Les chiffres de la domination chinoise
Malgré les accusations de ses rivaux sur sa volonté d’utiliser la dette pour mieux asservir les Etats africains, la Chine maintient le cap et compte donner un nouveau souffle à sa coopération avec l’Afrique, à partir de la 8e Conférence ministérielle du Focac, qui s’ouvre aujourd’hui à Dakar.
La nouvelle Route de la soie est en marche ! La Chine, depuis maintenant deux décennies, ne lésine pas sur les moyens pour jeter les bases d’une coopération dynamique avec l’Afrique. En visite à Dakar, dans le cadre de la 8e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), le conseiller d’Etat et ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, est largement revenu sur les réalisations chinoises, depuis le lancement du Focac, il y a 20 ans.
Depuis la fondation du forum, informe Wang Yi, les entreprises chinoises ont construit en Afrique plus de 1 0000 km de chemins de fer, environ 100 000 km de routes, 1 000 ponts et 100 ports. Elles ont aussi permis la construction de plus de 80 grandes centrales électriques, plus de 130 établissements de santé, plus de 45 stades, plus de 170 écoles. Le chef de la diplomatie chinoise d’ajouter : ‘’On a ensuite formé plus de 60 000 compétences dans tous les domaines ; 230 millions de personnes ont pu bénéficier des soins fournis dans le cadre de cette coopération. Aussi, les services Internet couvrent plus de 700 millions d’abonnés.’’
A en croire le ministre chinois des Affaires étrangères, malgré le contexte de la pandémie, la coopération entre la Chine et l’Afrique ne cesse de se fructifier. Durant les 10 premiers mois de cette année, souligne-t-il, ‘’le volume des échanges a grimpé jusqu’à 207 milliards de dollars américains. Et le chiffre pourrait battre un nouveau record. La Chine deviendrait, pendant 13 ans consécutifs, le plus grand partenaire commercial de l’Afrique’’, s’est-il réjoui.
Selon Wang Yi, la Chine et l’Afrique ont un seul objectif : c’est de bâtir, à travers le Focac, une communauté et planifier le développement de leur relation pour les trois ans à venir. ‘’Les peuples africains et les peuples du monde tourneront leurs regards vers Dakar et les attentes sont élevées. Nous sommes sûrs que, grâce à l’engagement commun de la Chine, du Sénégal et de tous les membres du forum, la conférence de Dakar sera couronnée d’un plein succès et apportera une nouvelle contribution aux efforts africains pour triompher de la Covid-19’’.
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FORUM SUR LA COOPERATION SINO-AFRICAINE
1 200 milliards injectés par la Chine au Sénégal
Autoroute Mbour - Kaolack, parc industriel de Diamniadio, siège du ministère des Affaires étrangères… Le Sénégal et la Chine jettent les nouvelles bases des prochains grands projets de la coopération sino-sénégalaise.
Durant ces dernières années, le Sénégal a su tirer plein profit de cette coopération, si l’on en croit la ministre des Affaires étrangères Aissata Tall Sall. Au plan financier, informe-t-elle, nos deux pays ont signé diverses conventions. Lesquelles, à ce jour, polarisent 1 200 milliards de francs CFA.
Selon la ministre des Affaires étrangères, cette enveloppe est répartie en prêts concessionnels pour 1 039 milliards F CFA, en subventions de l’ordre de 117 milliards et en prêts sans intérêt de plus de 50 milliards. ‘’En moyenne, précise-t-elle, si nous faisons le calcul, nous recevons de la Chine 80 milliards F CFA de concours financier par an et dans divers secteurs’’.
Ces secteurs, de l’avis d’Aissata Tall Sall, tournent principalement autour de l’agriculture, de la santé, de l’industrie, de la culture, de l’hydraulique, des infrastructures... ‘’C’est-à-dire les secteurs stratégiques et fondamentaux de base pour amorcer le développement de notre pays’’.
Comme si elle tenait à répondre aux détracteurs de la dépendance des Africains vis-à-vis de la Chine, elle déclare : ‘’Et cette coopération financière, nous la maintenons avec transparence et avec responsabilité, pour ne pas aggraver notre niveau d’endettement. Nous veillons beaucoup à ce que notre dette ne dépasse pas les critères de soutenabilité.’’
La ministre s’est, en outre, réjouie des multiples réalisations de la coopération chinoise au Sénégal sur le plan des infrastructures particulièrement. Et d’autres seraient dans le pipeline, si on l’en croit. ‘’Comme projets, dit-elle, nous pouvons citer l’autoroute Mbour - Kaolack dont le financement est réglé ; le parc industriel de Diamniadio ; le siège de notre ministère dont les travaux vont incessamment démarrer ; la réfection des stades du Sénégal à l’intérieur du pays’’.
De plus, les deux pays négocient pour mieux équiper les centres de santé pour une meilleure prise en charge de la Covid-19. ‘’Nous voulons continuer cette dynamique, parce que dans le domaine des infrastructures aussi, il y a encore des projets en attente. Et je pense qu’on pourra faire plus dans les années à venir’’, indique la ministre des Affaires étrangères, non sans plaider pour plus de collaboration entre les secteurs privés des deux pays.
Par ailleurs, la cheffe de la diplomatie sénégalaise n’a pas non plus éludé la question géostratégique du Sahel. A ce propos, elle a demandé à la Chine de s’impliquer davantage, pour aider les pays africains du Sahel à mieux faire face au défi sécuritaire. C’est là, d’après la ministre, une des grandes lignes du mandat sénégalais à la tête de l’Union africaine, en sus des questions sanitaires, infrastructurelles et des ressources extractives.
Le coup d’envoi de la 8e Conférence du Focac sera donné, aujourd’hui, à Diamniadio, sous la présidence du chef de l’Etat sénégalais Macky Sall et de son homologue chinois (en ligne).
MOR AMAR