Publié le 16 Dec 2022 - 23:17
ÉTUDE SUR LA RÉPARTITION DES RESSOURCES PÉTROLIÈRES ET GAZIÈRES

Les trois scénarii du BOS/PSE

 

Pour une meilleure répartition des recettes attendues des ressources pétrolières et gazières au Sénégal et de leurs impacts sur les conditions de vie des populations, une étude a été effectuée par le BOS/PSE. Sa restitution a été faite, hier.

 

En vue de mieux contribuer à améliorer la répartition à faire des recettes attendues sur le pétrole et le gaz, le Bureau opérationnel de suivi du Plan Sénégal émergent (BOS/PSE), avec l'appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a conduit une étude sur l'impact de l'allocation optimale des ressources pétrolières et gazières au Sénégal. L'objectif global de l'étude était d'évaluer l'impact qu'aura la répartition des futures recettes pétrolières et gazières du Sénégal sur les conditions de vie des populations. De façon plus spécifique, il s'est agi d'évaluer l'impact macroéconomique de la répartition des ressources, mais aussi de déterminer le niveau de réduction de la pauvreté attendue, suite à la répartition, en prenant en compte aussi l'aspect genre.

Les résultats de cette étude vont permettre, entre autres, d'identifier les secteurs à prioriser avec leur clé de répartition. La cérémonie de restitution dudit rapport a lieu, hier.

Selon le document parcouru par ‘’EnQuête’’, les projections faites sur les trois prochaines années par le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP 2023-2025) estiment les recettes de l'État à 570 milliards de F CFA. Ces recettes prévues favoriseront, d’après le document, l’essor du secteur pétrolier et gazier au Sénégal qui, pour le moment, n'a pas beaucoup d'impact sur l'économie.

Cette étude a basé ses résultats sur trois scénarii. Pour le premier, il suppose que ces recettes seront allouées aux différents secteurs d'activité de l'économie, selon les proportions données par le dernier Plan d'actions prioritaires (PAP 2019-2023) initial qui définit les secteurs d'investissement prioritaires du pays. À cet effet, ce scénario est nommé ‘’Le scénario 1 Trajectoire PAP 2’’.

Le deuxième scénario, quant à lui, se veut plus réaliste. En effet, étant donné les écarts qui peuvent exister entre la planification des dépenses d'investissement et leur application réelle, il suppose que les futures recettes seront investies selon les proportions données par la dernière situation d'exécution des dépenses d'investissements publics de 2021. À cet effet, ce scénario 2 est nommé ‘’Trajectoire PIP’’ et prend en compte les ajustements liés au contexte actuel.

Enfin, le troisième scénario se caractérise par son optimisme vis-à-vis des objectifs de l'étude. Il suppose qu'une partie des futures recettes qui reviendront au budget seront allouées aux ménages par le biais du Programme national de bourses de sécurité familiale (PNBSF). À la place des transferts, le scénario est basé sur le renforcement des capacités productives des ménages des secteurs de l'agriculture, des industries extractives, de la pêche de l'élevage et du transport. Le montant de recettes restant est utilisé à des fins d'investissements dont la répartition est faite en utilisant la structure du scénario trajectoire PAP 2. Il est dénommé ‘’Investissement social’’.

‘’Le scénario 2 baisserait la pauvreté de 5,17 % sur la période 2023-2025’’

À travers des variables telles que le PIB, la consommation et l'investissement, il est possible d'avoir un aperçu de l'impact de chaque scénario sur l'économie de manière globale, soulignent les rapporteurs. Cet impact se traduit par la variation de ces agrégats par rapport aux valeurs qu'ils devraient normalement avoir si l'économie avait continué à évoluer selon sa structure de référence, poursuivent-ils.

Ce scénario fait positivement évoluer le niveau de l'investissement du pays durant les trois premières années d'exploitation. ‘’Cela se traduit par une hausse de cet agrégat de 2,38 % en 2023, de 4,50 % en 2024 et de 6,53 % en 2025 par rapport à la situation de base. Il en est de même de la consommation privée qui devrait progresser de 2,44 % en 2023, de 1,56 % en 2024 et de 0,63 % en 2025. La consommation publique, elle aussi, est affectée positivement par l'afflux de nouvelles recettes. Il est prévu qu'elle augmente de 1,07 % en 2023, 1,79 % en 2024 et 2,64 % en 2025, par rapport à sa valeur de référence. Ces différentes variations (entre autres investissement et consommation) aboutissent à une hausse du niveau de PIB du pays en 2023 et 2024 de respectivement 2,24 % et 1,15 % par rapport à sa valeur de référence. Cette hausse sera suivie par une légère baisse de 0,01 % en 2025, toujours par rapport à la situation de référence. Sur le bien-être des populations, le scénario 1 permettrait de réduire la pauvreté de 4,95 % sur la période 2023-2025, dont 4,77 % chez les ménages dirigés par des hommes, contre 6,14 % chez les femmes’’, lit-on dans le document.

