Une policière condamnée à deux ans de prison pour avoir tué le conducteur noir
Kim Potter, 49 ans, a été reconnue coupable d’homicide involontaire lors de son procès en décembre. Au cours d’un contrôle de police difficile, elle avait tué Daunte Wright, 20 ans, affirmant avoir confondu son arme de service avec son Taser.
Elle avait été reconnue coupable d’homicide involontaire lors de son procès en décembre, Kim Potter a été condamnée, vendredi 18 février, à deux ans de prison. La policière de 49 ans avait tué, en avril 2021, un jeune automobiliste afro-américain, affirmant avoir confondu son arme de service avec son pistolet électrique Taser.
Les faits s’étaient produits lors d’un banal contrôle routier dans la banlieue de Minneapolis. Daunte Wright, 20 ans, avait résisté à son arrestation à Brooklyn Center. La mort de M. Wright avait ému les Etats-Unis, car il avait été tué au moment du procès du policier Derek Chauvin qui, en mai 2020 à Minneapolis déjà, a asphyxié le quadragénaire noir George Floyd.
La policière « a fait une tragique erreur » alors qu’elle effectuait « une arrestation légale », a expliqué la juge, Regina Chu, pour justifier la clémence de la sentence. « Elle n’a jamais eu l’intention de faire du mal », a ajouté la juge. Kim Potter pourra sortir de prison au bout de seize mois, et purgera le reste de sa peine en liberté conditionnelle.
La famille réclamait « la peine la plus sévère possible »
A la barre, le procureur, Matt Frank, avait réclamé une peine d’un peu plus de sept ans de prison pour cette policière aux vingt-six années d’une carrière jusque-là sans accroc. La famille de Daunte Wright a au contraire réclamé « la peine la plus sévère possible » pour Kim Potter, considérant qu’elle était coupable de meurtre. « Kim Potter a tué mon fils et il est mort le 11 avril. Aujourd’hui, la justice l’a tué une nouvelle fois », a réagi la mère de Daunte Wright, Katie Wright.
« On m’a trompé, ça me fait mal et je suis très en colère », a ajouté son mari, Arbuey Wright, estimant que l’ancienne policière n’avait reçu « qu’une tape sur la main ». L’avocat de la famille, Ben Crump, qui avait aussi représenté les proches de George Floyd, a pour sa part dénoncé « une justice en noir et blanc ». « Nous avons essayé d’encourager [la famille] à croire qu’il y avait une justice équitable en Amérique, mais avec des peines comme celle-là, c’est difficile de les convaincre », a-t-il dit.
L’avocat de l’ex-policière, Paul Engh, a plaidé pour une peine avec sursis au regard de ses états de service exemplaires, de ses remords exprimés au procès et considérant qu’elle n’était « pas un risque pour la société ». « C’était un accident, une erreur », a-t-il dit, affirmant que Daunte Wright avait agi « de façon agressive » à son arrestation alors qu’il était sous le coup d’un mandat d’arrêt.
« Je suis tellement désolée de vous avoir fait tant de mal », a répété lors de l’audience Kim Potter à l’adresse de la famille du jeune conducteur, espérant que celle-ci « pourra un jour trouver une façon de pardonner car la haine nous détruit tous ». Le 11 avril 2021, la policière et un collègue avaient décidé de contrôler le conducteur d’une voiture pour une infraction routière mineure. Après avoir réalisé qu’il était visé par un mandat d’arrêt, ils avaient décidé de l’interpeller. Au cours de son procès en décembre, elle a décrit une situation « potentiellement dangereuse ».
Le jeune homme, qui n’était pas armé, ne s’était pas laissé passer les menottes et avait redémarré sa voiture pour fuir. Kim Potter avait alors dégainé ce qu’elle a dit penser être son pistolet électrique. Elle avait tiré un seul coup de feu, blessant mortellement Daunte Wright. Des rassemblements émaillés de violences avaient eu lieu plusieurs soirs de suite à Brooklyn Center avant que l’arrestation de Kim Potter ne ramène le calme.
Le Monde avec AFP