‘’Je ne connais pas la musique sénégalaise, je ne connais que le foot’’
Artiste jamaïcain de renommée internationale, Mister Vegas est l’un des rois incontestés de la musique ragga. Il a bercé bien des générations et sa musique continue à être aux premières places des hits mondiaux. En visite au Sénégal pour deux concerts, l’auteur de la célèbre chanson ‘’tamale’’ a fait face à la presse hier pour aborder beaucoup de sujets...
Vous êtes au Sénégal dans quel cadre ?
Je suis là pour deux concerts (ndlr : un hier soir et un aujourd’hui). Je suis arrivé ce matin (ndlr : hier) et je suis pressé de monter sur scène. C’est un réel plaisir pour moi d’être au Sénégal. Je suis là avec mon Dj et une chanteuse dominicaine. Mon anniversaire, c’est ce dimanche. Mais j’anticipe demain. Je vais faire la fête à la manière sénégalaise demain (ndlr : aujourd’hui) et après à la new-yorkaise quand je rentre dimanche. J’invite tout le monde. Je veux que les gens sortent, qu’on communie et qu’on fasse la fête ensemble.
C'est votre première visite en Afrique occidentale ?
Ce n’est pas la première fois que je viens en Afrique. Je suis allé en Ouganda l’année dernière et c’était énorme. J’étais aussi au Kenya, il y a quelques années. Il y avait 8 mille personnes à mon concert en Ouganda. On était même obligé de barrer certaines rues de la place où je me produisais.
Pourquoi venir au Sénégal ?
Chaque artiste jamaïcain rêve de se produire en Afrique quel que soit le pays qui l’accueille. On veut connaître ce continent. Et dans la carrière d’un artiste jamaïcain, il est toujours bien de mettre les pieds sur ce continent. Cela lui donne de la crédibilité. L’Afrique est la terre mère et des grands comme Bob Marley, Peter Tosh, etc. sont venus ici. Pour le Sénégal, c’est un pays que je connaissais grâce au football. Les Jamaïcains adorent le foot et on adore votre équipe nationale. Partout où le Sénégal joue, la Jamaïque supporte le Sénégal. Vous avez des fans chez nous. C’est un plaisir d’être ici et de venir finalement à Dakar.
Il y a des internationaux sénégalais que vous connaissez ?
Oui j’en connais. Diouf (ndlr El hadji Diouf) est venu une fois en Jamaïque et on s’est rencontrés. Il m’a dit : ‘’Toi je te reconnais, ah oui ! tu es un chanteur et j’adore ta musique. Tu me connais moi ?’’. Je lui réponds : ‘’Bien sûr, vous êtes Diouf’’. Il en était tout étonné.
Et comment voyez-vous le Sénégal même si vous n’êtes que là depuis ce matin ?
Je me sens chez moi. J’ai l’impression d’être en Jamaïque. C’est bien ici. Et avec la plage, j’ai vraiment l’impression d’être dans mon pays. C’est le même climat.
Vous connaissez des artistes sénégalais ?
Non je n’en connais pas. Je ne connais que les footballeurs.
Des artistes sénégalais vont prester avant vous lors de vos concerts. Si la musique de l’un d’entre eux vous branche, serait-il possible qu’il y ait des collaborations entre vous ?
C’est possible. J’aime la bonne musique et ce qui est bien fait. Je supporte la musique et fais ce qui peut la développer. Quand j’étais en Ouganda, j’ai découvert un artiste talentueux et on a collaboré. Cela m’est également arrivé avec Nec Marrons de la France. Pourquoi pas des Sénégalais ? Cela peut se faire.
Vous vous produisez en sound system ou ce sera de véritables concerts ?
Mes deux soirées vont être de véritables concerts. Je ne suis pas venu avec mon orchestre parce que ça coûte excessivement cher mais je suis quand même accompagné de mon Dj. C'est des shows typiquement Dj classique que je compte faire. Ma musique a beaucoup d’énergie. Je veux partager et communiquer avec le public afin de sentir que les gens sont là. Je suis également venu avec une jeune artiste au talent prometteur. Elle est d’origine dominicaine et va jouer en première partie avant moi. Je veux lui donner la chance d’être connue. Ce concert est le premier qu’elle fait avec moi.
Vous avez sorti un album «Bruck it down» le 24 septembre dernier. Pouvez-vous sommairement le présenter à nos lecteurs ?
Il y a 16 titres dans l’album tous différents. Cet album est très différent des autres que j’ai déjà sortis. Je l’ai enregistré alors que j’étais dans une situation difficile sur laquelle je ne souhaite pas m’étendre. Ceux qui écouteront l’album comprendront. Mais cela m’a fait plaisir de faire la production en ce moment. Je partage avec mon public les douleurs vécues à ce moment-là. Ce n’est pas évident même si paradoxalement je le considère aujourd’hui comme un album de joie et de bonheur. Il n’y a pas d’ailleurs beaucoup de dance hall dans cet album. J’ai senti le besoin de faire moins de rythmes pour mieux communier avec mes fans.
Les Dakarois peuvent-ils espérer vous voir interpréter des titres de cette nouvelle production ?
Oui bien sûr, on va jouer des titres de ce nouvel album. J’interpréterais aussi mes classiques. Les chansons qui ont fait que je sois connu aujourd’hui. Des tee-shirts et des albums de Mr Vegas vont être mis en vente lors des concerts. Il y aura tout pour le public vraiment.
Vous avez tout à l’heure évoqué les grands noms de la chanson jamaïcaine. Quel rôle jouez-vous aujourd’hui, vous la nouvelle génération, pour vous imposer et non toujours profiter de l’aura de Bob Marley et autres ?
On écoute la musique des old school. On suit ces grands-là et ceux qui tiennent encore la route. Même si ce n’est pas le talent qui manque chez les jeunes, on ne peut pas faire abstraction de cette première génération d’artistes connus. Notre rôle est d’essayer de garder le cap. On s’y efforce. Quand je vois un jeune faire du reggae dans mon pays, je suis content parce que je me dis que la relève est assurée et que le reggae va continuer d’exister.