se félicite-t-il. Selon lui, l'appel d'offres a été lancé et le marché a été attribué. Les appareils seront remis symboliquement à certains directeurs, disait-il à l’époque.
Un encadrement juridique
N’empêche, le président du Groupe de radiologistes enseignants d’expression française (Gref), Professeur Kastler, soutient que ce n’est pas la télé-radiologie qui permettra de régler le problème de l’insuffisance de personnels. De son point de vue, il faut former beaucoup de radiologues pour manipuler la télémédecine.
Par ailleurs, ces avancées sont liées à des risques, numériques notamment. D’où l’appel du professeur à un encadrement juridique. ‘’D'aucuns peuvent entrer dans les systèmes et capter les données qui appartiennent à des patients et cela peut être extrêmement grave. Il y a également la responsabilité des médecins qui est élargie. Un médecin ne peut pas envoyer comme ça des images dans le net, il faut tout sécuriser et il faut le consentement du malade’’. Ainsi donc, il est nécessaire d’avoir de bonnes lois pour encadrer tout cela afin de protéger à la fois le patient, la structure hospitalière et le médecin radiologue.