Une diplomatie de rupture
L'élection de Bassirou Diomaye Faye comme président du Sénégal a été un tournant significatif dans l'histoire politique et diplomatique du pays. Les premiers 100 jours de son mandat ont été caractérisés par une intense activité diplomatique, marquée par une série de voyages et de rencontres visant à renforcer les relations bilatérales et multilatérales du Sénégal. Cet article examine la diplomatie sénégalaise sous la direction de Diomaye Faye, dans un contexte d’exploitation du gaz et du pétrole, en mettant l'accent sur la diplomatie de voisinage, les relations avec la France et son rôle de médiateur au sein de la CEDEAO et de l'Alliance des États du Sahel (AES).
Ces trois mois ont été marqués par de nombreux déplacements, mettant en évidence l'importance accordée par le Chef de l’Etat à la coopération internationale, en particulier avec les pays africains. Le bilan des 100 jours du Président Bassirou Diomaye Faye se résume à 14 voyages à l’étranger (12 pays), dont 13 ont eu lieu sur le continent africain et un seul en Europe (France). Parmi ces déplacements, 11 étaient axés sur le travail et l'amitié, tandis que trois étaient d’un autre calibre : le Sommet de l'OCI, le Sommet de la CEDEAO et le Forum mondial pour la souveraineté et l'innovation vaccinales. Plus de 35 000 km de trajet entre Paris et Abuja, en passant par Accra et Ouagadougou et près de 70 heures de vols aller-retour.
Il a suivi les pas de son prédécesseur Macky Sall dans certains dossiers, mais a aussi apporté sa touche, l’identité du Projet de Pastef : plus d’ouverture sur le continent. Ce dirigeant politique est souvent dépeint comme un panafricaniste, promouvant une coopération gagnant-gagnant entre le Sud et le Nord.
Cependant, son image est sujette à débat. Certains le considèrent comme un populiste, notamment à cause de son Premier ministre, une figure emblématique du parti Pastef. D'autres le décrivent plutôt comme un réaliste et un nationaliste.
Sur la scène politique française, Diomaye est proche de la gauche, en particulier de Mélenchon dont le groupe parlementaire, le Nouveau front de gauche, vient de remporter les élections parlementaires en France.
Cependant, il est important de noter que le Rassemblement national gagne de plus en plus de terrain dans une Europe plus divisée que jamais sur les questions d'identité et d'immigration.
Ces 100 jours ont été riches en voyages et en rencontres, mettant en évidence l'importance accordée aux relations avec l'Afrique.
Cap au Nord : Visite de Faye à Nouakchott et à Praia
Dans le cadre de sa première visite officielle en tant que président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye a choisi de se rendre en Mauritanie, un pays voisin avec lequel le Sénégal entretient des liens historiques et stratégiques. Cette visite a permis de renforcer les relations bilatérales et de discuter de projets communs dans les domaines de l'économie, de la sécurité et de l'environnement.
Pour le chercheur en géopolitique Amadou Moctar Ann, en matière de diplomatie de bon voisinage, les principes qui devraient guider le président Faye devraient être de façon classique : le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des pays frères, le principe de non-ingérence dans leurs affaires intérieures, le règlement pacifique des différends par le dialogue et la négociation, la coopération économique, culturelle et sociale mutuellement bénéfique et la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionales.
Diplomatie de bon voisinage
Contrairement à ses prédécesseurs, le président Faye a privilégié des rencontres directes avec les dirigeants africains, rompant ainsi avec la tradition diplomatique d'une première visite à l'Élysée. Ces visites témoignent de son engagement à renforcer les relations avec les pays voisins et à promouvoir la coopération régionale en Afrique de l'Ouest.
Le président Faye s’est aussi rendu en Guinée-Bissau, en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Nigeria, au Mali, au Cap-Vert et au Burkina Faso, dans le but de renforcer les relations bilatérales et de discuter de la situation politique dans la sous-région.
Il a été également des questions, entre autres, de la délimitation de la frontière maritime commune entre le Sénégal et la Guinée-Bissau ainsi que la question des chalutiers chinois sans licence dans les eaux bissau-guinéennes. Sa visite au Cap-Vert a abouti à la décision de réactiver la ligne maritime Dakar - Praia, tandis que sa visite en Gambie a marqué le début d'une ère renouvelée de coopération.
Ces initiatives témoignent de l'importance accordée par le président Faye à la coopération régionale en Afrique de l'Ouest et à la promotion des échanges économiques, touristiques et culturels avec les pays voisins.
AMADOU CAMARA GUEYE