Le coordonnateur départemental de YAW démissionne et rejoint l'APR

La nouvelle a pris de court tout le monde du milieu politique local, sauf peut-être les protagonistes qui ont tramé le scénario. A quelques heures seulement de la clôture des dépôts de listes, Djibril Ngom, qui faisait jusqu'ici office de coordonnateur départemental de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW) à Matam, vient de claquer la porte de ladite coalition. Il vient de l'officialiser à la suite d'un point de presse tenu ce jeudi matin dans son fief, à Mboloyel.
"Ce mercredi 3 novembre 2021 est une date historique. Elle marque notre démission de toutes les responsabilités que nous avions dans le parti Pastef et de la coalition YAW, étant coordonnateur départemental et candidat tête de liste à la présidence du Conseil départemental de Matam. Ce choix s’explique par plusieurs raisons. D'abord, notre adhésion au parti Pastef était basée sur des principes et des valeurs républicaines. Nous portons à la connaissance de tous les citoyens sénégalais que ces principes ne sont plus respectés dans le parti soi-disant Pastef, à l'image d’Ousmane Sonko, pour ne pas le nommer. Nous avons ensuite constaté, comme bon nombre de Sénégalais d’ailleurs, depuis un certain temps, M. Sonko a dérouté dans ses discours, lui qui prônait l'antisystème. Hélas, aujourd’hui, nous ne reconnaissons plus le vrai visage du leader du Pastef, qui est au cœur du système. La coalition Yewwi Askan Wi en est une parfaite illustration’’, martèle le nouvel ex-responsable départemental du Pastef à Matam.
Djibril Ngom, réputé être un des militants les plus convaincus du Pastef, ne compte pas se laisser trainer dans la boue, puisque sa démission ne serait pas un acte isolé, car le parti dirigé par Sonko est présentement miné par une cascade de départs. ‘’Beaucoup de démissions des membres, militants, simples sympathisants et hauts responsables ont été enregistrés au sein du parti, cette semaine, comme c’est le cas du directeur de l’école du parti, Moustache Sarré, qui a gelé toutes ses activités au sein du parti’’.
Cette démission rocambolesque fait suite à la sortie des patriotes du département de Matam l'accusant d'avoir déposé de faux documents auprès des autorités administratives. Selon ces mêmes sources, Djibril Ngom était injoignable durant toute la journée du mardi 2 novembre et laissait planer la sérieuse menace de voir les listes du YAW forcloses.
Pour se justifier, Djibril Ngom explique ne plus reconnaitre la démarche du président du Pastef qui aurait "dérouté" à plusieurs reprises. "Je profite de l'occasion pour remercier l'honorable député Farba Ngom qui fait beaucoup de choses pour le développement du Fouta. Dans les jours à venir, nous allons tenir un meeting de ralliement pour officialiser notre adhésion à l'APR", annonce-t-il.
Djibril Ngom serait parti avec l'argent du Pastef
Dans la foulée de cette sortie, les patriotes se sont rencontrés pour désamorcer la bombe lancée par la retentissante démission de Djibril Ngom. Pour beaucoup d'entre eux, cette ‘’trahison’’ n’était pas vraiment une surprise. ‘’Nous avons vu venir cette situation’’, précise Mamadou Sy, Coordonnateur du Pastef dans la commune de Matam, qui ajoute : ‘’Personne, dans le Pastef, n'est indispensable, mais, tout le monde est utile. Ce n’est pas vraiment une grosse perte pour le parti, parce que nous avons combattu ses agissements. Aujourd’hui, il est parti avec l'argent du parti, l'argent de la vente des cartes, mais aussi l'argent qu’il avait reçu des patriotes qui envoyaient de l'argent. Mais, il le paiera, car tout se paie dans cette vie’’, balance-t-il encore, dépité.
Les patriotes sont catégoriques : si Djibril Ngom a finalement rejoint Farba Ngom au sein de l'APR, c'est parce qu’il a cédé aux avances du très riche député-maire des Agnam. ‘’Nous savons que sa mère était souffrante et nous savons que Farba Ngom l'a aidé à la soigner. Alors, c'est peut-être pour ça qu'il s'est senti redevable à son bienfaiteur. Mais cela ne doit pas justifier cette trahison’’, ajoute encore Mamadou Sy.
Avec cette démission imprévue, la coalition YAW dans le département de Matam est lancée dans une véritable course contre la montre pour reprendre toute la procédure, afin de ne pas être forclose. Le préfet du département est d'ailleurs accusé de ne pas faire le moindre effort pour permettre aux responsables de la coalition YAW de corriger les documents déjà déposés par le désormais ex-mandataire de Yewwi Askan Wi.
Ainsi, selon toute vraisemblance, les élections territoriales vont se faire dans le département de Matam sans la coalition YAW.
Djibril Bâ