Les chiffres clés du PSE
A travers un document rendu public, le Bureau Opérationnel de Suivi du PSE (BOS) a fait le bilan décennal du plan Sénégal émergent (PSE) sur la période 2014 -2023.
Après des décennies de croissance très modeste, le Sénégal a adopté en 2014 un nouveau plan de développement : le Plan Sénégal Émergent (PSE) qui vise à accélérer le processus de développement du pays à travers une croissance forte, durable et inclusive et une réduction considérable de la pauvreté. Au total, 27 projets phares ont été identifiés dans la phase de conception du PSE, en 2013, à travers six batailles clés, déclinées en projets considérés comme porteurs et pouvant servir de moteur à la croissance inclusive et à la transformation de la structure de l’économie.
Le PSE, selon un document reçu à la rédaction d’EnQuête, visait en particulier, en l’espace d’une décennie, un décollage qui se traduise à la fois par un développement économique et par des progrès en matière de développement humain, à travers des objectifs quantitatifs, tant économiques que sociaux, à l’horizon 2023, à savoir : accélérer durablement la croissance. Il s’agissait à ce niveau de doubler le taux de croissance, en passant de 3-4 % en 2014 à 7-8 % en 2023, de rééquilibrer la balance commerciale, notamment pour financer les importations de biens d’équipements nécessaires à la croissance. L’objectif visé était d’aller au-delà du doublement des exportations, d’ici 2023, de renforcer la résilience de l’économie sénégalaise en combinant plusieurs moteurs de croissance pérennes.
A l’évaluation, souligne le rapport, l’impact des actions phares sur le PIB a été évalué entre +8% et +11% par rapport à une situation sans le PSE. En conséquence, le PIB par tête du Sénégal est passé de 681 210 FCFA en 2014 à 845 450 FCFA en 2023. Avec ce résultat, le PIB par tête a progressé de 1,5 fois, comparativement à son niveau de 2014 pour un objectif de 1,5 initialement prévu.
Cette amélioration du PIB, souligne le document, s’est traduite au niveau des entreprises privées par une hausse de la valeur ajoutée (+1 668,9 milliards FCFA) et des salaires versés (+863 milliards FCFA) sur la période. Ainsi, 51,7% de la valeur ajoutée générée par les entreprises ont été reversés aux travailleurs, assure le document.
S’agissant des ménages, la consommation s’est également accrue de 39,0% passant de 7 180,7 milliards FCFA en 2014 à 9 983,9 en 2021 (+2 803,2 milliards FCFA).
Dans le secondaire, l’impact du PSE, dit-on, a été de +7% sur la période considérée, de même que dans le tertiaire comparativement à la situation sans le PSE. Concernant les exportations, l’impact moyen du PSE a été de +11%.
Relèvement de l’investissement privé de 47,1%
Toutefois avec l’avènement de la Covid-19, le document a noté un certain décollage à partir de 2020, avec la mise en œuvre de la deuxième phase ajustée (PAP 2A). En valeur, les exportations se sont établies à 3 563,3 Mds FCFA milliards FCFA en 2022, soit un bond de près de 2 300 milliards FCFA comparé à la situation avant le PSE. Avec un ratio de 3,0, l’objectif de multiplication des exportations par 2,5 a été dépassé, souligne le document bilan.
Ces performances, ajoute le texte, ont été portées par des produits phares (or, zircon, produits finis destinés à l’agriculture, à l’industrie, produits finis destinés à la consommation) et que de nouvelles zones d’exportation sont en progression (Amérique du nord, Afrique de l’ouest, pays UE, autres pays d’Asie).
Par rapport à l’investissement privé, la mise en œuvre du PSE a permis de relever l’investissement privé de 47,1% comparativement à une situation sans PSE. ‘’Les résultats montrent une phase d’amorçage qui démarre en 2012 qui se consolide durant la première phase du PSE entre 2014 et 2017. A partir de 2017, on note une nette amélioration de l’impact de la mise en œuvre du PSE sur les investissements privés qui ont plus que doublé rapport à son niveau de 2014 (1 692,1 milliards FCFA) en s’établissant à 4 364,0 milliards FCFA en 2022. En termes de ratio sur le PIB, l’investissement privé a gagné 9 points de pourcentage entre 2014 et 2022’’, renseignent les rédacteurs du document.
