Un déficit de 35 000 milliards F CFA à combler en Afrique
Pour mieux protéger les systèmes alimentaires en Afrique contre les effets du changement climatique, il faudra combler un déficit de plus de 70 milliards de dollars (35 000 milliards F CFA).
Le forum Malabo Montpellier de Dakar, organisé hier en collaboration avec le Centre de suivi écologique (CSE), a réuni de nombreux experts mondiaux. Il ressort des échanges que les gouvernements africains vont puiser dans toutes les ressources nationales et mondiales disponibles pour le financement de l’adaptation, afin de combler un déficit de plus de 70 milliards de dollars (35 000 milliards F CFA), pour protéger les systèmes alimentaires contre les effets du changement climatique.
Selon un rapport intitulé ‘’S’acclimater : des politiques innovantes pour financer l’action climatique et renforcer la résilience des systèmes alimentaires en Afrique’’, qui a été publié lors du panel dudit forum, il sera nécessaire de débloquer un financement de 78 milliards de dollars pour assurer l’adaptation des secteurs de l’agriculture, de la foresterie, de l’utilisation des terres et de l’eau en Afrique.
Néanmoins, renseigne une note parvenue à notre rédaction, les recherches indiquent que les petits agriculteurs, les agro-entrepreneurs et les industries connexes n’ont reçu que 3,6 milliards de dollars pour financer l’adaptation au changement climatique en 2017-2018.
Le rapport, selon la même source, montre comment les pays africains peuvent stimuler davantage le financement du secteur public et du secteur privé, tout en améliorant l’accès au financement mondial. Lors de cette rencontre, selon toujours le document, le coprésident du forum a déclaré qu’étant donné que le continent africain représentera un quart de la population mondiale, d’ici 2050, l’avenir sera façonné par les Africains et l’avenir de l’Afrique sera façonné par ses systèmes alimentaires.
Selon le Dr Ousmane Badiane, les pays africains utilisent déjà les ressources nationales pour aider l’agriculture et la production alimentaire à faire face aux phénomènes climatiques extrêmes. ‘’Le rapport montre comment les gouvernements peuvent maximiser les outils existants et optimiser les financements locaux innovants pour renforcer la sécurité alimentaire sur le continent. Ce rapport sur le financement climatique étudie aussi les cas de quatre pays africains sélectionnés de manière systématique : le Bénin, le Mali, le Rwanda et le Zimbabwe. Il montre comment les gouvernements pourraient renforcer la résilience des systèmes alimentaires face au changement climatique, grâce à des innovations telles que les fonds climats nationaux, les financements mixtes public-privé et les structures de financement participatif combinées à des structures institutionnelles et à une conception de politiques innovantes’’.
Une perte de 10 à 20 % du PIB annuel en Afrique, d’ici 2100, si…
En outre, le rapport fait suite aux récents pourparlers de la Cop 27 des Nations Unies sur le climat. Les négociateurs y ont convenu de créer un fonds destiné à indemniser les pays en développement pour les pertes et dommages déjà causés par le changement climatique tels que la perte de quatre saisons des pluies consécutives en Afrique de l’Est.
‘’En plus d’un fonds de compensation pour les pertes et dommages, les pays à haut revenu s’étaient précédemment engagés à fournir 100 milliards de dollars par an, pour soutenir l’adaptation dans les pays à faible revenu. Mais cet engagement n’a pas été respecté. Les auteurs du rapport constatent que l’Afrique n’a eu accès qu’à 5 % des financements mondiaux disponibles, tandis que moins de 20 % des financements climatiques du secteur privé ont été consacrés à l’adaptation. Selon le rapport du panel Malabo Montpellier, le changement climatique entraînera une perte de 10 à 20 % du PIB annuel en Afrique d’ici 2100, si les mesures d’adaptation restent faibles, inexistantes ou inappropriées’’, préviennent les rapporteurs.
Pour sa part, le directeur du Centre de suivi écologique (CSE) a déclaré, lors du forum, que l’Union africaine a fait de la lutte contre les effets du changement climatique une priorité absolue, en raison de ses conséquences profondes sur les populations, les moyens de subsistance et les communautés. Pour le Dr Cheikh Mbow, ce rapport fournit des indications précieuses pour aider les gouvernements africains à orienter les financements de manière plus rationnelle et plus efficace, en vue de la préservation de la sécurité alimentaire.
Le panel Malabo Montpellier réunit 18 éminents experts spécialisés en agriculture, en ingénierie, en écologie, en nutrition et en sécurité alimentaire. Son objectif est d’orienter les choix de politiques des gouvernements africains afin d’accélérer les progrès vers la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition.
Pour ce faire, le panel identifie les domaines dans lesquels des progrès et des changements positifs ont été réalisés sur le continent et évalue les expériences singulières des pays les plus performants. Il identifie les innovations institutionnelles et les interventions en matière de politiques et de programmes qui peuvent être reproduits et étendus à d’autres pays.
CHEIKH THIAM