Publié le 16 Nov 2022 - 23:41
JUGÉE POUR INFANTICIDE

L’activiste Nicole Faye risque cinq ans de réclusion criminelle 

 

Après deux ans et sept mois de détention préventive, Nicole Faye a finalement fait face, hier, aux juges de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. La jeune dame de 32 ans est accusée d’infanticide. Fait qu’elle a contesté face aux magistrats.

 

Le 25 avril 2020, Nicole accouche d’un bébé de sexe féminin dans sa salle de bain. Par la suite, elle enveloppe le corps inerte de l’enfant dans un foulard et le met dans un seau qu’elle a soigneusement dissimulé sous son lit. Elle tente, dans un premier temps, de se rendre toute seule à l’hôpital, avant de rebrousser chemin. Mal-en-point, elle a été conduite chez un médecin par sa mère, aux alentours de 6 h du matin, pour être auscultée. L’homme de l’art découvre que la demoiselle venait d’accoucher récemment.

Sur ces entrefaites, une perquisition a été effectuée chez elle, permettant de faire la découverte macabre. Arrêtée et écrouée depuis deux ans et sept mois, Nicole a finalement eu l’opportunité, hier, à la barre de la chambre criminelle, de revenir sur cette affaire qui a attristé tous ses proches.

Étudiante en Master 2 à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, cette juriste de formation plaide non coupable. Revenant sur la genèse des faits, elle raconte qu’elle a entretenu une relation amoureuse avec l’auteur de sa grossesse pendant presque deux ans. A l’en croire, elle était éperdument amoureuse de celui-ci. ‘’Notre relation s’est basée sur un mensonge. Au début, il m’a fait croire qu’il était célibataire. Par la suite, il m’a fait croire en instance de divorce. Finalement, il m’a trahie en épousant une seconde épouse au mois d’octobre 2019. C’est sur les réseaux sociaux que j’ai appris cette union. A l’époque, j’étais en état de grossesse de trois mois’’, a-t-elle relaté.

Elle précise également que depuis qu’elle a su son état, elle a tout fait pour informer son petit ami, mais en vain. ‘’A chaque fois, il lisait mes messages, mais il ne répondait jamais. J’ai été obligée de cacher la grossesse à mon entourage. Je ne devais pas tomber enceinte. J’étais leur fille modèle. J’étais une référence. J’avais honte de leur avouer mon état’’, s’est-elle désolée.

Revenant sur le jour de son accouchement, elle explique : ‘’C’est au mois de mai que je devais accoucher. Mais le 25 avril 2020, dans la matinée, alors que j’étais sur le point de faire le ménage, j’ai senti des douleurs, alors que je montais les marches. Je me suis reposée un peu, avant de reprendre mes activités. C’est vers 19 h, à l’heure de la rupture du jeûne, que j’ai à nouveau eu des contractions. Surtout après avoir avalé la datte. J’ai eu des nausées. C’est ainsi que je me suis dirigée vers la salle bain. Je n’arrêtais pas de transpirer. J’ai ainsi pris des médicaments. Mais au bout de quelques minutes, les contractions sont revenues. Je suis retournée à la salle de bain’’, raconte-t-elle. C’est à cet instant qu’elle a senti, dit-elle, la tête du bébé qui était en train de sortir. ‘’Je n’ai fait aucun effort. Le bébé est sorti comme ça, avant d’atterrir sur les carreaux’’.

Mort par strangulation

Il ressort de la procédure que Nicole, après avoir mis au monde son enfant, l’a étranglé avec son foulard avant de le cacher dans un seau. Ce que l’accusée a contesté à la barre. ‘’Elle n’était pas vivante. Je l’ai soulevée avec le foulard que j’ai enrôlé autour du cou, car j’avais peur. Elle avait la peau noire, voire cramée’’, s’est-elle justifiée.

Selon le représentant du ministère public, le bébé était dans cet état, car il était asphyxié. D’après le maître des poursuites, le certificat de genre de mort fait état d’une mort par strangulation.  ‘’L’enfant est né avec le corps complètement cyanosé. La couleur normale de la peau a viré vers le bleu ou bleuté. Cela veut dire que le sang n’a pas bien circulé’’, a relevé le représentant du parquet.

Selon le magistrat du parquet, l’accusée n’a pas voulu que l’enfant naisse. ‘’Elle a eu à cacher sa grossesse. Elle n’a fait aucune visite prénatale. Au moment où elle a eu des contractions, elle est allée dans les toilettes, car elle savait que l’accouchement était imminent. Elle a dit à la barre qu’elle sentait le fœtus sortir, mais elle n’a rien fait pour le retenir. Elle a tenu ces propos pour faire prospérer la thèse de l’accident. Il y a des faits qui ne trompent guère. La médecine, actuellement, est tellement en avance qu’on peut déduire de certaines informations des éléments qui renseignent si le bébé est né vivant’’, a-t-il martelé.

Selon le substitut du procureur, l’accusée s’est identifiée à une personne idéale, parce que sa maman a placé en elle beaucoup d’espoir. ‘’Elle n’a fait aucune visite prénatale. Elle et son enfant couraient beaucoup de risques. Elle n’a pas cherché à comprendre, elle est allée vers son objectif’’, poursuit le maître des poursuites. ‘’Sa honte profonde n’a pas réveillé son instinct maternel’’, s’est-il désolé avant de requérir cinq ans de réclusion criminelle contre Nicole Faye.

‘’Elle était militante des Droits de l’homme’’

Les avocats de la défense ont, eux, plaidé la clémence du tribunal. ‘’Toutes les personnes qui ont côtoyé Nicole savent qu’elle est polie, courtoise et correcte. Si elle avait l’intention de tuer son bébé elle n’aurait jamais appelé M. Basse pour qu’il l’accompagne à la clinique. Avant les faits, elle était militante des Droits de l’homme. Elle a travaillé dans des ONG’’, a relevé Me Assane Dioma Ndiaye. 

Maitre Dior, quant à elle, estime que sa cliente est victime de la société. ‘’Elle a été éduquée avec des vertus et au regard de la tradition sénégalaise. Elle est très attachée à sa mère’’, a relevé la robe noire. ‘’Je demande solennellement à cette juridiction d’apporter à cette dame les plus larges circonstances atténuantes. Permettez-lui de reprendre ses études. Soyez clément à son endroit, quelle que soit votre conviction’’, a supplié Me Konaté.

Suivant la logique de son avocat, Nicole, en larmes, a présenté ses excuses à sa mère, à sa sœur et à toutes les personnes qui lui ont apporté leur soutien durant cette épreuve.

L’affaire mise en délibéré, elle sera édifiée sur son sort le 6 décembre prochain.

MAGUETTE NDAO

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