Du feu et des dégâts !
L’après-midi a été dantesque, hier, à Mbacké où devait se tenir un meeting de Pastef/ Les Patriotes. La veille, le leader avait dénoncé la décision du Préfet entachée de faux. Il avait annoncé la tenue de la rencontre. Les militants ont répondu en masse et de terribles affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre, présentes en masse dans la ville. Il y a eu de la casse, du pillage, des arrestations et des blessés. Le parti a introduit une nouvelle demande pour tenir la manifestation, le 24 février prochain.
''En attendant la décision du juge des référés, le Méga Meeting de Mbacké reste maintenu !'', avait déclaré Ousmane Sonko, sur sa page Facebook, suite à la décision du préfet du département de Mbacké d'annuler son meeting. La Cour suprême a été donc saisie par le parti Pastef, d’une requête en référé aux fins de l’annulation de la décision du préfet. Mais, elle n'a pas cassé la décision d’Amadoune Diop. Puisque, la Cour a maintenu la décision de ce dernier d’interdire la manifestation, selon Me Khoureichi Ba.
Qu'importe ! Parce que bien avant que la décision de la Cours suprême ne soit rendue publique, les militants et sympathisants d’Ousmane Sonko avaient envahi les rues de Mbacké pour accueillir leur leader, respectant le mot d'ordre. Ainsi, hommes et femmes se sont mobilisés pour témoigner leur amour et leur soutien au maire de Ziguinchor. Ils étaient déterminés à lui réserver un accueil chaleureux.
Sans surprise, la police s'y est opposée, de manière farouche. Elle avait, très tôt, mis en place un important dispositif sécuritaire.
C’est vers les coups de quinze heures que les affrontements ont débuté pour se poursuivre jusqu’à la nuit tombée. Les forces de l'ordre ont, en effet, tenté de disperser la foule avec des bombes lacrymogènes. Mais, cette dernière tenait à en découdre avec policiers et gendarmes. Elle grandissait au fur et à mesure que le temps passait. Elle a donc essayé de rendre sans effet ces bombes lacrymogènes, à l'aide de vinaigre et d'eau et a riposté par des jets de pierres.
Les manifestants ont brûlé des pneus sur les routes goudronnées et celles sablonneuses. Des voies non bitumées que Ousmane Sonko a empruntées, après avoir effectué la prière du vendredi à Touba, pour rallier Mbacké vers 19 h. Il y constatera, en premier lieu, des scènes de désolation, fruit des affrontements entre policiers et ses militants.
Toutefois, par la suite, volonté populaire a pris le dessus. Sonko s'est offert un bain de foule impressionnant. Un accueil triomphal lui a été servi par cette marée humaine toujours présente et compacte. Jusqu’à ce que les choses dégénèrent et que des affrontements aient lieu dans plusieurs coins de la ville. En effet, les forces de l’ordre avaient bloqué tous les axes qui mènent au lieu où devait se tenir le meeting.
Lorsque les policiers ont chargé pour contraindre le convoi des leaders de Yewwi Askan Wi, les manifestants ont ouvert plusieurs fronts, contraignant les forces de l’ordre à disperser leurs forces. A ce jeu, plusieurs endroits ont été laissés à la merci des manifestants. De ce fait, la boutique du Senchan sur l’axe Touba- Mbacké a été attaquée et pillée tout comme celle de la station Total située au niveau du rond qui sépare Mbacké de Touba. Le gérant, désemparé, renseigne que les manifestants sont arrivés en masse et ont contraint les policiers à battre en retraite. Ils ont ainsi tout ravagé, à l’intérieur de la boutique. Toutefois, ils n’y ont pas mis le feu. Ce dernier enrage contre les forces de l’ordre qui, à ses yeux, ont laissé faire. Il souligne que ce sont des millions qui se sont envolés.
En effet, devant la tournure des événements et la détermination des manifestants, les forces de l’ordre ont dû concentrer leurs effectifs sur certains points stratégiques et vulnérables, notamment, les stations d’essence, la préfecture de Mbacké et les autres institutions. Elles ont dû oublier de sécuriser l’agence Sonatel de Touba. Qui a été attaquée vers 20 heures. Des portes ont été défoncées, des vitres cassées, des pneus brûlés dans l’enceinte. L’arrivée des policiers a permis de limiter les dégâts.
Sur les routes, les étals des petits commerçants ont servi de bûcher pour allumer de grands feux. Les pneus des vulganisateurs n’ont pas été épargnés. Le siège de Serigne Modou Mbacké Bara Dolly a été complètement détruit.
Il faut aussi souligner qu’il y a eu l’arrestation de plusieurs jeunes et des blessés.
''Macky Sall doit accepter la volonté de Dieu''
Avant cela, certains membres de la délégation de Yewwi Askan Wi (YAW) qui avaient pu entrer à Mbacké, avant de rebrousser chemin, sous les grenades lacrymogènes des forces de l’ordre, ont pu déverser leur bile sur le Président Macky Sall. Unanimement, ils ont dénoncé la non-autorisation du rassemblement. ''Ce meeting fait partie de notre calendrier politique. La Constitution nous donne le droit de l'organiser'', a déclaré le maire de la commune de Keur Massar, Adama Sarr. ''À chaque fois que l'opposition se lève pour réclamer ses droits, Macky Sall dit niet. La Constitution nous autorise à manifester. Nous avons le droit de participer à ce meeting. Et cette participation, c'est pour dire à Macky Sall que nous n'avons peur de rien'', renchérit Malick Gakou. A son tour, Dr Cheikh Tidiane Dièye charge : ''Ce pays est une démocratie ; la dictature ne peut pas prospérer. Macky Sall a engagé un bras de fer avec le peuple sénégalais. Il ne réussira pas. Il échouera''.
Même son de cloche chez Déthié Fall. ''Notre présence ici, c'est très normal. Tout le sens de notre combat en politique repose sur le respect des libertés et de la démocratie'', dit-il. Il souligne que Macky Sall et les membres du gouvernement étaient à Thiès mercredi, accueillis en grande pompe. ''Maintenant, pourquoi il nous interdit de tenir notre meeting, alors que tout le monde sait qu'un rassemblement autorisé ne produit aucun incident. L'interdiction de manifestation doit prendre fin'', peste Déthié Fall.
''Macky Sall doit accepter la volonté de Dieu. C'est fini pour lui'', a renchéri le maire Guédiawaye, Ameth Aïdara qui annonçait une reproduction du discours de Macky Sall tenu en 2011.
Meeting le 24 février au boulevard Ndoyène de Mbacké
Tout compte fait, Pastef/Les patriotes annonce la tenue d’un meeting le 24 février prochain de 15 heures à 00 heures au boulevard de Ndoyène de Mbacké. Il l'a fait savoir dans une nouvelle demande adressée au préfet avant-hier hier, jeudi, par le coordonnateur départemental de Pastef Mbacké Ahmadou Lo, le député Cheikh Thioro Mbacké, coordonnateur de Pastef Touba, et Pape Ibrahima Ndiaye.
BABACAR SY SEYE (ENVOYÉ SPÉCIAL)