Publié le 25 Jul 2025 - 08:53
MARCHÉ DU PÉTROLE AFRIQUE DE L’OUEST  

L’invasion russe qui inquiète 

 

Banni en Europe, le pétrole russe envahit de plus en plus certains marchés de la sous-région ouest-africaine et suscite l’inquiétude chez les industriels du raffinage, en particulier le géant nigérian Aliko Dangote. 

 

Le milliardaire nigérian Aliko Dangote n’est pas du tout content de l’invasion du pétrole russe en Afrique de l’Ouest. Acteur majeur du secteur avec l’une des raffineries les plus importantes de la sous-région pour ne pas dire du continent, M. Dangote s’inquiète sérieusement de ce qu’il considère comme un “dumping excessif” de la Russie dont les produits sont interdits dans de nombreux pays européens. 

Selon le milliardaire, ces produits pétroliers bon marché, souvent de mauvaise qualité, mélangés à des niveaux inférieurs aux normes, envahissent de plus en plus le marché sous-régional, alors qu’ils n’auraient jamais été autorisés en Europe ou en Amérique du Nord. Il s’agit principalement de produits finis fabriqués en Russie ou à partir du brut importé de Russie qui défie toutes les règles de la concurrence. Grand pays producteur, l’économie nigérienne en est une des principales victimes, selon Dangote, avec des prix anormalement bas, qui mettent en danger tous les producteurs nationaux. 

Le Sénégal : un pays à part 

En guise d’illustration, il a été invoqué les prix de l’essence et du diesel qui seraient même plus bas qu’en Arabie saoudite. Alors que dans la plupart des pays africains, l’essence et le diesel sont vendus à environ un dollar hors taxe, au Nigeria, le prix tourne autour de 60 centimes, soit “moins cher qu’en Arabie saoudite, qui produit et raffine pourtant son propre pétrole”, s’insurge l’industriel. 

Au Sénégal, la réalité semble aux antipodes de ce que décrit le milliardaire nigérian en ce qui concerne la réalité des prix. Si la plupart des pays vendent l’essence autour de 1 dollar, le Nigeria à 60 centimes, au Sénégal, nous sommes à presque le double des prix indiqués, soit 990 F CFA (1,78 dollar) pour les prix de l’essence. Malmené par le pétrole russe sur son propre marché, le géant nigérian cherche de plus en plus d’autres débouchés dans la sous-région. 

Au Sénégal, pendant longtemps, les pays européens, dont la Russie, ont été parmi les principales sources d’approvisionnement. Selon The Observatory of Economic Complexity (OEC) pour l’année 2022, le Sénégal importait des produits pétroliers raffinés principalement en provenance de Belgique (~669 M $) ; Russie (~451 M $) ; Pays‑Bas (~433 M $) ; Espagne (~312 M $) et Émirats arabes unis (~275 M $). “Ces importations concernaient les huiles pétrolières distillées (HS 270900) utilisées pour l’essence, le gasoil, le fioul domestique, etc.”, note la source.

Ces dernières années, le Nigeria a aussi acquis d’importantes parts de marchés à cause de la guerre Russie-Ukraine et de ses sanctions qui frappent lourdement l’industrie européenne. 

Avec ces restrictions, le pétrole russe est sur le marché l’un des moins chers et certains pays n’hésitent pas à en profiter, au grand bonheur de leurs consommateurs, même si c’est au détriment de l’industrie, ce que déplore Dangote. 

Il faut noter que bien que producteur et exportateur de pétrole brut, le Sénégal reste un grand importateur de produits pétroliers aussi bien en brut pour la Sar qu’en produits finis.

Selon les données de l’ANSD, en 2023, les principaux produits importés sont les produits pétroliers finis, qui représentent 19,9 % du total des importations sénégalaises.

“Relativement à 2022, les importations de produits pétroliers finis ont chuté de 28,4 % en 2023. Ils sont fournis essentiellement par la Russie (25,6 % en 2023 contre 15,9 % en 2022), la Belgique (20,8 % contre 17,8 %), les Émirats arabes unis (16,0 % contre 9,3 %), les Pays-Bas (7,6 % contre 14,9 %), la France (3,5 % contre 1,6 %) et l’Espagne (3,0 % contre 14,6 %)”, indique l’agence dans la situation économique et financière 2022-2023. 

Pour ce qui concerne le brut, le Nigeria demeure le principal pays d’approvisionnement, avec 99,9 %, selon les chiffres de l’ANSD pour l’année 2022. 

Rappelons que le Sénégal, qui est grand importateur de produits pétroliers, voit l’essentiel du pétrole produit sur son territoire exporté essentiellement vers la Chine. Une toute petite quantité a été annoncée comme destinée à la Société africaine de raffinage, qui est la seule raffinerie du pays et qui fonctionne essentiellement avec le brut en provenance du Nigeria. 

Par Mor Amar 

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