AFRIQUE MONDE
L'influence en chiffres...
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L’«histoire partagée» de la France avec l’Afrique, sous-tendue par «une longue connivence linguistique, culturelle, politique et financière», est considérée comme «un avantage comparatif que ne peut revendiquer aucun des pays émergents qui aujourd’hui convoitent nos positions» sur le continent. Cela explique sans doute la forte implantation d’entreprises et d’intérêts français.
Selon le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), il y a sur place «1 000 établissements et 80 000 collaborateurs» correspondant à un chiffre d’affaires de «40 milliards d’euros» (26 200 milliards de CFA). Une estimation à majorer «puisque les sociétés adhérentes au CIAN représenteraient environ 75% de la présence économique française» sur le continent.
D’autre part, l’Afrique absorbe «17% des exportations» françaises chiffrées à «28 milliards d’euros» en 2011 (18 340 milliards de CFA) contre «26 milliards d’euros» (17 030 milliards de CFA) pour les importations. Quant aux investissements français, ils se montaient pour l’année 2011 à «4 milliards d’euros» (2 620 milliards CFA), soit 7% du total mondial des dits investissements.
Pour l’Afrique de l’Ouest, «les investissements français représentent souvent plus de 50% du stock d’investissements étrangers et, dans certains pays comme le Sénégal, les entreprises françaises sont encore les principaux employeurs étrangers du secteur formel».
Des bras armés
Pour soutenir son influence, la France s’appuie sur plusieurs leviers : «5 services économiques régionaux» (Dakar, Abuja, Yaoundé, Nairobi et Pretoria), «une trentaine de bureaux» de l’Agence française de développement (AFD) et de sa filiale Proparco (Promotion et Participation pour la Coopération économique), UBI France, agence française pour le développement des entreprises à l'international dirigée jusqu'en mars par Valérie Bédague-Hamilius, nommée directrice de cabinet de Manuel Valls à Matignon, ainsi que sur quelques vaisseaux-amiraux scientifiques comme l'Institut de recherche pour le développement (IRD), les instituts Pasteur, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), etc.
S'y ajoutent «un réseau de 200 Alliances françaises et instituts français» au contact de «80 000 étudiants» sur le continent, un bouquet médiatique dénommé «France Médias Monde» (RFI, France 24), Canal France International (CFI). Levier particulier de cette influence hexagonale en Afrique : un stock de ressortissants évalué à «100 000» personnes au Sud du Sahara dont une majorité dans la partie francophone.
CE QUE CRAINT LA FRANCE
«A vous la sécurité, à nous les affaires»
«Les entreprises françaises perdent des parts de marchés dans une Afrique qui s’impose comme une des zones de croissance les plus dynamiques, nos moyens diplomatiques s’amenuisent. La Francophonie, qui a toujours été et qui reste notre atout, est en régression. Notre coopération au développement, qui reste une des coopérations les plus impliquées en Afrique, manque de plus en plus de moyens pour peser notamment dans les pays pauvres francophones.
Les domaines où notre présence reste marquante, les aspects militaires et l’aide au développement, restent à la charge de l’État pendant que d’autres pays développent avant tout des relations commerciales. Comme le disait un ambassadeur chinois en Afrique qui ne manquait pas de malice : «c’est très bien, vous assurez la sécurité, nous faisons des affaires». Alors faut‐il s’en inquiéter ?
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