Pas de spéculation sur les prix, pour le moment
L’arrêt sur l’importation de l’oignon et de la pomme de terre n’a pas encore d’impact sur le marché. Pour le moment, les prix sont respectés par les commerçants, qui demandent aux autorités d’introduire ces denrées avant la fin du mois.
L’endroit ressemble à un chic bazar. Des cartons vides sont jetés par-ci, par-là. Sachets, légumes et autres condiments jonchent l’allée. Une seule allée rendue étroite par les camions en stationnement. C’est un vrai melting-pot dans cet endroit niché au cœur du marché Castor. Un lieu très connu des ménagères. A 9 heures, le soleil s’est levé depuis longtemps et le marché est pris d’assaut. Au cœur de ce chaos, les incessants va-et-vient des charrettes acheminant de la marchandise. Une vague odeur de pourriture emplit l’atmosphère à cause des poubelles visibles un peu partout.
Aziz Diallo est assis devant son magasin. La main appuyée sur sa joue droite, il a l’air pensif. La trentaine déjà sonnée, le commerçant guette patiemment les clients. Aziz ne sent pas encore les effets de l’arrêt sur les importations de l’oignon et de la pomme de terre publié jeudi dernier. ‘’J’ai entendu la nouvelle à la radio. Mais vous savez, on achète un stock suffisant qu’on écoule petit à petit. Donc, pour le moment les prix n’ont pas augmenté, parce que la décision vient juste d’être prise’’, explique-t-il.
Non loin de lui, Aliou Bâ s’emploie à satisfaire les clients qui l’entourent. Foulard sur la tête, il se couvre sûrement du froid. Il est très pris par sa tâche. Pour ce jeune commençant aussi, le kilogramme de l’oignon est toujours vendu à 350 francs, voire 400. Celui de la Pomme de terre à 400 francs. ‘’Les prix ne peuvent pas varier du jour au lendemain. Même si l’oignon local n’est pas encore sur le marché, il n’y a pas encore d’impact, parce que nos stocks ne sont pas épuisés’’, dit-il. Mais il ajoute : ’’Il faut que l’Etat fasse entrer l’oignon local. Parce que si on ne le fait pas d’ici la fin du mois, les prix seront revus à la hausse’’, prévient-il.
Des thèses défendues par les clients. Dieynéba Tine est venue faire le marché quotidien pour sa famille. Vêtue d’une taille basse de couleur bleue, foulard bien noué sur la tête, cette mère de famille confirme les propos des commerçants. ‘’Il n’y a pas encore de spéculation sur les prix de l’oignon et de la pomme de terre. Mais, je sais que cela ne va pas tarder. Donc, ce sont les autorités qui doivent éviter cela, en introduisant le plus rapidement possible les denrées locales’’, souligne-t-elle. Mais pour Sandra Sagna, il faut une surveillance au niveau des marchés, pour empêcher les commerçants de recommencer leurs vielles pratiques. ‘’Ils ont assez de stocks. Mais, comme ils ont entendu parler de l’arrêté, ils risquent d’augmenter les prix prétextant qu’il n’y a plus d’oignon ou de pomme de terre sur les marchés’’, conseille Mme Sagna.
Marché Tilène
Au marché Tilène, l’ambiance est électrique. Le décor est le même qu’à Castor. Seynabou Tine marchande avec une vendeuse de carottes, son panier rempli de pomme de terre. Elle confie avoir acheté le kilogramme au même prix. ‘’Rien n’a changé pour le moment. Je n’étais même pas au courant de cette décision. Mais, croisons les bras pour que les prix ne soient pas revus à la hausse’’. Une réflexion qui ne plaît pas au commerçant Amadou Dia : ‘’C’est quand le marché n’est pas approvisionné qu’on augmente les prix. Mais actuellement, il y en a assez. Nous n’avons pas besoin de hausser pour hausser. Il faut aussi que les clients arrêtent de nous faire un mauvais jugement’’, peste-t-il.
VIVIANE DIATTA