Ces obstacles aux candidatures des femmes
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Le Conseil sénégalais des femmes (Cosef) a rencontré hier les candidates aux élections locales. L’idée est de les former et de les armer pour affronter les échéances électorales à venir.
Les femmes ne veulent plus rester dans les mobilisations et autres folklores politiques. Elles souhaitent s’imposer à la tête des municipalités pour les Locales à venir. De 15 mairesses sortantes, elles souhaitent un nombre plus représentatif, au soir du 23 janvier 2022. Pour atteindre cet objectif, le Conseil sénégalais des femmes (Cosef) a décidé de mettre la main à la pâte pour accompagner et soutenir les candidates à la candidature des élections locales. C’est dans ce cadre qu’une rencontre a été organisée, hier, sur la demande de ces candidates, dans le but d’aborder les difficultés qu’elles rencontrent.
Ainsi, beaucoup d’entre-elles sont revenues sur les moyens qui font défaut, en cette période de crise sanitaire, alors que les candidats indépendants sont dans l’obligation de verser une caution. A cela s’ajoute le changement du mode de scrutin qui est désormais au suffrage universel direct.
En réponse, la Présidente du Conseil a rappelé que l’une des missions de son organisation est d’accompagner les femmes candidates aux Locales. ‘’Ce sont des femmes qui nous ont sollicitées ; celles qui ont déclaré leurs candidatures, depuis le début, pour que nous puissions les écouter dans cette dynamique et connaitre les problèmes qu’elles peuvent rencontrer. Nous avons également formé des jeunes qui se sont déclarées candidates à la candidature et d’autres qui sont investies, depuis 2019’’, renseigne Rokhiatou Gassama. Qui souligne qu’il y a beaucoup d’objectifs à atteindre qui se révèlent parfois difficiles pour les femmes.
Elle liste à ce propos, l’obstacle de la caution qui s’élèvent à 15 millions, ainsi que la mise sur pieds des grandes coalitions qui, estime-t-elle, ne permettent pas forcément aux femmes d’être candidates. Partant de là, le Cosef s’engage à accompagner ces futures candidates dans le plaidoyer, en sensibilisant la population sénégalaise. ‘’Aujourd’hui, nous avons constaté que les femmes ont beaucoup plus de capacités à se dire : je veux être candidate et je maintiens ma candidature, malgré les difficultés internes des partis politiques. L’accompagnement, c’est également une écoute active qui permet d’identifier les difficultés qu’elles rencontrent et de trouver des solutions d’accompagnement’’, souligne la Présidente du Cosef.
Soham Wardini : ‘’J’appelle toutes les femmes à se mobiliser‘’
La mairesse de Dakar trouve, à ce propos, que la formation des femmes doit être continue. ‘’J’appelle toutes les femmes à se mobiliser, à échanger et essayer de trouver des solutions à faire des plans de communication qui vont nous permettre de gagner le maximum de collectivités. Je ne peux pas réclamer 50%, même si, c’est cela la parité, mais, au moins avoir un nombre qui, au fil des élections, va évoluer en faveur des femmes’’, indique Soham El Wardini. La successeuse de Khalifa Sall précise, toutefois, que les difficultés ne manquent pas, mais, pense qu’il faut savoir les surmonter en oubliant les appartenances politiques et surtout plus penser aux familles et au développement des collectivités.
En effet, pour Mme Wardini, la gestion d’une mairie est assimilable à celle d’un foyer et nécessite l’instauration de la salubrité et la rigueur dans l’éducation. La maire sortante de la capitale sénégalaise pense, à cet effet, qu’il ne suffit pas de choisir pour choisir, mais plutôt, de désigner les meilleurs pour diriger ces collectivités
Le Cosef, rappelle sa présidente, est une organisation de la société civile créée en 1995 et qui a en son sein des femmes de la majorité, de l’opposition, mais également, d’autres organisations. D’après Rokhiatou Gassama, c’est un cadre qui a pour mission d’accompagner les femmes, mais surtout, de prendre en compte toutes les demandes des femmes concernant les instances de prise de décisions. ‘’Notre mission, c’est d’accompagner les femmes pour qu’elles puissent accéder aux instances de prise de décisions. Le premier accompagnement qui a eu beaucoup de succès au Sénégal est la parité et c’est le Cosef qui l’avait porté avec d’autres organisations de la société civile’’.
Rappelant les acquis de cette loi votée en 2010, Mme Gassama évoque l’élection de 40% de femmes à l’institution parlementaire et 48% pour les collectivités. ‘’C’est vrai que nous avons 557 communes avec 14 ou 15 maires au Sénégal, ce qui est faible, mais, si on retourne à des années en arrière, nous n’avions qu’une seule femme maire. C’est très faible pour nous, c’est pourquoi, le combat est important et permanent. Il faut que la population sache qu’élire une femme maire, c’est élire une stratégie de développement permanente, avec des résultats concrets’’, promet-elle.
HABIBATOU TRAORE