Publié le 27 Jun 2024 - 16:06
EMPRUNTS OBLIGATAIRES, EUROBONDS, PRÊTS DU FMI

Le Sénégal dans le cycle infernal de la dette

 

Le Sénégal, comme de nombreux pays africains, s'appuie fortement sur les emprunts pour financer ses projets de développement et ses infrastructures. Récemment, le pays a marqué l'actualité économique en mobilisant 265 milliards F CFA par le biais de trois nouveaux emprunts obligataires à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) et en émettant des euro-obligations pour un montant de 750 millions de dollars. Ces initiatives soulèvent des questions cruciales sur la soutenabilité de la dette, la gestion économique et l'impact sur la souveraineté nationale. Cet article explore ces aspects en tenant compte des analyses d'experts et des perspectives économiques offertes par les ressources pétrolières et gazières du pays.

 

La mobilisation de fonds par le Sénégal : un succès surprenant

Le 26 juin 2024, le Sénégal a introduit trois nouveaux titres obligataires sur le marché de la BRVM : ‘’État du Sénégal 6,25 % 2024-2029’’ ; ‘’État du Sénégal 6,45 % 2024-2031’’ et ‘’État du Sénégal 6,65 % 2024-2034’’. Cette initiative a permis de mobiliser plus de 265 milliards F CFA ; un succès qui témoigne de la confiance des investisseurs dans l'économie sénégalaise.

Le directeur général de la BRVM a salué cette opération, rappelant que le Sénégal a été désigné ‘’Metteur obligataire de l’année’’, lors des BRVM Awards, soulignant ainsi une gestion exemplaire de la dette publique.

En parallèle, le Sénégal a levé 750 millions de dollars sur le marché des euro-obligations, avec un taux d'intérêt de 7,75 % et une maturité de sept ans. Cette opération intervient dans un contexte de confiance renouvelée des investisseurs, malgré les troubles politiques des dernières années. Le taux obtenu par le Sénégal est compétitif par rapport à des pays comme le Bénin et le Kenya, ce qui reflète une perception positive des perspectives économiques du pays.

Les défis et opportunités de l'endettement

Cependant, l'accumulation de dette soulève des préoccupations. La dette publique du Sénégal est déjà à 70 % du PIB et de nouveaux emprunts risquent d'aggraver cette situation. Le Dr Assane Bèye, économiste, souligne que le taux d'intérêt des euro-obligations est déterminé par la confiance des investisseurs étrangers, qui est influencée par la stabilité politique et les perspectives de croissance économique.

La récente transition politique et les futures exploitations pétrolières et gazières ont probablement contribué à obtenir des taux relativement favorables.

Le Sénégal est sur le point de devenir un acteur majeur dans la production de pétrole et de gaz en Afrique subsaharienne. Les revenus attendus de ces ressources devraient considérablement booster l'économie, avec une croissance anticipée à 8,3 % en 2024, selon le FMI. Ces perspectives offrent une opportunité de transformer l'économie sénégalaise et de mieux gérer la dette publique.

Le Dr Mamadou Samba Anne, professeur à l'université de Dakar, insiste sur l'importance de canaliser ces revenus vers des investissements productifs. Il souligne que la gestion efficace de ces ressources peut permettre au Sénégal de rembourser sa dette et de financer des projets structurants tels que des infrastructures et des initiatives dans l'agriculture, un secteur clé pour l'autosuffisance alimentaire.

La question de la souveraineté économique

L'endettement international, notamment par les euro-obligations, pose également des questions de souveraineté économique. Certains critiques estiment que le recours aux marchés financiers internationaux peut compromettre l'indépendance économique du pays.

Cependant, dans un monde globalisé, les marchés financiers jouent un rôle crucial dans le financement du développement. Les experts soulignent que l'important est de s'assurer que les fonds empruntés sont utilisés efficacement.

