Les bons et mauvais points
S’il y a une question qui aura marqué les esprits durant la première année du pouvoir de Macky Sall, c’est bien la traque des biens mal acquis. Le président de la République, qui a inscrit son mandat sous le sceau de la «gouvernance vertueuse», s’est engagé à sanctionner les auteurs de «crime économique» et de «ramener les milliards planqués à l’étranger».
Parmi les personnes visées, des dignitaires de l’ancien régime dont le fils de l’ancien président de la République, Karim Wade. Si le président de la République a réaffirmé sa volonté de répondre à une «exigence populaire», le pilotage de ce dossier laisse perplexe. Après un an de traque, la Justice donne l’impression de tourner en rond. Pendant plusieurs mois, on a assisté à un va-et-vient incessant des mis en cause au niveau de la section de recherche de Colobane, donnant l’air d’un coup médiatique.
Cette situation a semblé donner du poil de la bête au Parti démocratique sénégalais qui, exploitant les «fautes» du pouvoir, va saisir la Cour de justice de la Cedeao pour protester contre l’interdiction de sortie du territoire. Cette instance africaine va trancher en faveur des requérants et ordonne à l’Etat du Sénégal la levée de la mesure d’interdiction. Touché dans son orgueil, le gouvernement s’oppose à la mesure. Alors que la justice se radicalise, une grosse controverse est soulevée : la médiation pénale.
Le porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, a en effet évoqué la possibilité pour les mis en cause de restituer «80% des biens détournés et d’en garder les 10%». Cette «offre» défendue par Me El Hadji Diouf, «missi dominici» de Macky Sall, va susciter l’indignation de l’opinion publique qui soupçonne un «deal». La Garde des Sceaux Aminata Touré s’empressera de se démarquer de son collègue ministre chargé de la bonne gouvernance dont les «déclarations n’engagent que lui».
Devant la clameur populaire, la justice accélérera le pas. Le vendredi 15 mars, l’ancien ministre Karim Wade est convoqué par le procureur spécial près la Cour de répression contre l’enrichissement illicite (Crei) pour lui notifier sa mise en demeure. Le fils de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade est invité à justifier l’origine licite de ses «avoirs» estimés à 694 milliards. En attendant, plusieurs anciens responsables de l’ancien régime, de moindre envergure certes, attendent d’être fixés sur leur sort. C’est le cas de Baïla Wane, ancien patron de la Lonase, Ndongo Diaw, ancien Dg de l’Artp, l’ancien député Aïdar Sylla, Ndèye Khady Guèye, ancienne patronne du Fonds de promotion économique (Fpe), de Thierno Ousmane Sy récemment, conseiller en Tic de l’ancien président de la République. Tous ont été arrêtés pour détournement de deniers public. Mais une partie de l’opinion pense qu’il y a une «justice sélective» dans la gestion du dossier.
Selon elle, pendant que certains croupissent en taule, d’autres, comme Aminata Niane, ancienne patronne de l’Apix, actuellement ministre conseiller auprès du président de la République, semblent bénéficier d’une «immunité» contre toute poursuite judiciaire. Or, sa gestion a été épinglée par les organes de contrôle de l’Etat notamment la Centif. L’autre chantier de la bonne gouvernance resté encore inachevé, c’est l’effectivité et l’exhaustivité de la déclaration de patrimoine des membres du gouvernement, des directeurs généraux des entreprises et des établissements et entreprises publics, comme Macky s’y est engagé dans sont programme de Yoonu Yokkute.
Toutefois, Macky Sall aura réussi à mettre fin à la gabegie institutionnelle en réduisant considérablement le train de vie de l’Etat. A son actif, on retiendra la limitation des appels téléphoniques du gouvernement, la rationalisation d’agences, du voyage en 1ère Classe pour les membres du gouvernement/administration ainsi que des logements conventionnés, des indemnités octroyées aux ayants droit, le plafonnement des salaires des Pca et autres directeurs de sociétés publiques.
DAOUDA GBAYA
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