Le Sudes dénonce une direction illégale
L’Institut de français pour les étudiants étrangers (IFE) est dans une situation déplorable. L’USB-Sudes refuse de reconnaitre le directeur et le directeur des études ‘’illégalement’’ nommés par le recteur Ahmadou Aly Mbaye. Cette situation crée un blocage au niveau de l’établissement.
D’habitude si tranquille que peu de gens le connaissent, malgré l’importance de son rôle à l’Ucad, l’Institut de français pour les étudiants étrangers (IFE) est aujourd’hui confronté à un sérieux problème. Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes) a fait un point de presse, hier, pour alerter l’opinion sur la situation critique dans laquelle se trouve cet établissement qui assure la mise à niveau linguistique des étudiants non-francophones qui arrivent à l’université.
‘’Depuis le mois d’avril 2021, le recteur Ahmadou Aly Mbaye a pris sur lui la responsabilité exclusive de nommer un directeur de l’IFE, puis un directeur des études, sans en référer au conseil d’administration habilité en la matière. Le prétexte de l’intérim, évoqué en épouvantail pour faire passer ce coup de force administratif, n’est nullement prévu et organisé par aucun texte de l’IFE’’, dénonce Ndiabou Séga Touré.
Ainsi, l’enseignante-chercheure explique que, devant cette situation de ‘’non-droit, voire de forfaitaire’’, l’USB-Sudes de l’IFE refuse de reconnaitre le directeur et le directeur des études ‘’illégalement nommés et installés par un recteur qui a choisi d’écraser et de mépriser les collègues placés sous son pouvoir hiérarchique’’. ‘’La nouvelle direction, naturellement marquée par son illégalité originelle, se distinguant par la violence de ses méthodes - menaces et voies de fait sur les collègues en pleine salle de cours - organise en mai une délibération du jury d’examen du 1er semestre. De toute évidence, le quorum ne pouvait être atteint que par l'absence de quatre des huit enseignants (y compris le directeur et le directeur des études) qui se refusaient à participer à une réunion irrégulière et illégale’’, relate-t-elle.
Les examens du semestre 2 ont été organisés. Les enseignants membres de l’USB-Sudes ne pouvant se résoudre à l’illégalité que constituerait la remise de notes d’un examen à des instances ‘’illégales’’, attendent toujours d’avoir face à eux des autorités académiques légalement instituées et habilitées à cette fin. Résultat : la délibération des examens du 2e semestre ne s’est toujours pas tenue.
Or, selon Ndiabou Séga Touré, même dans les pires moments d’instabilité de l’Ucad, l’IFE avait toujours réussi à mettre en place un calendrier régulier dans le déroulement de ses activités. Bon an, mal an, d’après elle, les cours commençaient, dès la première semaine de novembre et les résultats définitifs des examens finaux étaient proclamés dans la première quinzaine de juillet au plus tard. Aujourd’hui, nul ne sait à quelle date se tiendront les tests d’entrée à l’IFE pour l’année 2021-2022. La particularité du public accueilli à l’IFE rend cette question singulièrement sensible.
‘’Un retard trop prononcé entrainera la désertion des étrangers qui choisiront d’autres pôles d’excellence universitaires. Quand on ajoute à cela l’impossibilité, pour les étudiants de la promotion 2020-2021, d’entrer en possession de leur attestation ou diplôme, on se demande si l’IFE se relèvera facilement de l’état comateux dans lequel l’a plongé l’obstination du recteur à assouvir la passion ambitieuse de ses favoris’’, a indiqué la porte-parole du jour.
‘’Un recteur qui s’entête’’
Le Sudes (et l’USB de l’IFE) regrette (ent) l’attitude du recteur ‘’qui s’obstine dans ses erreurs, dans ses errements et qui ignore toutes nos demandes et interpellations exprimées par correspondance’’. ‘’Conscient de l’illégalité de ses actes, le recteur refuse d’accéder à notre demande d’entrer en possession des arrêtés de nominations que nous constatons, car il sait que les tribunaux ne lui donneraient pas raison’’, déplorent les syndicalistes. Pis encore, selon eux, le recteur refuse de convoquer le Conseil d’administration de l’IFE pour l’installation régulière d’une direction légale.
‘’La méthode de pourrissement apparemment adoptée par le recteur, produit des effets destructeurs sans commune mesure avec les avantages recherchés. Ces avantages se réduisent à la perpétuation de la position administrative des favoris du recteur qu’il a nommés sans base légale aux postes de directeur et directeur des études’’, disent-ils.
‘’Au compte des effets destructeurs de cette stratégie de pourrissement que le recteur et les affidés seront seuls à assumer, on soulignera : l’anéantissement des efforts pédagogiques de la promotion d’étudiants de l’année 2020-2021 ; l’hypothèque sur le démarrage de la nouvelle année 2021-2022. Pour la première fois depuis sa création en 1979, l’IFE est mis en situation de fragilité périlleuse par le seul fait de l’autorité rectorale qui rendra compte de ce qui adviendra’’, poursuivent-ils.
Cette affaire risque de faire éclater une guerre entre le Saes et le Sudes. ‘’Le Saes-Campus de Dakar, par une déclaration signée de son coordonnateur Abdoulaye Dieng, s’implique dans l’affaire sur une base plus simpliste : ses militants sont attaqués et doivent être défendus. Donc, ‘la guerre Saes-Sudes doit avoir lieu’. Stratégie dérisoire ourdie par des intrigants qui pensent pouvoir manipuler l’opinion publique en déplaçant sur le terrain de la rivalité syndicale ce qui n’est en réalité qu’une triste affaire d’ambition non-maîtrisée'', explique Ndiabou Séga Touré.
‘’Le Saes-Campus de Dakar, par la signature de son coordonnateur, inscrit l’action syndicale dans la voie dangereuse du corporatisme et du lobbying. Au prix du mensonge éhonté et d’accusations diffamatoires. Au prix de la sommation faite au recteur de sévir contre les collègues récalcitrants et de les mettre au pas. Voilà ce qu’est devenu le Saes. Navrant. Plus que navrant’’, a-t-elle ajouté.
BABACAR SY SEYE