Publié le 26 Jan 2019 - 23:13
MARCHE INTERDITE DE L’OPPOSITION

Toussaint Manga et Cie introuvables

 

Encore une fois, ils avaient crié sur tous les toits qu’ils allaient braver l’interdiction préfectorale de leur marche ; mais à l’arrivée, les jeunes leaders de l’opposition ont brillé par leur absence. Les forces de lutte des étudiants de l’opposition ont cependant sauvé l’honneur, affrontant les forces de l’ordre presque toute l’après-midi d’hier.

 

Malgré le vent qui souffle fort dans leur direction, les larmes qui perlent de leurs yeux rougis, sous l’effet du gaz lacrymogène, les morves qui suintent de leurs narines, ils ont tenu, de 16 heures, jusqu’à presque 19 heures. Eux, ce ne sont pas les leaders de l’opposition, jeunes comme vieux, mais cette soixantaine d’étudiants, déterminés à livrer vaille que vaille combat contre les Forces de défense et de sécurité. ‘’Ce combat, nous ne le menons pour aucun leader, aucun parti politique. Nous nous battons juste pour le respect de l’Etat de droit dans notre pays, le respect des droits et libertés des citoyens. Macky Sall n’a pas le droit, après avoir hérité du pouvoir de manière démocratique, de mettre en place une dictature et de s’accaparer le pouvoir, lui et son clan. Voilà pourquoi nous nous battons’’, fulmine, bouillant de rage, Malamine Fall, porte-parole des  manifestants.

Tous unis pour un seul et même combat : ‘’Non à la dictature’’, crie Vito. Dans son Lacoste blanc, le bonhomme, la trentaine, pierres dans les deux mains, ne ménage aucun effort. Face aux éléments de la Police, il se singularise par sa hargne, sa pugnacité, son ardeur, convaincu du sens ‘’juste’’ de son combat. Mais, vite, il regagne le front, invitant ses camarades à faire de même. ‘’Il faut cesser de vous adresser à la presse. Nous n’avons pas de temps à perdre’’, crie-t-il à quelques-uns de ses camarades qui accordaient des entretiens à gauche et à droite.

Massés à l’intérieur du Campus social, les étudiants de l’opposition font ainsi face aux policiers qui jalonnent l’Avenue Cheikh Anta Diop. Contre les pierres, iles forces de l’ordre ripostent à coup de grenades lacrymogènes. Par dizaines, regroupés en divers blocs, ils ne lésinent pas sur les moyens pour faire face aux manifestants. L’Avenue Cheikh Anta Diop est ainsi impraticable en cet après-midi du 25 janvier 2019. Du Pont de l’école normale, jusqu’au niveau du canal 4, la circulation est interdite aux automobilistes.

 Debout, le préfet de Dakar Alioune Badara Samb a, lui aussi, quitté ses bureaux douillets pour regagner le front. Supervisant les éléments sous son autorité. Quelques instants plus tôt, il s’expliquait sur les raisons de l’interdiction de la marche. ‘’Nous n’avons pas pu trouver des plages de convergence  pour l’itinéraire. Je rappelle que la loi parle d’itinéraire projeté. Ce qui veut dire que l’autorité administrative a la possibilité de trouver des plages de convergence, pas pour porter atteinte à la liberté fondamentale, mais  pour permettre l’expression ou bien l’exercice de cette liberté’’. Ainsi, faisait-il savoir qu’il a essayé de convaincre les jeunes du C25 à changer leur itinéraire qui consistait à marcher de l’université jusqu’au Rond-point RTS. ‘’Malgré toutes ces propositions, ajoute le Préfet, les gens sont restés sur leur position de manière catégorique. J’ai été même jusqu’à leur dire d’accord, nous allons commencer à l’université Cheikh Anta Diop, mais si vous voulez prendre l’avenue Cheikh Anta Diop et l’avenue  Blaise Diagne, il y a plusieurs éléments qui concourent à interdire la marche’’.

Face au refus des jeunes de l’opposition, Alioune Badara Samb a pris sur lui la décision d’interdire purement et simplement la marche. Une interdiction qui réveille les démons de la division de l’opposition qui ne s’entend que sur leur hostilité commune au Président Macky Sall. En effet, le jeune député libéral, Toussaint Manga n’a pas mis du temps à crier sous tous les toits que l’opposition marchera par la force. Avec ou sans interdiction. Pendant ce temps, d’autres membres parmi les signataires de la déclaration de marche décidaient de se plier à la décision préfectorale. Cependant, sur le théâtre des opérations, il n’y avait ni les uns ni les autres. Seuls les étudiants ont répondu à l’appel. Ibrahima Coly est membre de la Plateforme Sénégal Rek de Pierre Atépa Goudiaby. Face aux médias, il exprime son courroux. ‘’Ce n’est pas à nous de nous plier à cette décision illégale d’interdiction de la marche. Ce doit est un droit constitutionnel. Le préfet n’a pas le droit de l’interdire. Il n’a pas non plus le droit de nous dicter notre itinéraire. Cela n’est qu’une preuve de plus que nous avons des dictateurs à la tête de notre Etat. J’ai vraiment honte pour mon pays’’.

Très organisé, les jeunes étudiants, eux, malgré leur nombre limité, ont su se faire entendre. Alternant les fronts entre l’Avenue Cheikh Anta Diop et la Corniche. Obligeant les forces de l’ordre à bousiller une bonne partie de leurs cartouches. Sur l’absence des leaders, Malamine regrette : ‘’C’est désolant. C’est vrai que nous ne leur attendrons pas pour mener le combat. Mais ils devaient bien être là et se battre. D’autant plus que ce sont eux qui ont initié cette marche. C’est donc très déplorable qu’aucun de nos leaders ne soit présent. Cela n’honore pas l’opposition et il faut qu’ils se ressaisissent s’ils veulent vraiment renverser la tendance’’.

MOR AMAR

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