DISTRIBUTION DE L’AIDE ALIMENTAIRE
Kitambaa plaide pour l’introduction des serviettes hygiéniques
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La communauté internationale célèbre, aujourd’hui, la 6e édition de la Journée de l’hygiène des menstrues. Une occasion choisie par l’ONG Kitambaa pour demander l’introduction des serviettes hygiéniques dans la distribution de l’aide alimentaire. Pour la fondatrice de cette organisation, Yaye Hélène Ndiaye, la crise économique liée au coronavirus peut empêcher certains chefs de famille de satisfaire ce besoin féminin.
Il faut rompre le silence lié aux menstrues, en diffusant l’information pour permettre aux populations, la communauté scolaire en particulier, de communiquer et d’échanger sur l’amélioration de la gestion de l’hygiène menstruelle et ainsi briser les tabous associés aux menstrues. C’est pourquoi est instituée, ce 28 mai, la Journée internationale de l’hygiène des menstrues. Cela peut paraître bizarre, surtout quand on n’a jamais été confronté à ce problème. Mais il est avéré qu’au Sénégal, des femmes font face à ce problème.
Et cette année, la célébration survient dans un contexte particulier marqué par la pandémie de la Covid-19. La crise sanitaire a un impact économique et beaucoup de chefs de famille ont des problèmes. Un constat qui fait réagir l’organisation non gouvernementale Kitambaa. Cette ONG plaide pour le maintien des filles en milieu scolaire et l’autonomisation des femmes, en mettant à leur disposition des serviettes hygiéniques lavables. Elle connaît donc l’enjeu de cette journée et la nécessité d’avoir des serviettes hygiéniques.
C’est dans ce sens que sa fondatrice, Yaye Hélène Ndiaye, invite l’Etat à introduire dans les kits d’aide pour les ménages vulnérables des serviettes hygiéniques. ‘’Le ménage bénéficiaire d’un kit qui comprend des serviettes hygiéniques lavables pourra ainsi consacrer ses efforts et ses moyens financiers aux autres besoins de subsistance durant cette période de crise sanitaire et au-delà. Ajouter un kit de serviettes hygiéniques lavables aux kits d’hygiène distribués dans le cadre de la réponse à la Covid-19, contribuera à diminuer le stress des femmes et des jeunes ainsi que celui de leurs époux ou pères. Cet élément complémentaire du kit d’hygiène soulagera les ménages d’une dépense incontournable durant plusieurs mois’’, plaide-t-elle.
Cette aide est non négligeable. En effet, fait savoir Mme Ndiaye, les serviettes hygiéniques jetables utilisées par les femmes sont habituellement commercialisées sous forme de paquet de 6 ou 8 serviettes. Or, la période des règles dure en moyenne quatre à cinq jours. ‘’Il est évident qu’un seul paquet ne suffit pas à une personne. Son coût moyen étant de 800 F CFA. Ainsi, il devient nécessaire, pour chaque femme membre de la famille, d’avoir 1 600 F CFA par mois, soit 19 200 F CFA par an’’, indique-t-elle.
Mais, prévient la fondatrice de Kitambaa, il y a de fortes chances d’avoir une ou deux jeunes filles en plus de la mère en âge de menstrues. ‘’Les familles vulnérables ne peuvent s’acquitter d’une dépense annuelle d’environ 38 400 à 57 600 F CFA par an pour satisfaire les besoins d’une bonne gestion de l’hygiène menstruelle. Par ailleurs, on note que, souvent, le choix est fait en faveur des dépenses de première nécessité au détriment de la santé de la reproduction de ses membres de sexe féminin’’, regrette Mme Ndiaye. C’est dans ce sens d’ailleurs, renseigne Yaye Hélène Ndiaye, que son organisation a décidé d’atténuer ce coût financier aux ménages vulnérables, en proposant des serviettes hygiéniques lavables.
Selon une étude menée par Speak up Africa en 2016, dans des zones comme Pikine et Guédiawaye, les serviettes hygiéniques lavables constituent la principale protection utilisée par les jeunes filles et femmes enquêtées, soit 86,95 % de l’échantillon féminin. Toutefois, étant donné que 31,85 % des jeunes filles et femmes enquêtées n’ont pas de source de revenus, l’enquête renseigne que l’achat de leurs serviettes hygiéniques est financé par leurs mères (30,37 %), époux (18,43 %) et éventuellement leurs copains (29,33 %).
Problématique nationale
Ce qui prouve à suffisance que la problématique des serviettes hygiéniques n’est pas uniquement le propre du monde rural, les femmes de la capitale vivent également ces difficultés. D’après Yaye Hélène Ndiaye, ces dernières vivent le plus souvent dans la périphérie et dans des conditions précaires. ‘’Il y a le personnel domestique, mais aussi des familles dont les chefs sont peut-être soit au chômage, soit à la retraite, soit simplement démunis. Certaines filles n’ont pas également assez de ressources pour utiliser le nombre de serviettes nécessaires en se changeant régulièrement’’, relève-t-elle.
Ce qui explique d’ailleurs, d’après la fondatrice de Kitambaa, les plaidoyers menés auprès des institutions pour voir comment impliquer certains bailleurs de fonds qui interviennent dans la santé, l’éducation, l’environnement afin d’appuyer ces femmes, soit avec des subventions où en rendant gratuites les serviettes hygiéniques.
Pour Yaye Hélène Ndiaye, il est regrettable de noter que le défaut d’hygiène engendre chez certaines femmes d’innombrables infections. Par conséquent, se désole-t-elle, ces dernières peinent souvent à procréer. Pis, dit-elle, certaines ne savent même pas ce qu’est une infection. ‘’Pour avoir une bonne gestion de l’hygiène menstruelle, il est fortement recommandé d’utiliser au moins trois serviettes hygiéniques dans la journée et deux pendant la nuit, en sus de l’accès à l’eau et au savon’’, rappelle Mme Ndiaye.
HABIBATOU TRAORÉ
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