Méritent-ils leur honorabilité ?
Ils sont les seuls fonctionnaires à ne pas se plaindre. Au contraire, ils sont choyés et traités avec beaucoup d’égards. Les députés sénégalais touchent des salaires entre 1,3 et 2 millions F CFA ; 250 à 1.000 litres de carburant par mois ; 500 mille F CFA de crédits de téléphone et fonds politiques ; passeports diplomatiques et frais de mission ’royaux ; un terrain à usage d’habitation ; immunité parlementaire ; retraite parlementaire dorée, etc.
On passe à peine le débat sur leurs luxurieuses voitures 4X4 d’un coût unitaire approximatif de 30 millions FCFA (45.800 euros) que le Président Macky Sall a bien voulu leur octroyer individuellement, sans oublier les 150.000 F CFA d’indemnité de logement qu’ils se sont octroyés voilà que nos députés se donnent encore en spectacle en empochant chacun une enveloppe de 200.000 FCFA (en) aide sociale, disent-ils.
Méritent-ils ce traitement de faveur ? Ces parlementaires dont la plupart ne connaissent même pas leur mission, un parlement à genoux, un parlement au service du prince, un tel parlement n'a à mon avis même pas de raison d'être... Montesquieu avouait que le peuple ne peut pas prétendre aux mêmes privilèges que ses dirigeants, mais là ça dépasse l'entendement ; c'est tout simplement de la goinfrerie.
En réalité, avons-nous un parlement ? Un parlement dont le président de la commission de comptabilité et de contrôle n'a jamais pu exercer sa mission de contrôle des crédits inscrits au budget de l'Assemblée nationale, un parlement qui refuse de faire la lumière sur un budget évalué à plus de seize milliards et demi de francs CFA, un parlement dont les membres sont convoqués par le Président Macky Sall pour une journée de manœuvres et de tractations concernant le renouvellement du bureau et la désignation de son président, un parlement qui utilise les dispositions de son règlement intérieur comme une valeur marchande pour distribuer des prébendes ou ‘punir’ les récalcitrants, un parlement dont le président est dans des schémas politiques qui s’inscrivent dans la recherche effrénée de circonstances pour donner des gages de fidélité au Président Macky Sall… Mais comment, comment peut- on qualifier un tel machin de parlement ? En réalité ce ‘parlement’ est simplement de la garniture institutionnelle, il n’a aucun apport dans l'enracinement de la démocratie sénégalaise, bien au contraire il est plutôt d’un frein.
Que nous rappelle ce parlement ? Les lois tristement célèbres Ezzan, Moussa Sy, Sada Ndiaye et que sais-je encore ? Ce parlement qui a voté comme lettre à la poste 10 révisions déconsolidantes (qui ont des mobiles politiques ou personnels) de la constitution du Sénégal sous le régime de Wade, ce parlement qui a voulu changer le cours de l’histoire politique de notre pays un certain 23 juin, ce même parlement qui votera automatiquement le report des locales, ce même parlement sera instrumentalisé pour voter NON à la réduction du mandat présidentiel si la voie parlementaire est choisie…
Nous sommes à l’acte 3 de la décentralisation. A quand l’acte 3 de la comédie des ‘honorables’ parlementaires sénégalais ? Dans ce pays où l'ascenseur social est en panne, la politique est le moyen le plus sûr pour se faire une belle place au soleil. Et nos ‘honorables’ continueront de se la couler douce d'autant plus que c'est eux-mêmes qui fixent les règles de leurs combines.
Honorables, ai-je dit, mais au fait, méritent ils leur ‘honorabilité’ ? Non, non et mille fois non. Parler d’honorabilité serait même une insulte aux honorables… Nos ‘honorables’ sont plus proches des ‘sangsues’. Ils sont simplement la face la plus hideuse de notre démocratie.