Appétit grandissant des centres urbains pour le local
Le riz de la vallée du fleuve Sénégal devient rentable et compétitif dans le pays, malgré une production nettement inférieure par rapport à la demande domestique.
L'appétit venant en mangeant, le riz local est de plus en plus prisé par les centres urbains du pays. C'est ce qu'a révélé une étude sur la compétitivité du riz de la vallée du fleuve Sénégal (VFS), faite en 2009, restituée hier à Dakar.
La commercialisation, qui apparaissait encore en 2008-2009 comme une contrainte majeure au potentiel de développement de la filière du riz local, a évolué de façon très positive, selon l’étude faite par le cabinet GLG Consultants, basé à Paris. D’une part, mentionne le document, le marché urbain, notamment dakarois, marque un intérêt nouveau pour le riz local correctement usiné et trié grâce à une amélioration de la qualité et à des campagnes de promotion efficaces. D’autre part, de nouveaux opérateurs, dotés des moyens financiers nécessaires, interviennent de façon significative dans la commercialisation et l’usinage du riz paddy. Ce qui n’était pas le cas de l’ancienne génération d’usiniers, signale le chercheur Pierre Baris.
De manière globale, a dit M. Baris, les acteurs de la filière du riz local ont fait preuve d’une grande capacité d’adaptation à la demande du marché en développant deux créneaux à forte valeur ajoutée : le riz entier (dont le marché était jusqu’à présent très limité) et le riz parfumé. Selon lui, grâce aux évolutions positives constatées, la production a pu s’écouler sans problème au cours des dernières années, malgré l’accroissement noté.
Par contre, dans la même période, le marché du riz importé s’est orienté vers des qualités de riz moins chères que la brisure thaïlandaise A1S. Laquelle constituait traditionnellement le riz le plus courant au Sénégal, note l'étude. N’empêche, a insisté Pierre Baris, tout porte à croire que les dynamiques à l’œuvre permettront au riz local de conquérir progressivement le marché national.
Propositions et recommandations
Face aux aléas du marché international, les chercheurs proposent qu’une politique tarifaire et fiscale soit mise en place pour maintenir un prix du paddy attractif afin de pérenniser la relance de la riziculture. Ainsi, ils souhaitent que l’émergence en cours de la contractualisation entre producteurs et opérateurs agro-industriels soit encouragée afin de permettre une meilleure intégration des petits producteurs dans la filière. Pour ce faire, les chercheurs trouvent opportun de créer un Comité interministériel et multi acteurs. Il prône aussi la mise en place d'un système permanent d’information, d’aide à la décision, ainsi que la proposition de positions favorables au Sénégal dans les mesures CEDEAO. Mais surtout, mobiliser les moyens humains et financiers afin de réaliser des études et modèles nécessaires à des prises de décision.
De l'avis du ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural, Abdoulaye Bibi Baldé, les résultats de l’étude donne beaucoup d'espoir quant à l’atteinte des objectifs d’autosuffisance en riz en 2018. Il a signalé que 900 000 tonnes de riz ont été importées pour une valeur de 207 milliards de Cfa en 2012, alors que : ''Cette année nous avons produit 600 000 tonnes de riz de vallée qui équivaut à 400 000 tonnes de riz blanc, ce qui veut dire qu’il y a un gap de 500 000 tonnes à chercher à l’extérieur''. M. Baldé estime donc important de booster la production et de réorganiser le marché local pour permettre un meilleur écoulement.
AÏDA DIÈNE
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