Les vérités de Dr Yéri Camara
Selon le SG sortant du Sames, les médecins ont justifié les financements qu’ils ont reçus durant la Covid-19. Pour le docteur Yéri Camara, le corps médical a eu à faire une gestion exemplaire durant cette pandémie. Par ailleurs, il a annoncé qu’un rapport a été commandité, pour avoir un statut spécial pour le corps médical.
Le rapport Covid-19, publié récemment par la Cour des Comptes, a été longuement évoqué, lors du Congrès du Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames), samedi, par son secrétaire général sortant, le docteur Yéri Camara. Selon le médecin, concernant ledit rapport, on n’en a dit qu’une partie. C’est pourquoi il invite à s’intéresser à l’autre versant qui souligne que la plupart des régions médicales ont bénéficié d’un financement qu’ils ont utilisé et justifié ‘’de manière admirable’’.
‘’Je préfère me suffire de cette partie positive. Le Sames, à l’instar de toutes les organisations, ne cautionne pas la mauvaise gouvernance. On a l’impression que, dans ce rapport, on n’a que des choses négatives, mais les médecins-chefs de région et les directeurs d’hôpital ont eu une gestion exemplaire. J’invite la presse à voir la partie du verre à moitié plein’’.
Le secrétaire général sortant d’ajouter : ‘’Sur les incohérences au niveau des chiffres, je pense que c'est inédit. La collecte des données est très difficile, c’est pourquoi, pendant une audience avec une différence d’un ou de deux cas, on peut parler d’incohérence. C’est du travail qui s’améliore, mais ce n’est pas un gap important qu’il faille résoudre. Nous avons un système national d’information sanitaire. Cela veut dire que si on a la diarrhée à Fongolembi, le ministre de la Santé peut être au courant. Ce système est la référence. En cas d’urgence, il y a d’autres systèmes qui viennent compléter. Cela peut encadrer de petites différences qui n'enlèvent en rien le travail important qui a été fait. Le Sénégal s’en est sorti le mieux, malgré le peu de moyens.’’
D’ailleurs, le Dr Camara souligne que les régions ont reçu peu de moyens. ‘’Il faut corriger cette macrocéphalie de l’Administration au Sénégal. Un pays n’existe que par la synthèse des régions. Il faut que les choses descendent à la base. C’est ce qui va permettre d’avoir une désagrégation des moyens et des capacités, et permettre ainsi de régler les choses et que tout le monde ne converge pas à Dakar pour régler les problèmes. Sur les matériaux qui auraient été achetés pour la prise en charge de la pandémie et signalés par le rapport, nous, on retient qu’on a reçu du matériel et ça a servi pendant la lutte contre la Covid. Maintenant, il y a eu des manquements et des retards. Les remarques doivent être prises en compte et tout n’est pas mauvais, mais c’est insuffisant’’, dit-il.
‘’Il y a des gestes qui peuvent être jugés barbares, mais qui sont de haute humanité’’
S’agissant du congrès, le Dr Camara indique qu’il se tient tous les trois ans. C’est une occasion de discuter de la vie syndicale avec les différents membres et de renouveler les instances. Cette année, les discussions portent sur les problématiques de l’heure : le dialogue, la communication, mais aussi l’exercice de la médecine. ‘’Il faut dire que la médecine demande des moyens, de la ressource humaine et une prise en charge sociale de ceux qui la pratiquent. Ce n’est pas un art facile. C’est d’ailleurs pour cette raison que, si tous ces éléments ne sont pas réunis, on peut en arriver à une insatisfaction ou des difficultés. Il faut que le système judiciaire comprenne qu’il y a des gestes qui peuvent être jugés barbares, difficiles pour les non-praticiens, mais qui sont de haute humanité chez le médecin qui le pratique pour sauver la vie de la mère et de l’enfant. C’est pourquoi nous avons organisé un panel sur l’exercice de la médecine. Il y a aussi un panel sur le trafic des médicaments et l’absence d'insuffisances en périphérie’’.
Le syndicaliste ajoute : ‘’Vous avez entendu la lutte des internes. Le statut est important et, en tant que Sames, nous avons commandité un rapport pour avoir un statut spécial, qui va prendre en compte les spécificités de l’exercice de la médecine. Nous avons commandité l’étude et espérons que le Sénégal va prendre en considération cet aspect.’’
En outre, le docteur Yéri Camara indique que l’État du Sénégal a signé des accords qui sont en train d’être mis en œuvre. Toutefois, ajoute-t-il, il y a un volet important qui doit être acté à la fin du mois de janvier. L’accord porte sur les primes de logement et sur l’IRM. D’ailleurs, la plupart des accords doivent atteindre leur quintessence en janvier. ‘’Ceci va enrayer un peu la fuite des cerveaux et permettre d’avoir des professionnels motivés qui ont envie de rester chez eux et encourager les enfants à suivre la médecine’’, dit-il.
‘’Le Sames a fait preuve d’une grande responsabilité en déclarant la suspension de tous ces mots d’ordre’’
Venue présider la rencontre, la ministre de la Santé et de l’Action sociale a rappelé que le congrès permet également d’évaluer et d’apprécier le mandat des organes en place. Au-delà de ces objectifs, souligne le docteur Marie Khémesse Ngom Ndiaye, il constitue un moment de réflexion sur les questions essentielles et les problématiques qui traversent le secteur.
