Comme il l’avait souhaité et demandé, Abdoul Mbaye a fait son témoignage dans le cadre de l’enquête sur le scandale de Pétro-Tim. Après son face-à face avec les enquêteurs de la Division des investigations criminelles (Dic), l’ex-Premier-ministre a expliqué sa démarche.

Convoqué à 10 heures, c’est aux environs de 17 heures qu’Abdoul Mbaye est sorti, hier, des locaux de la Brigade des affaires générales (Bag) de la Division des investigations criminelles (Dic), sise au Palais de Justice Lat-Dior. L’ex-Premier ministre du Sénégal devait faire son témoignage, dans le cadre de l’enquête ouverte par le procureur de la République sur les malversations présumées dans les contrats pétroliers.  A sa sortie, il a expliqué le bien-fondé de sa démarche : ‘’Il m’était difficile de ne pas venir déposer, de ne pas venir dire tout ce que je savais. Je suis dans une logique de restaurer les droits, de réparer les torts faits au peuple sénégalais avec cette affaire d’attribution de permis pétrolier via Franck Timis et à des sociétés comme Cosmos’’, a-t-il dit.

Avant de dénoncer la lenteur notée dans le démarrage de l’enquête. ‘’On va regretter que cette enquête commence maintenant, parce qu’en 2016, peut-être même avant, avec la disponibilité du rapport de l’IGE, il y’avait la possibilité d’arrêter un processus qui se traduisait par des pertes particulièrement importantes. On les chiffrerait à des milliers de milliards subies par le peuple sénégalais’’, se désole-t-il. Toutefois, M. Mbaye estime que ‘’mieux vaut tard que jamais’’ et espère que le tir sera rectifié par les autorités. ‘’Je ne désespère pas et je pense qu’il est encore possible de retirer les décrets, de remettre en question les attributions qui ont été faites au profit de Cosmos et Bp (British petrolium) et de renégocier les contrats dans de meilleures conditions au profit du peuple sénégalais’’, dit-il.

Selon ses explications, une renégociation des contrats se traduira par des gains importants qui vont être destinés à l’emploi des jeunes, à l’éducation, à la santé entre autres. Pour étayer ses propos, il a soutenu que les 140 milliards de nos francs que Franck Timis a pu recevoir la part de Bp, en 2016, auraient permis de construire 10 hôpitaux au Sénégal. ‘’Ça permet d’éradiquer le système d’abris provisoires et de construire autant de salles de classe, afin de respecter les engagements signés et acceptés et qui ont été pris à l’endroit des enseignants du Sénéga’’, ajoute-t-il. Très critique à l’endroit de Frank Timis, M. Mbaye martèle que ‘’ce sont des milliards qui se trouvent dans la poche d’un aventurier mafieux et ça c’est inadmissible’’. Et d’ajouter : ‘’il faut que le peuple sénégalais puisse recouvrer ses biens. Donc, l’objectif, c’est de faire rendre la justice par l’éclatement de la vérité… Dans ce cadre-là, il ne faut pas faire dans la demi-mesure.’’

Un document d’une centaine de pages remis aux enquêteurs

Poursuivant, l’ex-banquier s’est mis dans la peau d’un maitre des poursuites, en avançant que, dans cette affaire, ‘’il y’a des délits d’enrichissement illicite, de haute trahison, de faux en écriture publique et de faux dans un document administratif.‘’ A ce titre, le leader de l’Act (Alliance pour la citoyenneté et le travailleurs) estime que ‘’toutes les personnes concernées doivent répondre de leurs crimes au profit du peuple.’’ A son avis, Cosmos et Bp ne doivent pas échapper à des sanctions, car ils étaient au courant de la fraude. ‘’Ils ont acheté les permis pétroliers d’entre les mains de quelqu’un qui n’y a pas droit. Donc, ils savaient qu’ils n’étaient pas dans la régularité’’, accuse-t-il. Et de poursuivre : ‘’ils ont eu un interlocuteur, à un moment ou un autre, Aliou Sall, comme représentant des intérêts de Franck Timis. Or, il y’a conflit d’intérêt avec le chef de l’Etat. Ils sont concernés aussi par la réparation des torts faits au peuple du Sénégal’’. Outre ces entreprises étrangères, Abdoul Mbaye veut que les responsables de l’administration sénégalaise impliquées dans cette affaire paient pour leur acte.

Revenant sur son audition, Abdoul Mbaye a confié avoir répondu au moins à une vingtaine de questions et remis un document d’une centaine de pages contenant son témoignage.

FATOU SY