Aminata Touré fait la leçon à ses ex-alliés
Dans le cadre des activités du projet VLF-Sénégal-CECI dirigé par Mme Woré Ndiaye Kandji, un atelier de lancement national des standards de qualité et de performance institutionnelle des OSC/F s’est tenu hier. Aminata Touré a annoncé deux projets de loi en faveur des femmes et fustigé leur marginalisation dans la mise en place des politiques de développement.
Aminata Touré se sait attendue et écoutée. Hier, c’est avec une double casquette de politique et de parlementaire que l’ancienne tête de liste nationale de la coalition Benno Bokk Yaakaar a pris la parole pour apporter son soutien et ses encouragements au projet Voix et Leadership des femmes (VLF-Sénégal), lors de l’atelier de lancement national des standards de qualité et de performance institutionnelle des OSC/F organisé à Dakar.
Ainsi, après la loi à travers laquelle la parité a été obtenue, permettant ainsi un nombre de femmes quasi égalitaire à celui des hommes à l’Assemblé nationale, Aminata Touré considère qu’il y a d’autres combats à gagner au niveau des lois. ‘’La parité, pour moi, doit d’abord être étendue à toutes les sphères du pouvoir’’, dit-elle. Et pour la concrétisation d’un tel souhait, la parlementaire annonce deux propositions de loi susceptibles d’élargir les capacités des femmes et des jeunes femmes dans tous les secteurs du pays.
La première consistera à étendre la loi sur la parité dans toutes les instances de décision et même dans le gouvernement. Car, pour elle, ‘’il y a suffisamment de femmes compétentes pour qu’on ait la parité dans toutes les sphères de décision, y compris le gouvernement. Au niveau du gouvernement, au niveau des postes de direction générale, au niveau du conseil d’administration, avec une note observatoire que nous avons qui doit nous faire le point régulièrement, pour voir, une fois que cette loi sera adoptée, si cette loi est respectée. Donc, voilà un standard de qualité et de performance que je vous prierai d’étudier, en vue de voir s’il y a des partenariats possibles avec les femmes et les hommes progressistes au niveau de l’Assemblée nationale’’.
Cette première proposition va, selon la désormais non-alignée qui s’interroge sur le nombre de femmes admises dans la Fonction publique, jusque dans le recrutement de la Fonction publique. ‘’Donc, si les femmes sont considérées comme des citoyennes à part entière, la parité ne peut pas seulement être une parité politique ; elle doit être entière’’, renchérit-elle.
La seconde proposition de loi va consister à l’élévation de la question du budget au niveau du genre. ‘’Il est important qu’au niveau de chaque ministère, on puisse évaluer quel est l’investissement direct qui est fait en direction de la cible femme et jeune fille. Parce que les femmes représentent plus de la moitié de la population. Ce n’est que justice que de demander qu’elles disposent d’une part respectable du budget’’, estime Mimi Touré.
Mimi : ‘’Nos ministères de la Femme sont toujours les parents pauvres’’
La parlementaire de s’attaquer aux missions et moyens dévolus au ministère en charge de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants. Aminata Touré déclare : ‘’Nos ministères de la Femme sont toujours les parents pauvres. On en fait des instruments politiques et ce n’est pas normal. Les institutions parlant de standard et de qualité de performance doivent également s’élever et lutter contre ces pratiques. Le ministère de la Femme n’est pas le bras armé politique d’un régime ; c’est valable pour avant, maintenant et pour le futur. Elles ont une mission qui transgresse la politique et elles s’adressent à toutes les femmes et à toutes les jeunes filles.’’
Se faisant, elle a apostrophé Oulimata Sarr, fraichement nommée à la tête du ministère de l’Économie, qu’elle voyait plutôt dans le domaine de la femme, de la famille et de la protection de l’enfant. ‘’C’est l’occasion pour moi de féliciter… Bon… (rire) elle n’est pas au ministère du Genre. J’aurais bien aimé la voir là-bas, notre sœur Ouly Sarr’’. Mimi lui demande, en tant que chargée des affaires de l’économie, de veiller à ce que les politiques économiques, de manière très claire, s’adressent aux besoins et aux droits des femmes. ‘’Elle a travaillé pendant de nombreuses années pour l’équité de genre. Voilà une occasion en or qui lui est donnée pour mettre la main à la pâte. Madame la Ministre, nous attendons votre déclaration sur une économie qui soit équitable en direction des femmes et des jeunes femmes’’, a-t-elle lancé.
Revenant sur la question du budget, Aminata Touré a soutenu qu’il est temps qu’il y ait une coalition large des organisations pour que, désormais, le budget ait une dynamique de genre et une dynamique d’égalité, car ‘’les femmes et les jeunes femmes ont des besoins spécifiques que nous connaissons et nous souhaiterions que, dans le budget des ministères, il y ait des lignes spécifiques. C’est une volonté politique et nous ne parlons pas de politique au sens classique, mais nous parlons de politique au sens où l’on prend en charge les besoins de la cité’’.
Aminata Touré pense, de surcroît, que la budgétisation doit se faire en tenant compte des besoins des filles et des femmes dans le secteur de l’agriculture, de l’emploi, de la pêche, dans l’ensemble des secteurs de la nation. ‘’Donc, voilà une deuxième proposition concrète en tant que parlementaire que j’adresse aux mouvements des femmes et nous serions heureux de travailler avec vous dans ce sens-là’’, a déclaré Mimi.
La Présidentielle 2024
L’approche de la prochaine élection présidentielle peut faire avancer les choses, en à croire Mimi Touré.
En effet, elle soutient que ces moments de séduction à travers les discours des leaders doivent être saisis par les femmes. ‘’Je pense que vous savez très bien que nous allons vers des élections dans 15 mois ; vous ne pouvez pas trouver (quand je parle de vous, c’est nous) période plus favorable pour que ceux qui décident vous entendent. Il faut se rappeler que l’électorat, à moitié, ce sont des femmes’’.
Selon Mimi, ‘’il faut que les futurs candidats, en tout cas ceux qui doivent participer aux élections, très clairement, puissent vous dire quel est leur programme en direction des femmes. Comment est-ce qu’ils comptent régler les problèmes des femmes et des filles. Par quel mécanisme juridique et financier, ils comptent le faire. Si on peut voir des avancées, c’est dans ces périodes-là. Et lorsqu’ils s’engagent, qu’ils s’engagent sur l’honneur et que cela soit télévisé pour qu’après, on leur remette ça, parce qu’avec la Var, on peut tenir tout le monde responsable de ses propos. C’est le moment d’être encore plus actives ; c’est le moment d’élever nos exigences et de dire : si vous voulez le vote des femmes, qui que vous soyez, dites- nous : dans le budget, les femmes et les filles auront tant dans chaque ministère du pays’’.
Madame Aminata Touré n’a pas manqué de mentionner l’importance d’un environnement de paix et de stabilité, afin de mettre à exécution ces différents standards énumérés. ‘’Vous ne pouvez pas vous extraire des conditions et des questions politiques du moment. C’est impossible. Parce que, dans un contexte politique, parmi les standards de qualité et de performance, il y a le fait de veiller à la stabilité économique, sociale et politique du pays dans lequel les programmes en direction des femmes et des jeunes filles s’exercent’’, souligne-t-elle.
ARAME FALL NDAO (STAGIAIRE)