La clé de la souveraineté alimentaire
Pour irriguer un million d’hectares et sortir des milliers de villages des pays du Sahel de la dépendance vis-à-vis de la pluviométrie, les États avaient mis en place le Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (Pariis). A environ un an de la fin du programme, le bilan présenté, hier, lors d’une réunion du Comité technique régional, a été très mitigé.
La souveraineté alimentaire est une haute priorité pour la plupart des pays du Sahel. Pour y parvenir, la conviction du Pariis (Projet d’appui régional pour l’irrigation au Sahel), c’est qu’il faut se départir de la dépendance de la pluviométrie. Secrétaire exécutif du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel, Abdoulaye Mohamadou déclare : ‘’L’objectif principal de ce projet est de booster la production agricole dans notre espace où l’agriculture reste très dépendante de la pluviométrie. Grâce au projet, beaucoup de réalisations ont été faites, notamment des infrastructures hydrauliques, des aménagements hydroagricoles…’’
De l’avis du secrétaire exécutif, le Pariis est le fruit un engagement fort des différents chefs d’État et de leurs partenaires dont la Banque mondiale. Revenant sur l’atelier qui se tient à Dakar depuis hier, il informe : ‘’Aujourd’hui, il s’est agi de faire le point et de mettre un coup d’accélérateur au projet. Sur l’ensemble de composantes, le projet connait une mise en œuvre assez importante. Il a permis de mettre en place des plateformes multiacteurs, qui regroupent l’ensemble des acteurs dans notre pays et de réaliser des œuvres importantes.’’
Interpellé sur les difficultés des États de se départir de la dépendance de la pluviométrie, il rétorque : ‘’Ce n’est pas un problème de volonté (politique), c’est un problème de moyens. L’irrigation coûte cher. Nous avons ce projet supporté par la Banque mondiale pour donner un appui aux États. L’objectif général, c’est d’arriver à un million d’hectares. Pour la première phase, nous visons l’aménagement de 25 000 ha. D’ici l’année prochaine, même si l’objectif n’est pas atteint, on pourrait se reprocher.’’
En fait, malgré les grandes ambitions affichées, il y a beaucoup de lenteurs notées dans presque tous les pays. Sur les 25 000 ha projetés, moins de 10 000 ont été aménagés. ‘’Actuellement, nous sommes autour de 10 000 ha. Pour l’année 2023, il y aura beaucoup de réalisations parce que le projet a connu un départ laborieux, en raison de plusieurs paramètres. Mais il a atteint aujourd’hui sa vitesse de croisière. On espère que d’ici 2024, on va atteindre ou se rapprocher de l’objectif de 20 000 ha’’.
Pour le cas du Sénégal, sur un objectif de 3 000 ha, 1 200 ont été irrigués. Le coordonnateur Aly Saleh Niang revient sur les difficultés : ‘’A ce jour, nous en sommes à 1 200 ha sur les 3 000. Il y a eu beaucoup de contraintes qui font que les objectifs n’ont pas encore été atteints, mais beaucoup d’efforts sont déployés pour accélérer le processus. Nous pensons que d’ici 2023, l’objectif sera atteint.’’
Par rapport aux contraintes, il cite le démarrage tardif, mais surtout la défaillance des entreprises qui ont été incapables de réaliser les travaux dans les délais. ‘’Elles ont été incapables de réaliser les aménagements dans les délais requis avec la qualité requise. Nous sommes en train de prendre en charge ces questions pour accélérer le processus’’.
D’ores et déjà, le coordonnateur se réjouit des réalisations et de leurs impacts sur les populations des villages concernés. ‘’On a beaucoup de satisfactions, notamment au niveau de la vallée du fleuve où les aménagements ont permis de mettre en valeur environ 1 000 ha. L’innovation majeure, c’est que nous avons mis en place des canaux maçonnés au niveau de ces villages qui ont permis sensiblement d’économiser l’eau et d’emblaver encore plus de superficies et conséquemment augmenter les rendements’’.
MOR AMAR