Diofior et Niakhar interpellent les autorités
À l’instar de presque tous les postes et districts sanitaires de la région de Fatick, le centre de santé de Diofior et le district de Niakhar souffrent de plusieurs maux dont un déficit de personnels et de services de soins. On y fait appel à des bénévoles. Les médecins lancent un appel aux autorités.
Située à 85 kilomètres de Fatick, la commune de Diofior dispose de 14 postes sanitaires polarisés par un centre de santé. Cependant, ce centre dit de référence n’a pas de bloc opératoire, encore moins d’unité de radiologie. ‘’Depuis que je suis là, je n’ai pas d’adjoint. Cela fait trois ans maintenant. Souvent, nous recrutons des médecins qui ont un contrat avec nous, qui nous aident un peu dans le travail, pendant un certain temps. Cela nous pose problème, parce que parfois, ils ne sont pas stables. Le reste du personnel, ce sont ceux qui nous viennent des postes de santé fermés. Une partie du personnel de ces postes a été affectée sans être remplacée, ce qui a causé leur fermeture’’, explique le médecin chef du centre de santé de Diofior, Docteur Mama Moussa Ndiaw.
Ce centre devait accueillir 7 sages-femmes pour assurer la permanence, mais il n’en dispose que de deux. Les autres, renseigne Docteur Diaw, sont des fils ou des filles de Diofior qui travaillent bénévolement au niveau de la maternité. Il ne leur assure que le remboursement du transport. ‘’Pour une évacuation, on peut se retrouver à Kaolack, Mbour ou Thiès, mais rarement à Dakar. Tout dépend des pathologies. Le problème qu’on a, c’est par rapport à l’accompagnement, parce que pour les évacuations sanitaires, il faut que le malade soit accompagné, pour que les soins puissent être faits. Donc, souvent une sage-femme assure la garde et en même temps accompagne l’évacuation en fonction de la pathologie. Dans ce cas, il faut que le médecin ou quelqu’un vienne assurer ses arrières. Heureusement que le ministère a inscrit le centre dans son projet de 2016. On espère, avec l’appui de la mairie de Diofior, avoir au moins un bloc’’, soutient-il. Avec l’ouverture du bloc gynécologique de l’hôpital de Fatick, ils sont un peu soulagés, sauf que le bloc n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière.
‘’Le centre de santé ne répond pas aux normes sanitaires’’
Selon le médecin chef, le centre, même s’il est dit de référence, ne répond pas aux normes sanitaires. ‘’Il y a la circulation de l’air. Ce bâtiment est construit pour être un bâtiment administratif. Puisqu’ils n’ont pas fini le bâtiment pour loger les services de soins, on les a logés ici. Cela arrive fréquemment au Sénégal. Cela explique un peu le manque de plusieurs services de soins. C’est pourquoi le ministre l’a inscrit dans le programme de réhabilitation. Les structures, comme celles-là, ne sont pas adaptées pour procurer des soins de santé. Maintenant, il faut compléter le plateau parce qu’on est entouré de structures qui n’ont pas de plateaux. Il y a Thiadiaye qui a déjà un bloc, mais nous filtrons tous ceux qui viennent des îles du Saloum ; donc nous devons être le premier niveau de référence’’, souligne-t-il.
La structure ne détient pas d’unité de prise en charge des nouveau-nés. C’est la maternité qui fait le suivi de la mère et de l’enfant. ‘’Il faut régler le déficit en termes de ressources humaines. Il faut aussi qu’on règle les infrastructures qui manquent. L’année passée, on a eu deux cas de décès maternel dans des circonstances extrêmement malheureuses : un à Fimela et l’autre à Djifère. Le déficit de personnel a fait qu’à un moment donné, la gestion des urgences n’était assurée que par des matrones. Nous avons fait un plaidoyer et le ministère nous a dotés d’un personnel, c'est-à-dire deux contractuels. Si vous avez un personnel qualifié, la distance n’est pas importante ; en plus, les routes sont bonnes’’, lance le médecin-chef.
Niakhar veut atteindre les ratios de l’OMS
Dans la commune de Niakhar, située à 10 kilomètres de Fatick, le ratio de l’organisation mondiale de la santé n’est pas respecté non plus. Le centre de santé du district sanitaire de Niakhar couvre 6 postes de santé. Selon le médecin-chef du district, Docteur Fatoumata Marie Konaté, 20% des accouchements se font à domicile. ‘’On a beaucoup d’accouchements à domicile et nous faisons beaucoup de sensibilisation pour lutter contre ce phénomène, parce que nous sommes dans une zone sérère. Il y a la tradition, des croyances qui font que certaines femmes pensent que le fait d’accoucher à domicile, c’est de la bravoure, tout en ignorant les risques inhérents à ce fait’’, souligne Dr Konaté. Les naissances sont très nombreuses dans cette zone, à en croire le médecin-chef. ‘’Nous avons une fréquence de 60% d’accouchements par mois. Les gens prennent beaucoup en considération le nombre d’enfants. Nous faisons beaucoup de sensibilisation pour éviter les grossesses précoces.’’
Ce district ne dispose que d’un seul médecin et Dr Konaté souhaite avoir un deuxième médecin. ‘’Au niveau de la structure, on est beaucoup sollicité. Avec un seul médecin, il peut y avoir des gaps. On souhaite atteindre aussi le ratio, c'est-à-dire avoir une sage-femme pour 1500 femmes ou un infirmier pour 5 000 habitants’’, souhaite-elle.
VIVIANE DIATTA