Corriger les stéréotypes
Conçu pour aider les femmes entrepreneures d’Afrique subsaharienne en leur offrant des opportunités de formation, de mentorat et de réseautage, le programme She Wins Africa a permis de booster plusieurs startups.
Les femmes africaines ont le taux d'activité entrepreneuriale le plus élevé au monde, soit 24 % environ, et sont plus susceptibles de créer une entreprise que leurs homologues des autres régions du monde, selon l’IFC (International Finance Corporation).
Cependant, plusieurs facteurs entravent de manière persistante le potentiel des femmes fondatrices et entrepreneures en Afrique. Ceux-ci incluent le manque d’accès au capital de démarrage, le manque d’accès aux écosystèmes et aux réseaux de soutien aux startups qui fournissent un soutien au renforcement des capacités et le manque de connaissances et d’expertise pour mettre en œuvre des stratégies d’investissement tenant compte du genre parmi les sociétés et fonds de capital-risque. Pour relever ces défis et améliorer les opportunités pour les startups dirigées par des femmes, le programme She Wins Africa a été mis sur pied. Il est conçu pour aider les femmes entrepreneures d’Afrique subsaharienne en leur offrant des opportunités de formation, de mentorat et de réseautage qui aideront leurs startups à réussir.
‘’C’est une initiative qui vise à renforcer les opportunités de financement pour les femmes entrepreneures dans l’écosystème africain. Lancé, il y a un peu plus d’un an à Dakar, il doit préparer les femmes à recevoir des financements, mais aussi à rencontrer des investisseurs et d’autres potentiels d’investissements’’, a déclaré le responsable régional du programme, Placide Bakala, lors d’une Meetup organisée à Dakar à la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (Der/FJ). Il précise que l’objectif du programme n’est pas d’investir directement dans le business de ces femmes, mais de pouvoir créer des opportunités pour elles. "On fait deux choses : d’abord, on prépare ces femmes pour pouvoir ensuite mettre un écosystème d’investisseurs autour d’elles de manière constante. Une vingtaine de pays sont concernés’’.
Les projets féminins ont été soutenus. "Nous visons à toucher 500 femmes dans les trois à cinq prochaines années, même si seulement 100 ont déjà été sélectionnées, et à réunir une vingtaine de fonds d’investissement ainsi qu’une dizaine d’accélérateurs et d’incubateurs dans des pays émergents comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire’’, a indiqué Bakala. Les difficultés sont liées aux stéréotypes, aux narratifs qui existent autour de l’entrepreneuriat féminin : "Les femmes ne sont pas assez douées ; c’est une perte de temps d’investir dans le business des femmes…’’ Il ajoute : "Nous rencontrons énormément tous ces préjugés. Justement, l’objectif du programme c’est de montrer le contraire. Les chiffres montrent également que les entreprises dirigées par des femmes, dans lesquelles les gens investissent, offrent des retours sur investissement beaucoup plus conséquents. Et les prêts qui leur sont accordés sont souvent remboursés de manière plus importante".
Placide Bakala souligne que le nombre d'investissements dans les business féminins fait moins de 10 % du total des investissements sur le continent africain.
En outre, le nombre de fondatrices qui ont des compétences dans le domaine entrepreneurial, dans cette partie du monde, est en dessous des 30 %. Donc, l’idée, c’est de redresser la balance.
Micro Act de Ndella Mbaye : simplifier la tâche aux vendeuses de légumes
Micro Act est une initiative de la Sénégalaise Ndella Mbaye. Ce projet soutient les vendeuses de légumes qui font face à de grandes difficultés pour s'approvisionner. Elles doivent se lever tôt, chaque matin, sans garantie d'obtenir des légumes et les prix fluctuent également. Micro Act vise à simplifier leur tâche en établissant des partenariats avec des agriculteurs, afin d'assurer la distribution des légumes directement chez ses clients. Une plateforme technologique est mise en place permettant aux femmes de commander directement leurs produits. Ndella Mbaye et Cie ont démarré avec 900 000 F CFA. Aujourd'hui, la startup fait 10 millions de chiffres d’affaires, selon notre source.
Inclure les vendeurs informels dans le secteur de la commande et livraison de repas
Olga Yanda du Cameroun a mis en place WaziEats pour inclure les vendeurs informels dans le secteur de la commande et livraison de repas. ‘’Ma grand-mère était vendeuse de riz. Elle se levait très tôt pour faire des achats et transformer les produits en repas. Elle pouvait rester très tard, car il fallait finir de vendre les plats. Tant qu’elle n’avait pas tout vendu, elle ne rentrait pas. Donc, cela m’a poussée à créer cette chaîne visant à assister ces agents économiques invisibles en leur offrant une plateforme digitale, en stimulant leur croissance, en augmentant leur productivité et en leur permettant de réaliser des projets plus ambitieux, comme ouvrir un restaurant ou acheter des champs et des fermes’’, a expliqué la Camerounaise. WaziEats favorise l’inclusion financière des populations dites sensibles. Le faible taux de digitalisation est un obstacle. Mais grâce à sa détermination, Olga Yanda a touché plus d’une centaine de vendeurs informels en quelques mois et a permis à ces derniers de générer un volume de vente énorme, d'après elle.
Banque digitale
Le projet suivant est de la Guinéenne Fatou Diarra. Il s’agit de PaysCard. Ce wallet offre la possibilité de recevoir des salaires, des bourses d'études, de régler des factures ainsi que de s'abonner à des services comme Netflix et Canal, et de recharger des téléphones. "Ce projet a été initié en raison du volume important de liquidités. Nous avons créé le système en 2015 et avons obtenu l'agrément de la Banque centrale en 2016", a expliqué Fatou Diarra.
Parlant des difficultés, elle soutient : ‘’En Afrique, on aime beaucoup le cash. Au début, c'était difficile de faire passer les gens du cash vers les applications mobiles." Mais les marchés se multiplient et le gouvernement veut digitaliser les paiements et retracer les recettes. ‘’On veut aller vers une banque digitale’’, a indiqué la directrice de PayCard.
BABACAR SY SEYE