Les chiffres clés
En effet, selon le document, l’économie sénégalaise reposait en 2014 pour près de 70% sur les services financiers et de télécommunications. C’est pourquoi, le PSE a lancé six nouveaux moteurs sectoriels de croissance : l’agriculture et l’agroalimentaire, l’habitat et la construction, les mines, l’industrie, le tourisme, et un hub régional de services.
Dans le secteur agricole, la production de riz est passée de 469 649 tonnes en 2012 à 1,4 million de tonnes en 2022, soit une augmentation de 198%.
Pour l’horticulture, la production d’oignons de 186 667 tonnes en 2012 est passée à 420 000 tonnes en 2022, avec un pic de 435 000 tonnes en 2021. Celle de la pomme de terre est passée de 15 000 tonnes en 2012 à 140 500 en 2022, avec un pic de 143 500 tonnes en 2021.
Concernant les exportations de fruits et légumes, il y a aussi eu un bond de 68 000 tonnes à 106 854 tonnes en 2023.
Dans le sous-secteur de l’élevage, il y a aussi eu des évolutions notables. La production de viande de volaille (industrielle) est passée de 57 483 tonnes en 2012 à 109 932 tonnes en 2023 ; celle d’œufs de consommation de 513 millions d’unités en 2013 à 1,517 milliard d’unités en 2023.
Le document bilan fait aussi cas de l’élaboration et de la validation du Plan de Relance de l’Aviculture sénégalais (PRAVIS) et de la stratégie de développement de l’aviculture rurale. Cela a permis de passer d’une production de 202 millions litres en 2012 à 288 millions litres de lait en 2022, soit une augmentation moyenne annuelle de 8,5 millions litres sur dix ans, avec une importation de 5 686 animaux à potentiel laitier, entre 2017 et 2023, dans le cadre du partenariat Ministère de l’Elevage et des Productions animales (MEPA) et l’Association nationale pour l’intensification de la Production laitière (ANIPL).
La production aquacole était de 704 tonnes en 2012 contre 1 586 tonnes en 2022.
Côté santé, il y a eu le développement du Centre National d’Oncologie (CNO), dont les travaux de construction ont démarré en avril 2023 et dont la livraison est prévue fin 2024 ; l’érection du centre cardio-pédiatrique (CUOMO) de l’hôpital Fann qui est le premier centre de soins en Afrique de l’Ouest spécialisé dans des opérations à cœur ouvert et fonctionnel depuis novembre 2016 ; le projet de construction du Centre national des grands brûlés dont le foncier est disponible au niveau de l'hôpital de Fann ; la mise en service depuis 2019 de l’unité de production de solutés médicaux (Parenterus) à Bayakh dans la région de Thiès.
A cela, il faut ajouter l’inauguration et la mise en service de l’institut de recherche en santé de surveillance épidémiologique et formation (IRESSEF) spécialisé dans le domaine de la recherche en santé et le développement des hôpitaux régionaux. La mise à disposition de 300 lits à Touba et de 150 lits dans chacun dans les 3 autres régions (Kaffrine, Kédougou et Sédhiou), pour un total de 750 lits est aussi à mettre à l’actif du PSE.
D’autant que, tous ces hôpitaux ont été réceptionnés et sont fonctionnels. Au niveau national, souligne-t-on, le nombre d’hôpitaux est passé de 35 en 2012 à 43 en 2022.
Structuration du Hub Minier Régional
Dans le PSE, il est aussi question de Hub Minier avec l’ambition stratégique de faire du Sénégal le centre de référence des services miniers en Afrique de l’Ouest, à travers 3 composantes (Services, logistique et académique) réparties sur 3 sites localisés à Kédougou, Tambacounda et Dakar-Thiès.
