Publié le 19 Dec 2022 - 18:22
LOI VISANT LIMITATION ÉCHANGES RUSSIE-AFRIQUE

Macky Sall interpelle Joe Biden

 

L’influence de la Russie en Afrique indispose les États-Unis qui entendent contraindre les pays africains à tourner le dos à Poutine. Dans ce sens, une loi a été votée au Congrès américain. Jeudi, lors du dernier jour du Sommet États-Unis/Afrique, le président en exercice de l’UA a interpellé Joe Biden sur une loi.

 

Pour limiter, voire annihiler l’influence de la Chine en Afrique et acter leur retour sur le continent, les États-Unis ont bien l’intention de manier le bâton et la carotte avec les dirigeants africains. D’abord, le bâton, avec la Countering Malign Russian Activities in Africa Act (loi sur la lutte contre les activités malveillantes de la Russie en Afrique). Il s’agit d’un “projet de loi américain portant sur les échanges économiques et commerciaux entre (les) pays (africains) et une puissance étrangère”.   Ladite loi vise à lutter contre certaines activités russes en Afrique. Elle a été adoptée à une écrasante majorité par la Chambre des représentants.

Avec une telle loi, le Congrès américain veut se réserver le droit d’évaluer régulièrement l’ampleur et la portée des activités de la Russie en Afrique et ainsi voir si elles ne compromettent pas les ‘’objectifs et les intérêts des États-Unis’’. Auquel cas, les Américains peuvent adresser des ‘’demandes de comptes’’ aux gouvernements africains suspectés de rouler pour les Russes. Il pourrait prendre des mesures de rétorsion commerciale, dans le cas où le ou lesdits pays ‘’financeraient la guerre’’, par l’achat de pétrole russe ou de céréales ‘’volées à l’Ukraine’’, en plus de possibles ‘’condamnations’’ politiques.

Toutefois, Macky Sall, Président en exercice de l’Union africaine, ne l’entend pas de cette oreille et l’a dit à leur hôte, lors du dernier jour du sommet. “Ce projet, avec sa gamme de sanctions qui vise tout un continent, est une première dans les relations internationales, s’est-il ému. Toute l’Afrique se demande pourquoi un tel projet de loi et pourquoi elle est visée. Ayant à l’esprit les règles et principes de l’Organisation mondiale du commerce, nous appelons au retrait de ce projet dont l’adoption pourrait gravement nuire aux relations entre l’Afrique et les États-Unis, ce que nous ne souhaitons pas”.

Le chef de l’État d’ajouter : “Notre souhait, et c’est notre raison d’être ici, c’est de poursuivre avec vous nos efforts communs pour un partenariat afro-américain co-construit, toujours plus solide et plus confiant, pour le progrès et la prospérité partagés de nos peuples.”

Les mois à venir édifieront l’opinion sur la considération que le président américain a de cette mise en garde du président en exercice de l’Union africain.

Toutefois, tout n’a pas été que fâcherie, lors de ce sommet. Car le président américain sait recevoir et entend bien utiliser la carotte pour être dans les bonnes grâces des chefs d’État africains. Dans ce sens, il a fait deux annonces importantes. La première concerne une vieille doléance des pays africains : intégrer le G20.

Ainsi, Joe Biden a annoncé le soutien de son pays pour une présence permanente de l'Union africaine, lors des réunions du G20. À ses yeux, l'Afrique ‘’doit pouvoir faire entendre sa voix dans tous les cercles qui comptent’’.

L’autre concerne le nerf de la guerre. Ce ne sont pas moins de 55 milliards de dollars de coopération publique sur trois ans et 15 milliards d’accords privés qui ont été conclus lors du sommet. Et pour montrer qu’il ne plaisante pas, le président américain a nommé un ambassadeur spécialiste du continent, pour s’assurer que tous les engagements seront bien respectés.

Ce n’est pas tout. Compte tenu des menaces sur la paix et la sécurité en Afrique et des conséquences de la guerre en Ukraine qui perturbent les exportations de céréales vers le continent, le président américain a promis une nouvelle aide américaine de 2,5 milliards de dollars pour la sécurité alimentaire en Afrique.

Toujours est-il que Joe Biden n’a pas boudé son plaisir. S’adressant au chef de l’État sénégalais et président en exercice de l’Union africaine et ses homologues africains, il a déclaré : ‘’Il y a quelques jours, on a demandé au président Sall à quoi ressemblerait un succès de ce sommet. Monsieur le Président, je me souviens que vous avez dit que les États-Unis devaient montrer ‘la volonté de travailler avec les Africains’. Nous avons la volonté de travailler avec les Africains et nous avons besoin de vous. Président Sall, et tous les dirigeants dans cette pièce, j’espère que nous sommes clairs. Aujourd’hui et tous les jours, ce n’est pas seulement montrer la volonté de travailler, mais faire le travail, et il y a beaucoup de travail à faire.’’ 

AMADOU FALL (Avec Internet)

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