Ses militants accusent Macky, le général Fall et le ministre de l’Intérieur
La commune de Joal a été le théâtre d'attaques musclées de la gendarmerie nationale sur la caravane d'Ousmane Sonko qui ouvrait sa tournée nationale dans le département de Mbour. Cette scène a provoqué l'ire des militants du parti Pastef qui accusent le président Macky Sall et ses acolytes.
Ousmane Sonko n'a pas pu faire sa tournée dans le département de Mbour, comme il l'avait prévu. Entamée hier dans la commune de Joal-Fadiouth, la caravane du leader du Pastef a très vite été interrompue par les hommes en bleu de la brigade de Mbour. Une intervention musclée accompagnée de jets de grenades lacrymogènes a réussi à disperser les foules qui étaient venues en masse accueillir le président Ousmane Sonko pour lui signifier leur attachement à son idéologie.
Cette tournée, prévue pour une semaine, commence par de vives altercations entre forces de l'ordre et militants de l'opposition. Des blessés ont été notés du côté des militants du Pastef. Ces derniers ont été victimes des grenades lacrymogènes lancées par les éléments de la gendarmerie pour disperser la foule en liesse, à l'arrivée du chef de l'opposition dans la commune de Joal-Fadiouth.
La visite de Sonko a donc tourné au vinaigre, malgré l'insistance tenace de l'homme politique. "On a été interceptés par la gendarmerie qui a voulu provoquer et saboter notre tournée. On était dans l'église en train de rendre visite au curé de Joal. Et au moment où il nous recevait, on a eu la surprise de recevoir la visite du capitaine de l'État-major de Mbour, accompagné de ses éléments. Du coup, il nous fait savoir que nous sommes en train de créer des attroupements sur la route, alors que c'est interdit. On leur a rétorqué que ce n'est pas un attroupement, mais une tournée pour aller s'enquérir de la situation des gens au niveau de leurs domiciles", explique Maître Abdoulaye Tall.
Selon le candidat de la coalition Yaw dans la commune de Mbour, lors des dernières élections municipales, "ils (les gendarmes) ne voulaient pas entendre raison et ils ont décidé d'amener leurs renforts pour essayer de nous barrer la route. C'est ainsi qu'ils ont jalonné toute la route avec leurs pickups remplis de gendarmes armés jusqu'au cou pour nous intimider. C'est d'ailleurs le président Ousmane Sonko qui est descendu de son véhicule pour aller voir le capitaine pour lui demander ce qui explique cet acharnement. On a compris alors que ce sont des instructions venant de Macky Sall, du général Moussa Fall et du ministre de l'Intérieur".
Il accuse ces trois personnalités d'être ‘’derrière toute cette provocation pour essayer de semer la zizanie, semer le trouble et essayer de l'attribuer à Sonko". Dans le même sens, raconte un militant, "des éléments de la gendarmerie sont venus nous retrouver chez le curé en nous disant que nous n'avions pas le droit de nous réunir sans autorisation. Ils nous ont demandé de quitter les lieux. C'est au moment où nous partions qu'ils nous ont poursuivis à hauteur de la gendarmerie. Finalement, on nous a poursuivis avec des jets de lacrymogènes".
‘’Ils nous ont finalement laissé passer et nous continuons notre tournée’’
Sur cette lancée, Me Tall précise : "On ne va pas céder à l'intimidation. C'est clair et net. Ils nous ont finalement laissé passer et nous continuons notre tournée. C'est tout. Nous avons fini à Joal-Fadiouth et nous allons continuer nos activités durant cette semaine consacrée au département de Mbour."
À en croire l'avocat, "Macky Sall n'est pas plus citoyen qu’Ousmane Sonko. Macky Sall, ses ministres et DG sont les premiers à faire des rassemblements et des caravanes, alors que nous ne sommes pas en temps de campagne électorale. C'est eux qui créent des rassemblements et la zizanie".
De ce fait, il promet une riposte à la hauteur de la "provocation". "Macky Sall, s'il pense qu'il est plus citoyen qu'un autre Sénégalais, en réalité, il ne sait pas dans quel Sénégal il évolue. Ils ne peuvent pas nous ébranler. Nous allons continuer notre tournée et nous allons en découdre avec eux et nous y mettrons les moyens qu'il faut, afin qu'ils sachent que le Sénégal ne leur appartient pas. Nous allons, durant une semaine, faire notre tournée à Mbour et personne ne va nous en empêcher", martèle le responsable du Pastef.
