Pour un litige de... 250 FCFA, Hamet Camara écope 10 ans de travaux forcés
Après 12 ans de cavale, Hamet Camara, poursuivi pour incendie volontaire, a été appréhendé et présenté devant la Cour d'assises de Thiès qui vient de le juger coupable des faits qui lui sont reprochés. L’accusé va devoir rester en prison pour les huit années à venir. À l'origine, un différent sur... 205 FCFA
Janvier 1997, à Baliga, village du département de Tivaouane. Hamet Camara cède, après un marchandage serré, un panier à 250 francs CFA à Sidy Diallo. Celui-ci remet 500 francs CFA au vendeur qui, n’ayant pas de monnaie, demande à l'acquéreur de lui remettre la somme à son retour de voyage. Trois jours plus tard, le 17 janvier 1997, les deux hommes se croisent dans la rue. Une dispute éclate entre eux. Des coups sont échangés. Sidy Diallo corrige sévèrement ''son frère'' du même village. Ne pouvant digérer l’humiliation, Hamet Camara se rend, à 2 heures du matin, au domicile de Sidy Diallo. Il barricade la porte à l’aide de rôniers et de briques pour empêcher la victime de se sauver et met le feu au toit en paille. Réveillé par les flammes, Sidy Diallo s’échappe ''après maints efforts''.
Interpellé par la brigade de gendarmerie de Tivaouane, Hamet Camara reconnaît les faits et explique son geste par l’humiliation que lui a fait subir Sidy Diallo lors de leur bagarre. Un aveu réitéré devant le juge d’instruction qui le place sous mandat de dépôt le 21 janvier 1997. L’enquête de personnalité ordonnée par le magistrat instructeur révèle que l’inculpé a été sujet à des troubles mentaux dans le passé. Un constat confirmé par le rapport du psychiatre Aïda Sylla. Il résulte de son examen médical, en date du 12 janvier 2012, que l’accusé est sujet à un ''léger trouble mental associé à des troubles caractériels, lesquels ont un rapport avec l’infraction qui lui est reprochée''. L’expert conclut que le mis en cause est toutefois ''accessible'' à une sanction pénale.
12 ans de cavale
22 mois après son arrestation, le prisonnier gagne la confiance des gardes pénitentiaires, qui lui accordent souvent la permission de rendre visite à sa grand-mère résidant à Keur Cheikh. Une occasion saisie par le prévenu pour se faire la malle le 13 novembre 1998. Aux assises de 2008, un mandat d’amener lui est décerné. Après 12 ans de cavale, Hamet Camara est mis de nouveau aux arrêts le 22 août 2010. Devant la barre, l’accusé reconnaît les faits et sollicite la clémence de la Cour.
Pour l’avocat général, Salobé Gningue, le prévenu avait l’intention de tuer Sidy Diallo, ''puisqu’il a barricadé la porte d’entrée avec des objets lourds''. L’avocat général a ainsi requis les travaux forcés à perpétuité. Mais selon le défenseur, Me Abdoulaye Ndiougua Seck, son client mérite des circonstances atténuantes. ''Pour une modique somme, mon client a été puni sérieusement'', fait-il remarquer, relevant que Hamet ''est sujet à des troubles psychiques au moment des faits''.
Le Président de la Cour, Mamadou Lamine Diédhiou, a suivi le ministère public, en déclarant l’accusé coupable des faits qui lui sont reprochés. Hamet est condamné à 10 ans de travaux forcés.
NDEYE FATOU NIANG