Publié le 12 Feb 2019 - 03:08
ALLIANCE WADE-SONKO

L'espoir déçu 

 

Sur son visage, Ousmane Sonko ne laisse nullement paraître la déception. Mais, au vu des circonstances, l’on peut aisément deviner que sa rencontre tant attendue avec le président Abdoulaye Wade n’a pas produit tous les fruits escomptés.

 

C'était à l'intérieur du pays, entre Louga et Kébemer, quand le candidat de la coalition Sonko-Président venait rencontrer les journalistes suivant sa caravane, les informant de l'audience avec l’ancien chef d’Etat. Beaucoup, y compris dans son entourage, s’attendaient  à des discussions essentiellement tournées sur une possible alliance. Mais, dans le discours du jeune leader, aucune lisibilité. Il disait : ‘’Avec le président Wade, on a toujours eu d’excellentes relations. Il me donnait surtout des conseils et orientations, mais il n’a jamais été question d’alliance. Mais nous sommes ouverts à une discussion plus approfondie dans le cadre actuel, c’est-à-dire une discussion pour voir ce qu’on peut faire ensemble pour ce pays, en perspective de la Présidentielle. J’espère qu’il (le président Wade) jouera un rôle déterminant.’’

Pour certains, c’était la confirmation que les discussions d’alliance entre les deux parties étaient imminentes.

Mais, à l'arrivée, c’est Wade qui impose ses règles. Ousmane les subit. A sa sortie d’audience, il livre l'objet : ‘’Nous avons parlé du processus électoral, des écueils qui ne manqueront pas de se présenter aux partis de l’opposition. Nous avons entendu les arguments du président Abdoulaye Wade qui a pris le temps de les détailler et nous l’avons bien compris… Il nous a aussi exposé sa position de principe (par rapport à la tenue de l’élection). Une position sur laquelle nous nous solidarisons parce qu’elle est juridiquement fondée et nous l’avons toujours dit. Nous sommes solidaires au Pds comme pour tous les partis qui ont été injustement écartés de la course.’’

Quid de l'alliance politique entre le Pds et la coalition Sonko-Président ? Dans la discussion, il n'en a nullement été question, si l'on en croit le patriote en chef. Ce débat sur le processus électoral n'est-il pas dépassé ? Sonko s’explique : ‘’Quand on accepte de discuter avec quelqu’un, on ne peut pas lui imposer sur quoi on va discuter. Vous ne pouvez pas dire à l’autre partie que vos préoccupations sont dépassées. Chaque partie vient avec ses préoccupations. Vous savez, nous, nous ne nous focalisons pas sur des soutiens ou alliances. Nous sommes cependant ouverts à toute alliance qui peut permettre au Sénégal de se débarrasser du président Macky Sall. Mais nous ne sommes pas dans une course aux alliances. Ce qui nous préoccupe, c’est l’intérêt supérieur de la nation.’’

Devancé dans le jeu des alliances par les coalitions Idy-2019 et Benno Bokk Yaakaar, Sonko-Président ne cracherait certainement pas sur une alliance avec le plus grand parti de l'opposition. Le pourfendeur du système assume : ‘’Si on a leur apport, ce serait quelque chose d’extraordinaire et formidable pour nous." Et le discours antisystème ? Ousmane Sonko réplique : ‘’Il n’y a pas d’alliance contre-nature. Le plus important, c’est sur quoi nous nous entretenons pour aller ensemble. Ce qui poserait problème, ce serait de se mettre d’accord sur des préoccupations qui vont à l’encontre des intérêts du Sénégal. Mais si on met sur la table les intérêts du Sénégal, qu’on se retrouve autour d’un programme non de partage du pouvoir, je ne vois pas en quoi ça pose problème", argue le candidat. Ousmane Sonko de clarifier le sens de son opposition au système.

Selon lui, le système dont il s'agit, ça transcende les hommes. Un homme, dit-il, peut avoir été,  à un moment de sa vie, responsable de quelque chose et après se repentir. "Nous-mêmes, en tant que croyants, chaque jour, faisons des choses qui vont à l’encontre des prescriptions, mais Dieu nous donne la chance de nous racheter. Quand on parle du système, on parle du fonctionnement de l’appareil d’Etat. Ce ne sont pas les hommes qui nous intéressent". D'autant plus, a estimé le leader de Pastef, que même en religion, des gens qui ont combattu des prophètes se sont finalement retrouvés à leurs  côtés et ont joué un grand rôle pour le triomphe des religions’’, se défend-il.

‘’Nous aurions bien aimé avoir le soutien du président Wade et du Pds’’

De la realpolitik, diront certains. En effet, sans alliance, la tâche risque d'être ardue pour la coalition Sonko-Président. Malgré le grand engouement des jeunes, étudiants et enseignants particulièrement, autour de sa candidature. Partout, cette couche de la population ne manque pas de sortir pour acclamer le moins âgé des candidats à la Présidentielle. Courant, chantant et certains mettant la main à la pâte pour accompagner leur leader. Ce qui est loin d'être suffisant pour remporter les prochaines joutes électorales. D'où, peut-être, son rendez-vous avec Me Abdoulaye Wade qui avait suscité beaucoup d'espoir chez les patriotes. Un espoir pour le moins déçu.

Mais Sonko garde toujours espoir.  Fût-il assez mince. "Bien sûr que nous aurions bien aimé avoir le soutien du président Abdoulaye Wade et du Parti démocratique sénégalais. Mais le président Wade n'est pas pour le moment dans cette dynamique. Nous continuerons à discuter à toutes les étapes du processus pour évaluer dans quel sens orienter le combat que nous voulons mener ensemble pour le Sénégal".

MOR AMAR

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