Publié le 13 Jul 2012 - 20:08
MALI

Les journalistes en colère contre les militaires

Les agressions dont sont victimes les journalistes maliens de la part de militaires présumés sont en augmentation et suscitent l'inquiétude à Bamako, où les droits de l'homme ont considérablement régréssé depuis le coup d'État du 22 mars. La profession prévoit une journée d'action, le 17 juillet.

« Ça ne peut pas continuer comme ça et nous nous sommes rencontrés pour déterminer la marche à suivre ». Makan Koné, président de la Maison de la presse de Bamako est accablé. Tout comme les professionnels maliens de l'information. « Peu importe les opinions que chacun défend. Chaque journaliste doit pouvoir travailler en toute sérénité, sur tous les sujets ».

Le 12 juillet, l’ agression de Saouti Labass Haïdara, 62 ans, l’un des journalistes les plus respectés de sa profession, fait déborder le vase. Peu après 21 heures, une demi-douzaine d'hommes en armes débarquent au siège de L'Indépendant, le quotidien dont il est directeur de publication, et l'embarquent de force dans leur pick-up. Emmené loin de la capitale, il est roué de coups, puis abandonné par ses agresseurs. Bilan de l'agression ? Un bras cassé, l'autre contusionné et plusieurs points de suture à la tête.

Bien que les agresseurs aient arboré des tenues civiles, il ne fait aucun doute, pour les journalistes qui ont assisté à l’enlèvement, qu'il s'agissait de militaires. « En ce moment, à Bamako, aucun civil armé jusqu'aux dents ne peut se ballader dans les rues », assure l’un des témoins de la scène. Les journalistes sont à bout, d’autant que ce n'est pas la première fois qu'un des leurs est agressé.

Encagoulé et roué de coups

Le 2 juillet, Abderhamane Keïta, directeur de la rédaction du journal L'Aurore, est enlevé, encagoulé et roué de coups par des individus armés. À cela, il faut ajouter les interrogatoires auxquels sont soumis les journalistes. Le 16 mai, le même Saouti Haïdara avait été questionné dans les locaux de la Sécurité d'État, puis relâché au bout de deux heures, une semaine après son confrère du Prétoire, Birama Fall. L'éditorialiste du quotidien Le 22 septembre, Chahana Takiou, a lui aussi passé un moment délicat à la Sécurité militaire.

Ce 13 juillet, les principales organisations des médias se sont réunies à la Maison de la presse de Bamako : l 'Association des éditeurs de la presse privée (ASEPP), l'Union des radios et télévisions libres (Urtel), le Groupement patronal de la presse écrite (Groupe) et l'Organisation des jeunes reporters du Mali (OJRM). Ils sont bien décidés à manifester leur mécontentement. Une marche de protestation est fixée au 17 juillet. Marche dont le point de départ sera le siège du journal L'Indépendant, à destination de la Primature. Les hommes – et femmes de médias – ont également décrété que le 17 juillet serait « un jour sans presse », pour « interpeller tous les Maliens sur les dangers qui pèsent sur la profession », martèle Makan Koné.

 

Jeune Afrique

 

Section: 
Deuxième, Bilie-By-Nze critique une présidentielle «opaque» mais ne saisira pas la Cour constitutionnelle
Au Niger : Une Suisse enlevée à Agadez, trois mois après une Autrichienne
Gabon : le président élu Brice Oligui Nguema face à de nombreux défis
GABON - ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE : La diaspora gabonaise au Sénégal plébiscite Brice Clotaire Oligui Nguema
MALI-GUINEE : La presse sous bâillon militaire
LE POUVOIR DE DIRE NON : De Villepin, Badinter, Badio Camara, ou l’honneur de désobéir
CRISE DIPLOMATIQUE ENTRE L’ALGERIE ET LE MALI : L’escalade de trop ?
CHARLES DE GAULLE : Héros français, bourreau africain ?
En Birmanie, des crémations à la chaîne pour les victimes du séisme
ENTRETIEN - AMADOU MOCTAR ANN, ANALYSTE GÉOPOLITIQUE : "Le Sénégal affirme son rôle de médiateur sur la scène internationale"
RETRAIT DE L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE : Les pays de l’AES dénoncent un levier d’influence française
BURKINA FASO - MASSACRES DE VILLAGEOIS PEULS À SOLENZO : Les balles et les machettes de la haine
OUATTARA ET MAHAMA LANCENT UN APPEL A L’AES : Un retour dans la CEDEAO, une mission quasi impossible ?
MÉDIATION EN GUINÉE-BISSAU : Le pouvoir ‘’chasse’’ la mission de la CEDEAO/ONU
Présentation de “Insécurité au Sahel : sortir de la crise!” : La solution mise en avant par Mamadou Mouth Bane
MALI - SÉNÉGAL : La reconstruction relationnelle se poursuit
COOPÉRATION SÉNÉGALO-IRANIENNE : Arbre de la paix symbole de la fraternité entre les deux peuples    
ELON MUSK : L’influenceur guerrier de l’ère Trump
GEOPOLITIQUE - ISOLATIONNISME DE TRUMP : L’instrument d’un retour de la puissance hégémonique américaine ?
Accident aérien à Washington : « Malheureusement, il n’y a pas de survivants », déclare Donald Trump