En outre, ce scénario affecte aussi positivement le niveau de l'investissement du pays durant les trois premières années d'exploitation. Cela se traduit par une hausse de cet agrégat de 3,39 % en 2023, de 3,48 % en 2024 et de 3,40 % en 2025 par rapport à la situation de base. Il en est de même de la consommation privée qui devrait progresser de 2,63 % en 2023, de 1,96 % en 2024 et de 1,25 % en 2025. La consommation publique, selon toujours le rapport, varierait de 1,51 % en 2023, mais connaitrait une diminution de 0,28 % en 2024 et de 1,93 % en 2025.

‘’Ce scénario incite l'État à réduire ses dépenses de consommation courante et à privilégier les dépenses en capital. Il en résulte une hausse du niveau de PIB du pays de 3,53 % en 2023, 3,77 % en 2024 et 3,83 % en 2025, par rapport à sa valeur de référence. Globalement, il ressort qu'il admet une influence positive sur l'économie, mais surtout que son effet ne s'atténue pas au fil du temps. Sur le plan social, le scénario 2 baisserait la pauvreté de 5,17 % sur la période 2023-2025, toujours avec un effet plus chez les ménages dirigés par les femmes (-6,14 %) contre -5,02 % chez les ménages dirigés par des hommes. Il ressort que ce scénario donne des résultats très proches de ceux du scénario 2 au plan macroéconomique, mais a plus d'impact en matière d'amélioration du bien-être des populations. Sur le bien-être des populations, le scénario 1 permettrait de réduire la pauvreté de 6,89 % sur la période 2023-2025. Chez les ménages dirigés par les femmes, la pauvreté se réduirait de 9,02 %, alors que chez ceux dirigés par les hommes, elle baisserait de 6,55 %’’, renseigne l’étude.

 De la comparaison des scénarii, poursuit le document, il ressort que tous les trois ont un impact positif sur l'économie, aussi bien sur le plan économique que social.

Par ailleurs, la ressemblance des résultats obtenus pour le scénario 2 et 3 suggère qu'allouer une partie des ressources pétrolières et gazières à des transferts faits aux ménages sous forme d'actif et le reste à des investissements est plus efficace que le fait de tout consacrer à des investissements, à condition que les investissements soient réalisés dans les deux cas suivant les mêmes proportions. Ainsi, il en ressort que les résultats obtenus vont globalement dans le sens de ceux de la littérature, dans la mesure où ils prédisent que les futures recettes pétrolières et gazières participeront à l'amélioration des conditions de vie des ménages sénégalais, durant les trois premières années de leur exploitation.

Par ailleurs, ils confortent aussi la position de l'État quant au fait de consacrer 90 % des recettes pétrolières et gazières à des investissements prioritaires, souligne le rapport. Qui renseigne que l’État dispose encore de marges de manœuvre, afin d'en tirer un plus grand bien-être pour la population.

Il convient alors, dit-on, de rendre plus opérationnel et dynamique le PSE, à travers une stratégie de planification mise à jour plus régulièrement.

Les recommandations de l’étude

Enfin, l’étude a fait des recommandations. Elles portent globalement sur deux axes majeurs, à savoir : l'opérationnalisation du PSE et la question de la planification des recettes en lien avec l'exécution effective des plans d'investissement. L'étude formule les recommandations suivantes : élaborer un document de planification stratégique des dépenses financées par les recettes d'hydrocarbures qui définit les actions à réaliser, compte tenu des résultats de l'étude du PAP 2A, ainsi que les projets d'investissement définis dans le Programme d'investissement prioritaire (PIP).

Pour cela, il faudrait que ministère des Finances et du Budget se charge de mettre en place un comité technique multisectoriel incluant le secteur privé (formel et informel) et la société civile. Mais il sera aussi question de prioriser, dans l'allocation des ressources pétrolières et gazières, les secteurs économiques tels que le transport, l’agriculture, l'énergie, la pêche et l'élevage l'eau et l'assainissement, la santé et l'éducation.

CHEIKH THIAM

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