En procédant ainsi, le Sames apporte, à cette occasion, sa contribution pour la bonne marche du système de santé et d’action sociale. Les résultats issus de ce panel, selon elle, devront contribuer à consolider la marche vers la réalisation des Objectifs de développement durable et la couverture sanitaire universelle.
‘’À l’instar des autres pays du globe, déclare la ministre, notre pays a fortement subi la pandémie de la Covid-19 et ses conséquences économiques et sociales. Les chances de réussite de la riposte dépendaient, en grande partie, de notre capacité à travailler en synergie autour des interventions. Pour sa part, le Sames a fait preuve d’une grande responsabilité, en déclarant la suspension de tous ses mots d’ordre et en demandant à ses membres de s’impliquer dans la riposte. Je tiens à remercier et à féliciter l’ensemble de ses membres. Les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes exercent une profession noble, mais combien difficile. C’est la raison pour laquelle le président de la République fait de l’amélioration de leurs conditions de travail une priorité, comme cela reste valable pour tous les agents de santé et de l’action sociale. C’est ce qui justifie les multiples efforts consentis par le gouvernement en faveur de ces personnels, en termes de recrutement, de renforcement de leur outil de travail, à travers de construction de nouvelles infrastructures, l’acquisition d’équipements modernes, en termes de formation et de renforcement des capacités, d’octroi d’indemnités’’.
Durant les cinq dernières années (2017-2021), informe le Dr Khémesse Ndiaye, 929 médecins, 136 pharmaciens et 85 chirurgiens-dentistes ont été recrutés, 789 spécialistes ont été formés grâce aux bourses de spécialisation, pour un montant évalué à 10,57 milliards F CFA. ‘’Malgré tous ces progrès, les exigences des populations demeurent fortes et leurs besoins s’accroissent. Par conséquent, le gouvernement poursuivra ses efforts, tout en comptant sur l’appui de tous les autres acteurs, afin d’offrir des services de système de santé et d’action sociale de qualité’’, promet la ministre.
Elle invite les médecins à travailler à avoir ‘’un secteur calme, apaisé, à l’abri de soubresauts’’. ‘’Ensemble, poursuit-elle, nous pouvons arriver à cela de manière durable, pour préserver la santé des populations, en particulier les plus vulnérables. Cela est possible. Je suis totalement engagée dans ce travail, tout comme mes collègues du gouvernement, car c’est ce que le président de la République demande. Le Haut conseil du dialogue social y joue un rôle important. Pour le thème du congrès, j’exprime mes attentes particulières sur la disponibilité et la répartition équitables des médecins spécialistes dans toutes les régions du pays’’.
DR MAMADOU DEMBA NDOUR, NOUVEAU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SAMES ‘’Il faut de la stabilité dans le secteur de la santé’’ Le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) a un nouveau secrétaire général. Le docteur Mamadou Demba Ndour a été élu, ce samedi, lors de l’élection de renouvellement des instances, dans le cadre du Congrès du Sames qui s’est tenu samedi et dimanche à Dakar. Il remplace à ce poste le docteur Amadou Yéri Camara. Pendant le scrutin, le chef du Service de gynécologie et obstétrique de l’hôpital régional de Matam a obtenu 254 voix contre 63 pour son principal concurrent le Dr Ly. Le docteur Mamadou Demba Ndour est gynécologue obstétricien et membre de l’Association sénégalaise de la gynécologie obstétrique (Asgo). Il était jusque-là le secrétaire général de la section Sames de l’hôpital régional de Matam et de la zone Sames de Matam. ‘’La santé coûte cher et nos États ne peuvent pas, à eux seuls, la financer. Il va falloir qu’on réfléchisse, nous acteurs de la santé, pouvoir public et tous les acteurs qui interviennent. Il faut une participation de tous à l’effort de guerre, pour nous assurer une bonne santé à tous. L’État ne peut pas être le seul bailleur qui supporte les dépenses du système de santé. Il faut aller vers une réflexion beaucoup plus approfondie. Il faut qu’on assure d’un tiers payant pour pouvoir supporter les dépenses de santé. Il faut de la stabilité dans le secteur de la santé. On doit s’accorder sur cela. On va poser les problèmes avec l’État autour d’une table pour trouver des solutions à court, moyen et long terme. Il y aura aussi une animation du syndicat et la sécurisation des retraites, la sécurité. Nous allons faire le suivi actif par rapport à tout ce qui a été signé. Nous serons exigeants, en cas de lutte’’, prévient le Dr Ndour. Le nouveau syndicaliste en chef des médecins, pharmaciens et consorts a déjà quelques faits d’armes. En juin 2021, lors de la tournée économique du chef de l’état à Matam, il avait écrit une contribution adressée au président Macky Sall. Dans le texte, il disait que, puisqu’il n’aurait pas l’occasion de voir le chef de l’État, il avait tenu à lui faire la situation de cette partie du nord du pays, après y avoir passé six ans. Ce document particulièrement salé, axé autour de quatre points, lui avait valu des soucis avec ses supérieurs. Il avait aussi porté son soutien public au docteur Léon Faye, lors de l’affaire de l’hôpital de Kédougou. Une manière de dire qu’il n’est pas un inconnu et sera un interlocuteur coriace pour les décideurs. Jusqu’ici, c’est sa page Facebook qui lui servait de tribune. Désormais, il est aux premières loges pour poser les doléances de ses confrères. |
CHEIKH THIAM