Styles, méthodes et pouvoirs des premières dames
Avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, le Sénégal expérimente pour la première fois la formule cent pour cent locale. Marième Faye Sall est, en effet, de père et de mère sénégalais, alors que Colette Senghor et Viviane Wade, respectivement épouse du premier président sénégalais Léopold Sédar Senghor, et Viviane Vers, épouse de Me Abdoulaye Wade, sont toutes les deux françaises de souche. La première est originaire de la Normandie alors que la seconde, native de Besançon, est épouse de Me Abdoulaye Wade dès 1963. Décédée le 18 novembre 2019, Colette Senghor marquera l’ultime signe de fidélité au président-poète, en se faisant enterrer à ses côtés au cimetière catholique de Bel-Air où repose aussi leur seul fils, décédé prématurément dans un accident de voiture, le 6 juin 1981.
L’épouse du deuxième président du Sénégal, Élisabeth Diouf, est métisse. De père libanaise et de mère sérère, elle est très imprégnée de catholicisme et est restée très active au sein du lobby chrétien au Sénégal, jusqu’à la démission de son époux de la magistrature suprême. Contrairement à Colette Senghor qui était plus attirée par les lettres que par la Croix. Viviane Wade crée, à l’image de Mme Diouf, qui avait porté sur les fonts baptismaux la fondation Solidarité-Partage, la fondation Education-Santé qui va s’activer dans les domaines cités, sans aucun problème de financements, puisque les ressources publiques, surtout les sociétés nationales, se bousculent pour apporter leur soutien. La fondation sera d’ailleurs rattrapée par des scandales que le régime de Macky Sall ne jugera pas utile d’élucider.
C’est avec Marième Faye Sall qu’on assiste pour la première fois à l’arrivée sur scène d’une Sénégalaise cent pour cent locale. L’on a pu entendre les commentaires de Sénégalais, annonçant l’encens sénégalais (‘’thiouraye’’) au palais à la place d’un style de vie plus occidental. Avec elle, la rupture est totale jusqu’au niveau d’implication dans les affaires publiques. La première dame Marième Faye Sall, animatrice en chef de la fondation Servir le Sénégal, casse les codes. Elle est très présente dans les cérémonies (décès, baptêmes, mariages, etc.) et n’hésite pas à esquisser des pas de danse locale en public. Ce que celles qui l’ont précédée n’oseraient pas faire.
Macky Sall et Marième Faye Sall : ‘’Ce sont deux corps dans une même tête’’
Mais derrière les éclats de rire et la mine toujours joviale, il y a aussi la femme de fer. Elle participe, de façon officieuse, à la nomination de personnalités au sommet de l’État. Elle garde la maison, s’évertue à faire le ménage autour de son mari et liquide, en toute finesse, toute personne qu’elle soupçonne de jouer contre le président. C’est pourquoi on a pu parler d’un système Marième Faye Sall à l’intérieur de l’architecture officielle d’État.
Mais pour certains observateurs, Marième Faye Sall ne se l’est jamais jouée solo. Certaines sources estiment, en effet, que tout ce qu’elle fait, c’est en totale complicité avec son mari. ‘’Ce sont deux corps dans une même tête. Ils sont très complices. Ce sont des amis avant d’être des époux’’, nous dit une source proche de la famille.
La question qui se pose est de savoir quel style pour la prochaine première dame. Sera-t-elle invasive à l’image de Marième Faye Sall qui, soit en passant, est aussi une militante de la première heure de l’Alliance pour la République (APR) ? Cultivera-t-elle la discrétion à l’image de la première dame du Sénégal feue Colette Senghor ?
Les paris sont lancés, puisque l’élection n’a pas encore livré le nom du prochain président du Sénégal. Mais une chose est sûre : le style Aïssata Billy Bâ pourrait bien s’apparenter à celui de Marième Faye Sall. Car, pour discrète soit-elle, elle reste déjà très active aux côtés de son époux (Voir article ???).
À l’image de ce qui se passe concrètement dans les ménages ordinaires, les pouvoirs des dames ne sont jamais définis. La Constitution ne fait pas référence à la famille du président. Mais dans les faits, la douce moitié du prince puise son pouvoir à l’ombre du trône de ce dernier.