Dans le cadre du Lab, 16 projets ont été maturés dont 11 projets privés répartis sur les 3 volets du projet hub minier et 5 projets publics d’accompagnement à la mise en œuvre du projet. Le coût global de la mise en œuvre des infrastructures du hub minier régional s’élève à 378 milliards FCFA, dont 48 milliards fournis par l’Etat et 330 milliards par le secteur privé
S’agissant du volet routier et autoroutier, on est passé de 66% de routes revêtues en 2013 à 84% en 2022, contre 37% (2013) à 58% (2022) pour les routes en terre. Il y a aussi le développement de grands projets routiers et autoroutiers, notamment au niveau des corridors internationaux avec un linéaire de routes revêtues qui est passé de 5 200 km en 2012 à 6 651,5 km en à fin octobre 2023 et un réseau autoroutier qui est passé de 35 km en 2012 à 233 km en 2023, sur un objectif de 1 071 km en 2023.
Le document a aussi parlé du désenclavement des territoires à fort potentiel avec la construction de plus de 4 000 km de pistes rurales, grâce à divers programmes ; 35 ouvrages d’arts construits dans le cadre des projets d’autoroutes, de programmes « Zéro bac », la réalisation du programme de Construction des 18 ponts à 95% en fin décembre 2023, le Programme de modernisation des transports urbains avec le renouvellement de 640 minibus depuis 2015, le lancement du projet BRT en 2017 dont l’inauguration est prévue début 2024.
S’agissant du volet ferroviaire, le document souligne qu’il y a eu la phase 1 du Train Express Régional (TER) (Dakar-Diamniadio) sur 36 km réalisée et mise en service en décembre 2021. La livraison de la phase 2 (Diamniadio- AIBD), en cours, est prévue en début 2024. Il y a aussi la réhabilitation de la ligne historique Dakar-Tamba en cours, à travers la mise en œuvre du projet « Dakar Tamba Fast Track » financé par l’État du Sénégal pour un coût de 18,3 milliards FCFA HT sur 478 km.
Volet portuaire
Dans le bilan du PSE figure en bonne place le projet de construction du Port Minéralier et Vraquier de Bargny (PMVB) qui a été réalisé à 80 % pour une mise en service prévue en 2024. Le projet de construction du port de Ndayane est à 18,9%, à la fin septembre 2023 avec une date prévisionnelle de fin des travaux de la première phase fixée à avril 2027.
Il y a aussi l’achèvement des ports de pêche et de commerce de Ziguinchor ainsi que celui de Foundiougne Ndakhonga ; l’acquisition de deux bateaux assurant la liaison maritime Dakar-Ziguinchor, entre 2012 et 2018. ‘’Le Port autonome de Dakar a fait un transit de 24 millions de tonnes de fret maritime en 2022 contre 18 millions en 2018 et 12,2 millions en 2012, le tirant d’eau maximal passé de 11 m en 2012 à 13 m en 2022 sur un objectif de 18 m en 2023’’, lit-on dans le document.
Le volet protection sociale
315 625 ménages ont bénéficié d’une bourse de sécurité familiale et 541 192 ménages sont inscrits sur le Registre National Unique (ménages ciblés par les bourses de sécurité familiale), renseigne le document bilan. Dans le même temps, 43 656 ont bénéficié de l’assistance financière aux ménages ayant subi un choc ; 9 702 de l’assistance matérielle aux ménages ayant subi un choc.
Le document fait aussi état d’une augmentation de la bourse de sécurité familiale de 100 000 FCFA à 140 000 FCFA à partir de janvier 2023 ; la mise en place de 19 mutuelles de santé départementales, l’intégration dans la CMU de tous les enfants de moins de 5 ans et de toutes les femmes enceintes dans 6 régions du Sénégal et les réalisations en 2022 pour le volet infrastructures et celle de 188 kms de pistes Électrification de 2 000 villages, la réalisation de 10 infrastructures scolaires et l’installation de 14 périmètres agricoles.
CHEIKH THIAM