Avantages et risques pour le journaliste

‘’L'impact de l'intelligence artificielle sur la liberté de la presse, le journalisme et les médias’’ est le thème choisi par la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, célébrée le samedi 3 mai 2025. Si le journaliste ne peut plus se passer des outils de l'IA, les experts suggèrent leur utilisation responsable et respectueuse des règles éthiques et déontologiques.
La Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) a célébré, le samedi 3 mai, la Journée internationale de la liberté de la presse. Cette journée a été célébrée à la Maison de la presse Babacar Touré, sous le thème ‘’Informer dans un monde complexe : l'impact de l'intelligence artificielle sur la liberté de la presse et les médias’’.
Lors de son allocution, le président de la CJRS, Mamadou Diagne, a souligné le contexte de la pratique du journalisme marqué par la manipulation et la désinformation facilitées par les outils de l’intelligence artificielle. Une situation qui interpelle toute la profession.
‘’L’IA est un outil qui est dépourvu de tout sens de retenue. Le journaliste a la responsabilité de prendre la bonne décision, qui fait appel à sa conscience et à son éthique. Nous devons nous associer, en collaborant avec les experts des médias, en développant des méthodes de détection et en formant de nouvelles générations’’, a déclaré M. Diagne, avant d’ajouter que l’IA peut être une opportunité pour les journalistes, si elle est utilisée à bon escient.
Ce thème débattu a été l’occasion, pour les panélistes, d’analyser les avantages et les risques de l’intelligence artificielle.
Selon le journaliste et expert en transformation digitale, Aboubacar Sadikh Ndiaye, l'IA touche tous les secteurs et le journaliste ne peut plus s'en passer. ‘’Aujourd'hui, l'IA redéfinit les pratiques. Elle présente de nombreux avantages dans la collecte et le traitement de l'information. Elle facilite la recherche et le traitement d’informations techniques’’, a-t-il noté.
Pour l’expert numérique Abdou Khadre Seck, la dualité ne doit pas se poser entre l’IA et le journalisme. ‘’Il y a plus de peur que de risque. Dans quelques années, il y aura les journalistes de l'IA. En 2025, il est impensable que des rédactions n'utilisent pas l'IA’’, pense-t-il. Monsieur Seck a recommandé aux médias de s'approprier ces outils. Mame Diarra Bousso Faye, une experte au ministère de la Communication, a conseillé aux journalistes d’éviter de mettre sur ChatGPT des données sensibles.
Enjeux et défis de l’IA dans le journalisme
Alors que l’intelligence artificielle facilite le travail du journaliste, les panélistes ont souligné qu’elle doit respecter les règles éthiques et déontologiques. Son utilisation remet également en cause le style du journaliste. Dans ce contexte, d'après Aboubacar Sadikh Ndiaye, le régulateur doit penser à mettre en place une ‘’charte d'utilisation de l'IA’’, à l'image des pays développés, pour ne pas franchir la ligne rouge. Il a été réconforté par Abdou Khadre Seck, qui a suggéré une utilisation modérée et certaines pratiques à proscrire. ‘’Quand on génère une image ou un texte, il faut préciser que c'est généré par l'IA. Chaque rédaction doit mettre en place un agent IA, un outil d'assistance qui est contrôlé en interne. L'avenir des rédactions dépend d’une bonne appropriation des outils d'IA’’, a ajouté l’expert numérique.
La problématique de l’utilisation de l’intelligence artificielle préoccupe également les doyens qui craignent la paresse et la disparition du métier de correcteur. ‘’L'utilisation de l'IA pose un gros défi d'éthique et de déontologie pour le journaliste. C'est une problématique à laquelle nous devons faire face. Maintenant, les journalistes paresseux ont recours à l'IA. Il faut anticiper, faire en sorte que la technologie puisse cheminer avec nous’’, a soutenu Mamadou Thior, avant de reconnaître que le Cored n'a pas encore pris de mesures de régulation de l'IA.
F. BAKARY CAMARA