Que cache la décision de la Société Générale ?
La filiale Mobile Money de la Société Générale vit ses derniers jours en Afrique. A partir du 31 mai prochain, il ne sera plus question de Yup, dans les marchés sénégalais, ivoirien, guinéen, camerounais… Le groupe bancaire français a tout simplement décidé d’abandonner le service d’émission de monnaie électronique. Officiellement, il a été invoqué un échec du service qui aurait peiné à mettre en place un modèle viable, ainsi que les perspectives peu encourageantes.
Mais cet argument est inopérant, aux yeux des employés et autres collaborateurs. A travers un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’, ils brandissent leurs arguments. ‘’Précisons, fulminent-ils, que pour le seul Sénégal, Yup comptabilise environ 500 000 clients particuliers et une centaine de clients entreprises parmi lesquels figurent la Compagnie sucrière sénégalaise, Dubaï Port, la Senelec et la Délégation de l’entreprenariat rapide (Der) pour ne citer que ces dernières’’.
Dans le fond, aucune explication n’a été fournie aux utilisateurs, selon les employés de Yup. Lesquels estiment que le groupe use surtout de concepts creux tels que ‘’modèle économique inadapté’’, ‘’concurrence agressive…’’ pour se dédouaner. Plus grave, insistent-ils, aucune alternative, tel un partenariat avec un autre acteur du Mobile Money, n’a été abordée dans les différentes communications. ‘’Le groupe bancaire se complaît dans une nébuleuse et élude toute question émanant des acteurs de la société civile’’, soulignent-ils dans le communiqué.
Au Sénégal, la Société Générale a entamé la cessation de ses activités de Mobile Money au niveau de ses clients particuliers et informé ses partenaires entreprises pour lesquelles elle assurait le paiement des salaires de milliers de travailleurs qu’elles vont devoir se réajuster, d’ici au début du mois de mai.
Selon les contestataires, l’impact pour les entreprises clientes de la plateforme Yup est d’autant plus pernicieux que le délai annoncé pour la désactivation du service est très court.
D’après le communiqué, de nombreux particuliers et entreprises au Sénégal avaient fait confiance à Yup, convaincus par la promesse de fiabilité et de sécurité clamée par la Société Générale. ‘’Ces clients devront, dans un délai extrêmement court, s’atteler à mettre en place des plans de contingence, afin que le paiement des journaliers, prestataires et autres puissent continuer. Cela ne se fera pas sans une conduite du changement et des ajustements coûteux et générateurs de stress, notamment pour les PME qui avaient opté pour le service Paiement de masse de Yup’’, fustigent les contestataires.
Ces derniers craignent que ceci ne soit en réalité qu’une amorce d’un futur désengagement du groupe, comme c’est déjà le cas avec BNP-Paribas.
‘’Compte tenu du récent désengagement du groupe BNP-Paribas de ses filiales en Afrique, interroge le document, on peut se demander si le sacrifice de Yup ne constitue pas l’amorce du retrait du groupe Société Générale de ses investissements en Afrique subsaharienne au profit de projets tels que la banque en ligne ING en France. La suite nous le dira’’. Selon nos informations, c’est au total 130 salariés qui seront directement impactés par cette cessation. ‘’Ils ont surtout eu recours à de l’intérim (animateurs, brand ambassadors, prestataires, etc.’’, précise une source.
AMADOU FALL