Publié le 22 Sep 2017 - 12:12
AFFAIRE DES 253 MAISONS DEMOLIES A GADAYE

La communauté layène fait bloc autour de Babacar Fall 

 

Condamné à une peine de deux ans, le promoteur Babacar Fall peut compter sur le soutien de la communauté layène qui se présente en bouclier. Elle a organisé une conférence de presse, hier.

 

La guerre par médias interposés continue de plus belle, depuis le verdict portant sur l’affaire des 253 maisons démolies en 2013 par le promoteur Babacar Fall. En effet, dimanche dernier, le collectif des victimes de Gadaye a reçu les engagements du ministre conseiller Isma Dioum d’obtenir réparation, le plus rapidement possible. Hier, c’était au tour de la communauté layène de montrer son soutien au directeur de la société Technologies 2000. Lors d’un point de presse à Cambérène, qui a enregistré la présence de plusieurs dignitaires layènes et notables, un soutien total et entier a été apporté au promoteur.

Selon leurs explications, Babacar Fall a acheté le droit du bail du terrain, objet du litige, du TF 9952 DP appartenant à l’Etat du Sénégal. Et depuis 2001, il a gagné plus de cinq procès. A propos de la plainte du collectif de Gadaye, ils soutiennent qu’elle avait été classée sans suite par le procureur de la République, après l’enquête de la Division des investigations criminelles. Mais, poursuivent-ils, le plus inquiétant est le cas d’un certain M. L. Lam, acquéreur des parcelles numéros 13 et 15, qui, après avoir porté plainte par citation directe, a été débouté par le juge du Tribunal hors classe de Dakar, par un jugement rendu en 2004. Ainsi, tous les chefs d’accusation avaient été rejetés. Il n’a été retenu que la démolition de biens appartenant à autrui.

‘’Logiquement, le collectif de Gadaye aurait dû être condamné pour occupation et construction sans droit ni titre, sans aucune des autorisations préalables. La démolition a été faite par la DESCOS, légalement sur instruction du Préfet de Pikine. Mais en réalité, ce point n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. S’il y a eu un revirement, c’est qu’il y a eu une pression forte, mais nous ne laisserons pas faire’’, prévient Libass Ndiongue. Pour qui, la ‘’forfaiture’’ contre M. Fall, un membre de la communauté layène, fait partie des injustices que cette confrérie ne cesse de vivre depuis longtemps. Il a cité les travaux de l’émissaire à eau usée de Cambérène, l’occupation illégale par la gendarmerie de 2 ha sur l’ancienne station ionosphérique de l’arène française.

A propos de leur soutien à Babacar Fall, ils ont dit que les raisons sont multiples : il est membre de la famille, un homme intègre, un fervent musulman, une personne humble, et qui a beaucoup fait pour l’Etat sénégalais à travers la construction de mosquées, d’écoles...

La communauté ouvre la voie à une médiation

‘’Il est un homme honnête, un travailleur, quelqu’un qui aide les pauvres, donc nous devons être à ses côtés. L’Etat lui doit 2,8 milliards, depuis plusieurs années, dans le cadre de ses activités. Et pourtant, personne ne l’a vu faire le tour des télévisions pour le dénoncer. Il est resté calme dans son coin. Malgré tout cela, on veut le déshonorer. Nous ne laisserons pas ce genre de pratique prospérer. Cambérène fera face à cette forfaiture. C’est une pilule amère à avaler pour nous’’, a tonné Mame Abdoulaye Kébé. Selon le religieux, si M. Fall avait tort, ils n’allaient jamais porter le combat pour lui. ‘’Nous n’allons pas accepter qu’on lui torde le bras. Il a besoin de nous, raison pour laquelle nous serons à ses côtés, en ces moments difficiles pour lui. Cinquante gendarmes supervisaient la démolition. Si Babacar avait tort, ils n’allaient pas le faire. Il est hors de question qu’on laisse Cambérène continuer à vivre ce manque de respect. Trop, c’est trop ! Nous interpellons le Chef de l’Etat. On a longtemps souffert en silence’’, a lancé celui qui parlait au nom du Khalife.

La communauté layène ne crache pas sur une médiation entre les deux parties. Mais elle précise que si cela doit se faire, il ne faudra pas que Babacar Fall soit lésé, en sus de reconnaître que le bail faisant l’objet du litige lui appartient. Dans la foulée, elle a annoncé le démarrage des travaux de Gadaye 2, le site qui abritait les maisons démolies en 2013, dans une dizaine de jours. Les services de Technologies 2000 sont en train de travailler dans ce sens.   

CHEIKH THIAM

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