Les effets de la poussée épidémique
Le Sénégal a validé l’administration de la troisième dose de vaccin anti-Covid. Selon les spécialistes, l’essentiel est de se protéger contre le virus qui se propage partout et de façon rapide, d’autant que les vaccins ne créent aucun problème à l’individu.
Le Sénégal est de plain-pied dans une poussée épidémique. Toutes les 14 régions du pays sont touchées. Dakar est l’épicentre de la maladie, suivie de Thiès, Diourbel, Ziguinchor, Saint-Louis, Kolda, Kaolack, Sédhiou, Tambacounda, Kédougou, Fatick, Louga et enfin Matam et Kaffrine. Cette situation a poussé le ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas), ce mercredi, à autoriser l’administration d’une dose de rappel de vaccination contre la Covid-19.
Au terme de la saisie du Comité consultatif pour la vaccination au Sénégal (CCVS) et sur la base des recommandations produites, le Msas a validé l’administration d’une troisième dose contre la Covid-19. Cette dose de rappel, note le communiqué signé par le secrétaire général du ministre, Alassane Mbengue, est destinée aux personnes cibles de la stratégie nationale de vaccination contre la Covid.
Selon le directeur général de la Santé, Docteur Marie Khemesse Ngom Ndiaye, jointe par ‘’EnQuête’’, 73 districts sanitaires ont enregistré un cas au moins, soit une proportion de 92 % (73/79). Le taux d’attaque (TA), au cours de la semaine 48, est de 0,8 cas pour 100 000 habitants. ‘’La tranche d’âge 20-39 ans est la plus touchée et le ratio homme/femme est de 1,44. L’âge moyen des cas est de 41 ans, avec des extrêmes allant de 0 à 101 ans’’, explique Dr Khemesse. Sur ce, elle invite la population à se faire vacciner.
‘’Il faut que les gens respectent les recommandations qui sont faites. Actuellement, le virus Omicron se propage de façon rapide dans le pays. Avec les rassemblements de la campagne des élections locales, il faut s’attendre à plus de cas. Donc, avec la vaccination, on pourra mieux lutter contre cette pandémie’’, conseille-t-elle. Renseignant que l’âge moyen des personnes décédées est de 68 ans, avec un minimum à 19 ans et un maximum à 95 ans.
De son côté, le professeur Daouda Ndiaye souligne que le nombre de doses importe peu. A son avis, le plus important est que les gens soient protégés, en se vaccinant. ‘’Si on arrive à plusieurs doses, où est le problème ? Tant que cela ne crée aucun problème à l’individu, il faut se vacciner. Vous voyez ce qui a été dit au début que cela va créer des problèmes. Depuis un an, les gens se sont vaccinés, il n’y a pas eu de problème. Ce qui m’importe, c’est de sauver l’individu. Ce qui nous intéresse, c’est de faire en sorte que la population soit protégée. C’est pourquoi, autant les gens vont dire non, nous, nous dirons oui, parce que c’est ça la solution, la vérité’’, souligne le Pr. Ndiaye.
Selon lui, tant qu’on n’aura pas découvert de façon formelle une mutation qui rendrait ces vaccins inefficaces, ils doivent être maintenus. ‘’Donc, si on parvient à voir que le virus qui est là, par rapport aux mutants, a pu surmonter ce vaccin, ce vaccin n’aurait plus sa raison d’être. Mais jusqu’à présent, il n’y a pas de preuve que ces mutants contournent les vaccins. Donc, il faut aller vers le vaccin. De plus, ceux qui font les vaccins ne dorment pas. Ils savent que le virus est en train de réfléchir pour contourner le vaccin. Eux aussi sont en train de renforcer la puissance du vaccin. Même s’ils ne changent pas le processus du vaccin, mais ils mettent des dispositifs à l’intérieur qui rendraient le vaccin beaucoup plus efficace’’, explique-t-il.
‘’Il faut se faire vacciner, c’est le seul message qui vaille’’
Aux yeux du Pr. Ndiaye, c’est plus simple d’avoir une dose tous les six mois que d’avoir des médicaments contre la Covid tous les mois. ‘’Un médicament est plus dangereux. Il est éliminé par le rein et métabolisé par le foie. Beaucoup de problèmes qu’on voit au niveau hépatique parfois sont liés aux médicaments. Beaucoup de personnes qui prennent un médicament à vie, finalement, ils ont un problème de reins. Beaucoup de problèmes au niveau du foie. C’est parce qu’il y a des molécules qui sont métabolisées au niveau du foie. Pourtant, les gens prennent les médicaments’’, souligne-t-il.
Par ailleurs, l’épidémiologiste Diop demande à la population de faire confiance aux directives du Comité national de gestion des épidémies (CNGE). ‘’Omicron est trente fois plus contagieuse que les autres mutants. Même s’il n’est pas virulent, les gens doivent prendre cette dose de rappel. Il faut que la population essaie de faire confiance aux spécialistes. On ne peut pas comprendre que des gens doutent et jettent le discrédit dans notre travail. Il faut se faire vacciner. C’est le seul message qui vaille’’, lance le Dr Diop.
Embouchant la même trompette, le Pr. Ndiaye soutient que ces mêmes personnes qui n’écoutent pas le médecin qui parle de la Covid, le soir, si elles tombent malades, elles vont voir ce même médecin. Mais s’il s’agit de la Covid, ils ne lui font pas confiance. ‘’Pourtant, quand vous êtes malade, devant un médecin, vous allez faire exactement ce qu’il vous demande de faire. On vous donne une liste d’analyses, vous ne posez aucune question. C’est le même médecin qui gère la Covid qui gère les autres maladies. Donc, pourquoi, pour le cas de la Covid, on ne l’écoute pas ?’’, déplore-t-il.
VIVIANE DIATTA