Le Renaissance aux couleurs indiennes
Le pays des maharajas a marqué la fin de son programme culturel à Dakar par la célébration d’un des festivals les plus populaires en Inde : le Holi.
Le principe est simple. Avec des pochettes de couleur de toutes les teintes pratiquement, il fallait maquiller quelqu’un sur les joues, les lui verser sur la tête, les disséminer en l’air ou tout simplement entarter n’importe quel festivalier sur les centaines de personnes qui se sont réunies, ce samedi, au pied du monument de la Renaissance, pour marquer la fin du ‘‘Dakar Tiranga Holi’’. Les Indiens du Sénégal ont fêté la traditionnelle fête des couleurs ou ‘‘Holi’’, avec, à leur tête, l’ambassadeur Rajeev Kumar, pour perpétuer une tradition millénaire marquant ‘‘le sacre du printemps, mais surtout la victoire du bien sur le mal’’.
Le récit mythologique indien raconte que le roi diabolique et démoniaque Hiranyakashipu, pensant être devenu un dieu, demanda à tout le monde de lui vouer un culte. Mal lui en prit, puisque son fils, Prahlada, en désaccord avec lui, a préféré croire en Vishnu. Hors de lui, Hiranyakashipu infligea à son fils les pires châtiments, aidé de sa sœur Holika, dont son nom est à l’origine du festival. Cette dernière essaya de piéger son neveu, en lui demandant de s’asseoir à côté d’elle, dans les flammes dont elle était protégée. Mais c’est finalement Prahlada qui survécut au feu, laissant mourir Holika privée de ses pouvoirs. Une nouvelle fois, Hiranyakashipu entra dans une colère noire, au point que le dieu Vishnu fut obligé d’intervenir, prenant l’apparence de Narasimha, son avatar mi-homme, mi-lion pour vaincre Hiranyakashipu.
Pour cette année, la célébration aurait dû avoir deux jours plus tôt à Dakar, mais a été décalée pour la faire correspondre avec la fin de l’exposition sur le Mahatma Ghandi, ouverte il y a un an. En principe, en Inde, tout le monde aurait dû être habillé de blanc et présenter des excuses après avoir jeté le pigment coloré sur le visage de son vis-à-vis par la formule hindi ‘‘Bura na mano, Holîhai’’, signifiant ‘‘Ne soyez pas fâché, c'est la Holi.’’ Des excuses qui auraient été suivies de réjouissances alimentaires grandeur nature. Mais, dans la capitale sénégalaise, les festivaliers n’en ont pas tenu rigueur. En dépit de la modestie de cette célébration, certains participants trouvent que c’est un programme à caler. ‘‘Un truc comme ça peut être une fête beaucoup plus massive, si on l’avait tenu dans un endroit plus populaire de Dakar. J’espère qu’il y en aura bientôt une autre du genre’’, relève un jeune tout peinturluré poursuivi par des enfants avec des pistolets à eau. Entre séances de selfie, jets d’eau et de pigments et déhanchements sur les sonorités indiennes.
Un vœu que l’ambassadeur a décidé de réaliser pour, espère-t-il, le plus grand bonheur des festivaliers. ‘‘Cet évènement marque la fin de nos activités culturelles. Mais c’est acté, nous allons tenir le Holi chaque année à Dakar’’, a promis l’ambassadeur.
OUSMANE LAYE DIOP