Du bon, des erreurs de casting et des errements
100 jours, que d'actes posés, mais aussi des attentes à la pelle. Macky Sall, le tombeur d'Abdoulaye Wade au second tour de la présidentielle de mars dernier, présente un bilan mi-figue mi-raisin, après un peu plus de trois mois de magistère. La baisse – même symbolique - des prix de certaines denrées de première nécessité, la subvention pour secourir le monde rural et le cheptel, le déclenchement des audits et surtout l’adoption en Conseil des ministres du projet de loi (en souffrance depuis 2009) portant Code de la transparence, sont des actions à saluer. La traque des biens mal acquis, même à l'étape préliminaire des enquêtes, fait espérer une gouvernance plus ''vertueuse'' que la précédente.
Mais d’autres actes posés jurent d'avec la ‘’rupture’’ promise par Macky Sall aux Sénégalais durant la campagne électorale. Première zone d'ombre, si la réduction de la taille du gouvernement a été d'entrée saluée par l'opinion publique, le casting des ministres invite souvent au doute. Et si l'on a évoqué le problème de la double nationalité de certains ministres, c'est surtout les profils qui ont fait tiquer. De quoi alimenter tous les quolibets d'ailleurs, dans ce pays où l'on aime souvent en faire. Certains analystes ont d'ailleurs vite fait de voir que dans ces choix la résultante de calculs politiques liés à la proximité des élections législatives du reste remportées largement par la Coalition Benno Bokk Yaakaar.
L'affaire est si mal engagée à certains égards que cela a inspiré ce titre du confrère Le Quotidien qui estime qu'au Palais de la République, il souffle ‘’un vent de wadisme’’, un mois après l’arrivée de Macky Sall au pouvoir. Le chef de l'État nomme à tire-larigot des ministres-conseillers, conseillers spéciaux, et autres titres, qu'il sème le doute sur sa volonté de réduire le train de vie de l'État. Car ce ‘’gouvernement du Palais’’ - même sans portefeuille comme M. Sall s'en défend - n’est pas loin de dépasser en nombre celui d'Abdoul Mbaye. Et en plus d’en faire un repère pour caser une clientèle politique, Macky Sall y crée les conditions de conflits d’intérêts. A l'instar de la nomination comme conseiller de Baba Diao, un des acteurs les plus en vue dans le secteur des hydrocarbures durant les années Wade, et client de l'État à travers la Senelec et la Société africaine de raffinage (SAR).
Dans la nomination aux postes de direction de sociétés nationales, d’agences, de président de conseils d’administration ou de surveillance, on semble également récompenser des profils politiques. Dans beaucoup de cas la loyauté prend le dessus sur la compétence. Ce qui inspire d'ailleurs certaines critiques qui estiment qu'on devrait encourager les appels à candidature, avec la mise en place d'une commission pour sélectionner les plus méritants.
Bachir FOFANA