Rilk et ses co-prévenus dont un garde risquent des peines fermes
Rilk Wilfrith Dacleu Ngongang, présenté comme une mule de Karim Wade, a été jugé jeudi dans deux procédures différentes. Après son procès pour blanchiment, il a été attrait pour corruption et complicité d’introduction d’un téléphone portable dans un établissement pénitentiaire. Rilk et ses co-prévenus, dont un gardien de prison, encourent des peines allant de 6 mois à 1 ans ferme.
Jugé pour l’affaire dans laquelle il est présenté comme une mule de Karim Wade, jeudi, Rilk Wilfrith Dacleu Ngongang n’a pas eu le temps de rejoindre le box des prévenus qu’il a été rappelé pour faire face encore aux juges du tribunal correctionnel. C’était pour répondre des délits de corruption active et de complicité d’introduction d’un objet quelconque dans un établissement pénitentiaire, notamment un téléphone portable et un iPad. Il comparaissait avec un gardien de prison et un autre codétenu ainsi qu’un informaticien.
En effet, le 5 septembre dernier, un surveillant de prison a surpris Rilk avec les deux appareils. Le détenu, qui logeait à la chambre 42 de la maison d’arrêt, est accusé d’avoir soudoyé le maton Yankhoba Guèye Sonko et ses co-prévenus moyennant 150 000 F Cfa pour faire entrer le téléphone.
Il ressort des déclarations faites par Alioune Badara Youm, arrêté suite à une délégation judiciaire, qu’un jour, son collaborateur Sanghoné Sène, qui est en détention depuis 2014, l’a appelé depuis la prison. ‘’Il m’a dit qu’un certain Bilal va m’appeler pour me donner un téléphone Iphone et un iPod ainsi de l’argent à remettre au surveillant Yankhoba’’, a narré Alioune B. Youm. Il a révélé que Bilal lui a remis les appareils ainsi que la somme de 150 000 F Cfa. Par la suite, le garde l’a appelé pour la remise de la commission. ‘’J’ai pris les 40 000 F. J’ai donné 50 000 F à la femme de Sanghoné et les 60 000 F restant au garde à qui j’ai remis les deux appareils’’, a indiqué le prévenu.
Mais le maton nie avoir perçu l’argent et déclare n’avoir reçu que l’iPod, puisque ce n’est pas interdit par le règlement de l’Administration pénitentiaire. ‘’Je lui ai remis deux appareils. Ils étaient dans un sachet clair’’, a répliqué Youm, non sans préciser que le téléphone était neuf, puisqu’il s’était chargé de l’activer.
Interrogé, Sanghoné Sène a clamé son innocence en soutenant que Youm a remis de l’argent à sa femme à son insu et qu’il n’y a aucune intention malveillante, car c’est lui qui gère ses affaires depuis qu’il est incarcéré. Bien qu’il ait été chargé par un autre détenu entendu comme témoin au cours de la procédure, Sanghoné a aussi réfuté avoir remis le téléphone à Rilk. Une allégation battue en brèche par celui-ci. L’homme d’affaires a contesté la corruption active, mais a affirmé que c’est son chef de chambre qui lui a remis le téléphone pour qu’il puisse contacter sa famille, à la suite du décès de son grand-père au Cameroun. ‘’Mes rapports avec la direction de la prison étaient très difficiles, du fait que je ne supportais pas ma détention. D’ailleurs, c’est pourquoi j'ai été transféré de l'infirmerie à la chambre 42. Puisque toute la prison connaissait ma souffrance, Sanghoné m'a proposé le téléphone sans contrepartie’’, s’est défendu Wilfrith. Il a ajouté qu’il n’a jamais donné de l’argent à un garde, mais il aide plutôt certains de ses codétenus et leurs familles.
Clémence
Non convaincu par les dénégations des prévenus, le parquet a requis 6 mois ferme contre Youm et 2 ans dont 6 mois ferme contre Sanghoné. En revanche, il a demandé que Rilk soit condamné à 2 ans dont 1 an ferme et 3 ans ferme pour le garde Yankhoba. Il a invité le tribunal à infliger aux deux derniers une amende de 150 000 F. Pour l’avocate belge Me Florance De Cok, il n’y a pas d’infraction, car leur client Rilk voulait juste écouter de la musique. Son confrère, Me Luc Detremmerie, a abondé dans le même sens, estimant que leur client mérite une sanction disciplinaire. ‘’L'affaire a pris des proportions qu'elle n'aurait jamais dû prendre. C’est une peine trop lourde, alors qu’il y a déjà des sanctions, puisqu’il a changé de chambre. Son garde du corps (Bilal) a voulu l'aider en prenant des initiatives’’, s’est désolé le conseil belge. ‘’Bilal a agi sans son autorisation pour lui faire plaisir’’, a appuyé Me Ndiogou Ndiaye.
Pour Me Arona Bass, dans cette affaire, il s’agit d’une violation d’un règlement intérieur sanctionnée par une contravention. Il a écarté la corruption, arguant que leur client est un philanthrope qui aime donner. Pour la corruption, Me Amadou Diallo a laissé entendre que Rilk ne peut pas être condamné pour corruption, puisque n’étant pas fonctionnaire.
C’est au regard de ces arguments que Me Mamadou Wane a plaidé la clémence. La même demande a été sollicitée par Me Ibrahima Diagne, estimant que son client Alioune Badara Youm a contribué à la manifestation de la vérité.
L’affaire sera vidée le 19 avril prochain, date à laquelle sera rendue la décision concernant la procédure ayant conduit Rilk en prison et qui lui fait encourir une peine de 2 ans ferme.
FATOU SY