Le Sénégal et le défi des infrastructures de développement

Il est de notoriété publique que le décollage économique de l'Afrique est plombé par un déficit criard en infrastructures. Conscientes de cet état de fait, les autorités ont décidé de combler le gap, à travers des projets structurants. Toutefois, le problème reste entier, dans la mesure où la planification, le financement et l'évaluation de l'entretien des infrastructures demeurent des problématiques qui nécessitent des réponses hardies et diligentes.
Hier, lors d'un atelier autour des enjeux des infrastructures publiques en Afrique, des experts de la première promotion du Master 2 en Management des infrastructures publiques sont revenus sur différents volets des infrastructures de base (énergie, eau, assainissement, routes et transport). Il est ressorti des discussions et des différentes communications que le secteur de l'énergie du Sénégal, avec une dette de l'ordre de 150 milliards, un parc de production vétuste et, entre autres, un taux de maintenance qui est passé de 53%, il y a quelques années, à 25% en 2010, n'est pas sorti de l'ornière. Entendu que la non maîtrise des coûts de production, avec des tarifs moyens de 115 F Cfa le Kwh, inférieurs aux coûts moyens de production qui s’élèvent à 148 F Cfa le Kwh, n'est pas à même de venir à bout des délestages. Il ressort de ces considérations que les États de la sous-région ne sauraient venir à bout de la crise énergétique de manière isolée. Les experts préconisent de créer un cadre régional ou sous-régional approprié. L'OMVS, avec ses 200 MW de production, soit 6,6w/h ''pas de quoi alimenter une lampe de basse consommation'', n'est pas la solution.
Les experts donnent l'exemple de l'Afrique du Sud forte de ses 50 millions d'habitants. Le pays a réalisé 41 700 MW de production en 2012, soit 834w/habitant. La patrie de Mandéla s'est lancée dans de gigantesques investissements dont le coût est estimé à 16 592 milliards F Cfa. Le projet R300 billion qui est un plan de financement de 7 ans (2010-2017) est doté d'un budget de 14 640 milliards de F Cfa. Il englobe la construction de la centrale à charbon de Kusile dont le budget de 6 000 milliards F Cfa renseigne sur les ambitions énergétiques du pays. À terme, la centrale va permettre à l'Afrique du Sud d'augmenter sensiblement ses réserves d'énergie de 8% à 15%. Selon les experts, le Sénégal doit mettre en œuvre un cadre institutionnel pour la coordination du secteur de l'énergie. Il faut également sécuriser les approvisionnements en combustible, tout en augmentant les capacités existantes, dans le cadre d'un plan régional, de préférence.
Ce master 2 en Management des infrastructures publiques, ouvert à toutes les nationalités, est l'un des axes du programme panafricain dénommé Capacity Building Program. Selon, le doyen de la Faseg, le professeur Aly Mbaye, ''il cible les ingénieurs''. Selon son coordonnateur, le Sud Africain Sifiso Mbatta, il s'agit d'un programme ''unique dans le monde'' et ''générique'' accueilli par trois universités africaines dont l'UCAD. Il est soutenu par l'Agence française de développement, la banque sud africaine de développement et la Corporation Industrielle pour le développement