Marc Sankale traite 40 000 patients
Le centre Marc Sankalé existe depuis 1965. Aujourd’hui, le nombre de diabétiques répertoriés avoisine les 40 000. Chaque année, 2000 à 2500 nouveaux cas sont notés. Marc Sankalé, premier centre anti diabète en Afrique, est devenu un centre de référence de par son expertise et sa grandeur.
Créé en 1965, le centre anti diabète Marc Sankalé ne comptait que 125 malades. A cette époque, explique Professeur Saïd Nourou Diop, directeur dudit centre, Abass Ndao n’existait même pas comme hôpital. Il y avait juste la maternité. Les malades étaient hospitalisés à l’hôpital Aristide Le Dantec. ‘’Nos maîtres se sont rendu compte qu’en l’espace de trois ans, le nombre de lits occupés par les diabétiques était passé de 1% à 4%. Cela voulait dire que le diabète était en train de devenir un véritable problème de santé publique et qu’il fallait faire face’’, raconte Pr Diop.
Ce n’était pas tout. Ces diabétiques qui sortaient de l’hôpital revenaient très rapidement, parce qu’il n’y avait pas, à la base, des éléments pour les prendre en charge en ambulatoire. Il fallait créer un endroit où ils seraient regroupés, conseillés sur leur maladie et surtout, où ils auraient accès à un traitement. ‘’C’est ce qui a été à la base, en 1965, de la création d’un embryon de centre de lutte contre le diabète qui a été installé à l’hôpital Abass Ndao. D’abord dans un bureau, ensuite, dans un petit local qui existe à la porte de l’hôpital. Ce bâtiment a été inauguré en 1992 par le président Abdou Diouf. Il est le premier en Afrique. L’objectif de ce centre est également de prendre en charge les diabétiques, de les former pour qu’ils puissent se prendre en charge correctement. Il faut qu’on leur fasse faire un transfert de capacité, qui permette au malade de prendre lui-même en charge sa maladie tous les jours’’, soutient le directeur du centre.
D’un bureau en 1965 à un centre
Le centre est devenu grand par sa capacité d’accueil, sa façon de faire, son expertise et ses performances. ‘’Quand nous avons commencé la lutte contre le diabète, nous étions un professeur et deux internes. Aujourd’hui, on est quatre agrégés de médecine. On a deux assistants qui sont des universitaires, 6 médecins de santé publique. Donc, le personnel médical a augmenté, le personnel paramédical aussi. Quand je venais d’arriver tout jeune interne en 1980, nous avions juste un aide-infirmier, un manœuvre et une éducatrice. Aujourd’hui, globalement, nous avons plus de 40 personnes qui travaillent dans ce centre. C’est un bilan assez positif, bien qu’il nous manque encore du personnel pour la prise en charge des diabétiques’’, souligne le professeur Diop.
Au fil des années, les patients augmentent. En 1979, le petit local comptait 2 365 patients, avec près de 200 nouveaux patients par an. Aujourd’hui, le centre a plus de 40 000 patients. Tous les ans, au moins 2000 à 2500 nouveaux cas sont accueillis. Jusqu’au début des années 2000, le diabète ne se prenait en charge qu’au niveau du centre Marc Sankalé. En collaboration avec le ministère de la Santé, le programme national de lutte contre le diabète a été mis en place. ‘’Depuis 2001, la plupart des centres de santé autour de Dakar ont un personnel formé dans la prise en charge du diabète et chaque centre de santé fait de la prise en charge du diabète, ce qui permet de désengorger le centre. Depuis 2005 jusqu’à ce jour, il n’y a pas une région où la prise en charge du diabète ne se fait pas’’, explique-t-il.
Un centre engorgé avec plus de 40 mille patients
Malgré son expertise, Marc Sankalé traverse des difficultés. Ce centre est vu comme celui de l’espoir par les diabétiques qui quittent leur région à la recherche de soins à Dakar. Tout diabétique où qu’il soit au Sénégal se dit, ‘’pour que je sois bien soigné, il faut que j’aille au centre Marc Sankalé. C’est une erreur. Nous avons formé plus de 400 médecins à travers le pays pour la prise en charge du diabète. Donc, le malade qui est à Saint-Louis ou à Tamba peut se dire : pour mon traitement de base, je n’ai pas besoin d’aller à Dakar. Parce que les médecins savent que, s’il y a une pathologie ou une lésion qui dépasse leurs compétences, ils l’enverront à Dakar. Nous sommes engorgés. Chaque jour, c’est au moins 200 personnes qui gravitent autour du centre entre la consultation, les urgences, l’éducation, les soins des pieds’’, souligne le directeur du centre.
Selon le Professeur Saïd Nourou Diop, l’absence de satisfaction réside dans le coût des médicaments, même si l’Etat est en train de faire tout son possible. Depuis 2004, l’insuline est subventionnée à hauteur de 300 millions FCFA, par an. Le prix vient encore de baisser, il y a quelques semaines, grâce à une subvention forte de l’Etat. ‘’Ce que nous visons pour enrayer ces difficultés, c’est la CMU. Nous sommes en train de réfléchir, avec l’association des diabétiques, pour créer une mutuelle de santé pour les diabétiques qui leur permettront de se traiter. Parce que Marc Sankalé, qui est un centre de référence, doit avoir tous les moyens de diagnostic possible, pour que les malades ne perdent pas de temps. Il faudra que le malade, en une unité de lieu, puisse avoir son bilan, parce que nous recevons des diabétiques de la sous-région. Heureusement, l’hôpital a un laboratoire performant qui peut faire 95% des analyses dont les diabétiques ont besoin.’’
De son côté, le directeur de la santé Pape Amadou Diack a soutenu que son ministère va trouver les voies et moyens devant permettre au centre de mieux faire son travail. Surtout dans la prise en charge des diabétiques. Aussi, a-t-il lancé un appel aux acteurs, aux malades et la population civile d’adhérer au programme M-diabete, lequel permet de lutter contre la maladie.
VIVIANE DIATTA