Les exploitants noircissent le tableau d’Ali Haïdar

Mécontents de la gestion du ministre Ali Haïdar, les exploitants forestiers exigent ''la convocation d’un conseil présidentiel ou d’un conseil interministériel afin d’élucider'' les griefs portés contre leur tutelle.
En assemblée ordinaire, hier, à Bargny, l’Union nationale des coopératives des exploitants forestiers du Sénégal (Uncefs) a tiré à boulets rouges sur le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Ali Haïdar. Dans leur résolution générale, les membres de la structure d’exploitation forestière ont souligné les ''agissements'' de leur ministre de tutelle, dénonçant avoir été zappés dans la mise en place du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Les exploitants forestiers le mettent sur le compte d'un ''acharnement du ministre revanchard qui a préféré proposer son frère Émile Wardini au poste réservé à la filière (qu'ils) représentent''.
En outre, les plaignants accusent M. Haïdar de refuser la concertation et le dialogue ''tout en méprisant certains acteurs avec sa démarche solitaire''. Selon eux, cette démarche a fait qu’il ait pu sortir un arrêté fixant les modalités de la campagne d’exploitation forestière 2013-2014 sans concertation avec eux. De plus, les camarades du président Abdoulaye Sow soutiennent que par la faute de leur ministre de tutelle, ''les permis de 2012 ont été bloqués et leur prorogation a été refusée bien que le Trésor public ait déjà perçu son dû dans ces titres d’exploitation. Et la durée de validité des dépôts a été ramenée de sept à trois mois, alors que les dépôts de charbon sont destinés à pallier à tout manquement en période de pénurie''. Pendant que, disent-ils, les nouvelles autorités accusent les exploitants forestiers, elles laissent prospérer la fraude par le truchement des autorités gambiennes. ''Par le truchement des Chinois installés à Banjul qui exploitent du bois de venn et de dimb, des tiges de bambou, des piquets, etc., venus du Sénégal, cette saignée représente une perte de plus de vingt milliards de francs Cfa pour l’économie sénégalaise'', soutiennent les exploitants forestiers sénégalais.
''Notre surprise a été grande de constater qu’un ministre qui se dit écologiste puisse agréer durant seulement sept mois de magistère, vingt deux organismes, augmentant ainsi la pression au niveau des forêts. Pour toute réponse, il affirme le faire pour des raisons d’équité alors que nous savons que ces nouvelles recrues sont de son parti qu’il est en train de massifier à l’image des motos qu’il a remis à ses militants considérés comme des milices forestiers et qui sont en train de racketter les gens'', fustigent par ailleurs les exploitants forestiers.
Les membres de l’Union nationale des coopératives des exploitants forestiers du Sénégal exigent des hautes autorités du pays ''la convocation d’un conseil présidentiel ou d’un conseil interministériel afin d’élucider les questions posées''.
Les ménages privés de charbon de bois, à partir de lundi
Les exploitants forestiers, en particulier les producteurs de charbon de bois, ont décidé de priver les ménages sénégalais du précieux combustible. Tenant un assemblée générale ordinaire, hier, à son siège appelé Terminal charbonnier à Bargny, l’Union nationale des coopératives des exploitants forestiers du Sénégal (UNCEFS), avertit : ''L’assemblée générale décide de suspendre la circulation du charbon de bois et du bois d’artisanat pour un mois renouvelable à compter du lundi 17 juin 2013 à 8 heures''. Par la voix du secrétaire général, Mamadou Salif Mballo, l’assemblée générale ''recommande à ses membres l’observation stricte de la mesure. Une mission d’information sera déployée partout au Sénégal pour sensibiliser les acteurs sur la lutte que mène l’Uncefs''.
Cette décision fait suite à un arrêté du ministre de l’Environnement et du Développement durable, Ali Haïdar. Et le bureau national de l'Uncefs est mandaté pour saisir le président de la République et le Premier ministre aux fins de s’expliquer sur les blocages causés par l’arrêté en question organisant la campagne d’exploitation forestière 2013-2014. Les coopératives des exploitants forestiers s’offusquent de ce qu’il serait impossible de créer en trois mois un dépôt licite de charbon. Ainsi, a ajouté le secrétaire général de l’association : ''L’assemblée générale décide de suspendre jusqu’à nouvel ordre la création de dépôts de charbon de bois susceptibles d’être l’objet de saisie du fait d’un arrêté qui ne garantit pas une bonne production et de dépôt''.
Elle entend également s’opposer au projet de décret du ministre de l’Environnement et du Développement durable dont l’objectif serait à terme ''d’augmenter la fiscalité forestière en volume et en stère par rapport au charbon de bois et du bois d’artisanat''. D'après eux, cela va se répercuter sur les ménages qui sentiront de plein fouet cette augmentation des taxes. Or, disent ses dirigeants, ''l’Uncefs avait proposé (au) président de la République et au Premier ministre la baisse du prix du charbon de bois de 350 à 200 francs le kilogramme''.
PAPE MOUSSA GUEYE