Le Dr Bèye insiste sur la nécessité d'éviter l'endettement pour des dépenses courantes et de se concentrer sur des investissements à long terme. Une gestion prudente et transparente de la dette est essentielle pour maintenir la confiance des investisseurs et garantir la soutenabilité de la dette.

Le débat sur le panafricanisme et l'endettement

Le recours aux marchés financiers internationaux est parfois perçu comme une remise en question des idéaux panafricanistes qui prônent l'autonomie et l'intégration régionale. Cependant, le contexte actuel de l'économie mondiale et les besoins de financement des pays en développement rendent inévitables les emprunts sur les marchés internationaux. Il est nécessaire de trouver un équilibre entre les aspirations panafricanistes et les réalités économiques.

Le Sénégal, en diversifiant ses sources de financement et en renforçant ses capacités de mobilisation de ressources internes, peut minimiser les risques liés à l'endettement tout en poursuivant ses objectifs de développement.

Le Sénégal traverse une période de transformation économique majeure, avec des défis et des opportunités liés à l'endettement et à l'exploitation de ses ressources naturelles. Les récents emprunts obligataires et euro-obligations reflètent une confiance renouvelée des investisseurs dans l'économie du pays, malgré les risques associés à une dette élevée.

Pour garantir la soutenabilité de cette dette et maximiser les bénéfices des ressources pétrolières et gazières, le Sénégal doit adopter une gestion prudente et transparente de ses finances publiques. L'accent doit être mis sur des investissements productifs qui peuvent stimuler la croissance économique à long terme et réduire la dépendance à l'égard des marchés financiers internationaux.

Le défi pour le nouveau gouvernement est de naviguer entre les impératifs économiques et les aspirations panafricanistes, en veillant à ce que l'endettement serve réellement les intérêts de développement du pays.

Avec une stratégie bien définie et une gestion rigoureuse, le Sénégal peut transformer ces défis en opportunités pour un avenir prospère et souverain.

AMADOU CAMARA GUEYE

Section: 
LUTTE CONTRE LA DÉGRADATION DES TERRES AU SÉNÉGAL : Plus de 80 000 ha seront restaurés avec le projet SURAGGWA
PREMIER TRIMESTRE 2025 : Le nombre d'employés est de 341 699, contre 338 125 un an plus tôt
Der/FJ
Activité industrielle
RÉSILIENCE CLIMATIQUE DES ZONES RURALES GRÂCE AU FINANCEMENT DES MIGRANTS : Le Sénégal dans un projet de 2 milliards F CFA de l'UE
TAUX DE CHÔMAGE ÉLARGI AU PREMIER TRIMESTRE 2025 : Il est de l'ordre de 21,7 %
SAID
RÉALISATIONS DANS 13 COMMUNES DU SÉNÉGAL : Le Promovilles injecte 89 milliards de francs CFA
“GIMI” ATTEINT SA DATE D'EXPLOITATION COMMERCIALE, KOSMOS AUGMENTE SA PRODUCTION DE GNL Dernières nouvelles sur le projet GTA
ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE AFRICAINE : La Chambre de commerce vante le potentiel de la Zlecaf
La BM accorde 115 millions de dollars au Sénégal
LENTEURS DANS LES INVESTISSEMENTS : Le Code des marchés publics, un bouc émissaire
JOURNÉE DES GENS DE MER : L’Anam fait son ‘’ndeup’’
EXÉCUTION BUDGÉTAIRE TQ 2024 : Hausse remarquable des investissements en 2024 
RAPPORT D'EXÉCUTION BUDGÉTAIRE : Un net repli des investissements
REGLEMENTATION DU SECTEUR DE L'ELECTRICITE : Le Sénégal, 1er en Afrique
PRIX À LA CONSOMMATION - PREMIER TRIMESTRE 2025 : Une baisse de 0,4 % notée
OCTROI MARCHÉ TNT À UNE ENTREPRISE MALIENNE : Excaf menace de saisir les tribunaux
EXPLOITATION EXTRACTIVE ET TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : Pour une large implication des femmes sur la question
Centre Médico-Social de l'Asp