RUPTURE OU L’ART DE GRUGER LES ÉLECTEURS
Le vainqueur de la présidentielle du 24 mars 2024 a effectué 100 jours au pouvoir. C’est pour nous, l’occasion d’analyser les actes posés depuis lors avec la désignation du PM, la formation du Gouvernement et les nominations faites.
Bassirou Diomaye Faye a désigné son patron politique à la Primature ; ce qui est pour nous, le terreau fertile de futures divergences s’il veut pleinement assumer ses prérogatives de Président de la République, Chef de l’Etat et Chef suprême des armées.
La formation du gouvernement a été marquée par l’entrée d’un ancien Procureur de la république, un ancien patron de la Gendarmerie nationale et un ancien Cemga pour éventuellement donner un gage « aux forces organisées », mais celui-ci reste un réceptacle de politiciens plus au moins encartés vert-rouge.
Cependant, la rupture qui a été vendue aux Sénégalais avec des solutions dont on nous dit qu’elles ont été formulées par près de 4000 cadres de « niveau mondial » ne sont toujours pas au rendez-vous. En lieu et place, nous avons droit à un populisme avec un slogan creux appelé JJJ.
A titre de comparaison, le Président Macky Sall, 18 jours francs après sa prestation de serment, avait drastiquement baissé les prix (110 frs sur le kg du sucre, 45 frs sur le kg du riz ordinaire, 40 frs sur le kg du riz parfumé et 240 frs sur l’huile) alors que l’actuel a mis 72 jours pour y arriver (50 frs sur le kg de sucre, 40 frs sur le kg du riz parfumé, 100 frs sur l’huile et 15 frs sur la baguette de 190 g).
Pour acter la fin de l’état de grâce que nous avons observé, le propagandiste de service, DG de la Rts, a cru bon d’organiser pour le locataire du Palais de la république, une rencontre devant une presse bien choisie et en langue wolof afin de masquer ses lacunes dans la langue officielle du Sénégal. Cette rencontre a fini de nous édifier sur le fait que le Sénégal n’a pas de Président mais un intérimaire qui avoue garder le fauteuil au chaud pour son « Premier ministre ». De qui se moque-t-on ? Pourquoi autant de manque de considération pour les Sénégalais à qui on avait promis un projet qui s’est transformé en eau de boudin ?
Les nominations qui sont servies en conseil des ministres et en catimini dans les ministères et structures étatiques ont été baptisées par nos compatriotes « d’avis de décès » car ce sont des familles et des liens de parenté flagrants qui sont constatés alors que dans un passé récent la nomination du frère cadet du Président Macky à la tête de la CDC, diplômé en journalisme, Énarque et ayant servi comme Chef du Bureau économique de l’Ambassade du Sénégal en Chine, a était vivement dénoncée par ces mêmes personnes.
La frénésie avec laquelle les nominations tombent, nous fait penser à un partage du gâteau pour caser une clientèle politique ; ce qui est en flagrante contradiction avec le discours auquel on avait habitué les Sénégalais comme un appel à candidatures pour ces mêmes postes.
Donc ceux qui assuraient lutter contre les » élites corrompues » et faire entendre la véritable voix du peuple, sont en réalité plus pourris que les boucs émissaires d’antan.
Au même moment, le Plan Sénégal Émergent, jadis voué aux gémonies, reste encore le référentiel des politiques publiques et les partenaires techniques et financiers sont encore consultés et sollicités. Ils n’osent pas remettre en cause les énormes efforts faits dans l’éducation, la formation, la santé, l’agriculture, les infrastructures, la modernisation et l’équipement de nos Fds de 2012 à nos jours.
Un bilan globalement positif sous la houlette de SEM Macky Sall sur lequel l’actuel Président pouvait s’appuyer pour se mettre au travail si son Premier ministre, le plus nul de l’histoire politique de ce pays, avait une déclaration de politique générale à présenter à la représentation nationale. Il est plutôt dans le louvoiement, encore dans le louvoiement comme il en a l’habitude. L’opinion publique constate beaucoup de couacs à l’allumage et tous les moyens sont mis en œuvre pour la divertir avec de faux débats sciemment entretenus. L’incompétence et la malhonnêteté intellectuelle sont la chose la mieux partagée par Bassirou Diomaye Faye et son gourou de PM. Être dans l’opposition et jouer au « jambarisme », c’est une chose. Être au pouvoir par des promesses populistes et être confronté à la dure réalité, c’en est une autre. Ce à quoi nous assistons est pathétique à bien des égards, mais comme le dit le proverbe turc « lorsqu’un clown emménage dans un palais, il ne devient pas roi. Le palais devient un cirque. »
BEN YAHYA SY
COORDONNATEUR ADJOINT
CONVERGENCE DES CADRES RÉPUBLICAINS DE France