REPRISE DE LA TOURNÉE NATIONALE D’OUSMANE SONKO Pour augmenter sa cote de popularité dans les zones reculées La tournée nationale ‘’Nemeeku Tour’’ du parti Pastef/Les patriotes a été reprise, hier. Ousmane Sonko s’est expliqué sur ses objectifs et abordé la question des contrats pétroliers et gaziers, entre autres. Ousmane Sonko a repris sa tournée nationale dénommée ‘’Nemeeku Tour’’, ce dimanche. Il compte poursuivre ce périple jusqu’au mois de juillet 2023. ‘’La situation d’urgence du pays m’a amené à ne plus attendre. Il n’y a pas de temps à perdre. Nous avons décidé, dès demain (dimanche), de commencer la tournée nationale que nous avions annoncée. La première étape de cette reprise était prévue dans le département de Matam, au Fouta. Mais les patriotes de ce terroir nous ont indiqué qu’ils sont actuellement occupés par les travaux champêtres. Donc, nous avons finalement décidé de commencer ce déplacement dans le département de Mbour’’, a annoncé le président de Pastef/Les patriotes, ce samedi, à travers une déclaration. ‘’Nous avons conscience des enjeux et nous savons que les gens ont hâte de nous voir encore sur le terrain’’, a-t-il ajouté, indiquant qu’il a la volonté d’aller dans les seize communes de ce département. Ainsi, Ousmane Sonko invite ses militants à descendre sur le terrain, à aller à la rencontre des populations. ‘’C’est bien d’être présent sur les réseaux sociaux, mais ça ne suffit pas. Il faut être présent sur le terrain. Et vendre notre programme, propager notre discours’’, a-t-il exhorté, indiquant que ce n’est pas pour le folklore. Non sans les inviter au calme. Pour lui, il ne faut pas se concentrer sur des vanités et des insultes sur les réseaux sociaux, mais plutôt exposer le programme du parti. En outre, il a averti ses adversaires politiques quant aux probables provocations. ‘’Nous ne voulons que la paix. Et nous ne voulons pas qu’on nous détourne de nos priorités. Ces priorités nous amènent à annoncer notre tournée. Mais nous n’accepterons pas les intimidations, l’outrage ou l’emprisonnement. Une tournée n’est ni une campagne électorale ni un meeting. S’il faut se battre pour avoir la tranquillité, nous ferons face. Nous avons le droit de faire des tournées, comme le font les membres du gouvernement’’, a prévenu Ousmane Sonko. Il n’empêche, hier, à Joal, la gendarmerie aurait lancé des lacrymogènes sur son convoi. Pétrole et gaz : ‘’Nous renégocierons les contrats...’’ Par ailleurs, il s’est aussi penché sur la situation économique du pays. Il s’est notamment prononcé sur la question du pétrole et du gaz au Sénégal. Soulignant qu’au Sénégal, la nature est généreuse, il a soutenu que pays doit prendre son destin en main, en imposant sa souveraineté face aux puissances étrangères qui ne souhaitent que s’accaparer des ressources naturelles. ‘’Il est temps qu’on sache qui nous sommes. C’est tout le sens de notre combat. Nous avons tout. Si les pays arabes comme le Qatar et l’Arabie saoudite sont aujourd’hui puissants, c’est simplement parce qu’ils ont en main leur pétrole. Ils n’ont pas de terres cultivables comme nous, mais ils ont su gérer leur pétrole de façon indépendante’’, a-t-il indiqué. Pour M. Sonko, c’est tout le contraire du Sénégal. Il estime que les dirigeants sénégalais ont été leurrés par les entreprises exploitantes. ‘’Nous, par contre, nous n’avons rien sur notre pétrole, gaz et zircon. Nous n’avons que 10 % sur les contrats signés avec les sociétés étrangères qui exploitent nos ressources’’, a-t-il dit. Et il regrette le fait que l’on fasse venir des sociétés étrangères en leur faisant bénéficier des exonérations fiscales. Ainsi, il promet que les contrats seront renégociés, lorsqu'il sera président. Assis à côté d’une photo de Thomas Sankara, Ousmane Sonko, vêtu d’une tenue africaine, déclare : ‘’Une fois que nous serons au pouvoir, nous renégocierons ces contrats. Et nous reprendrons graduellement tous nos droits. C’est cette faiblesse de l’État qui est à l’origine de l’affaire Frank Timis. Et nous allons aussi revoir le partage de production. On nous a dupés sur ce point aussi. Pour le contrat avec Total, pour que le Sénégal puisse avoir des retombées conséquentes, il faut au moins qu’il y ait 200 000 barils par jour. De la sorte, on peut avoir 50 %. Le troisième point à négocier portera sur l’impôt.’’ Le rapport du FMI l’a souligné. On perd des milliards à cause de ça. Il dit, en faisant allusion à Macky Sall, ne pas comprendre les dirigeants africains qui, lors des sommets mondiaux, réclament des financements. ‘’Il faut arrêter de mendier’’, a-t-il martelé. Poursuivant, Ousmane Sonko note que le loyer sera de plus en plus cher. Que les Sénégalais doivent savoir que le Sénégal est désormais un pays extrêmement riche. Depuis la découverte du gaz, des bailleurs achètent les terres qui sont au niveau du littoral, à Saint-Louis. Ils prévoient d’y construire des résidences et hôtels. Le malheur est que le Sénégal risque de ne pas bénéficier de ces richesses, si l’on croise les bras’’. BABACAR SY SEYE |
IDRISSA AMINATA NIANG (MBOUR)