Pourquoi le Sénégal a raté 2027
Alors que le Maroc va abriter la Can-2025, la Caf a opté pour une co-organisation entre le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda en 2025, au détriment du Sénégal. Voici quelques pistes qui pourraient expliquer l’échec de la candidature sénégalaise.
La Caf a dévoilé, ce mercredi, les pays hôtes des Can 2025 et 2027. Comme prévu, le Maroc a obtenu l’organisation de la 35e édition. Par contre, le Sénégal, qui s’attendait à accueillir sa deuxième Can, après celle de 1992, a déchanté. L’instance a décidé d’attribuer au trio Kenya-Tanzanie-Ouganda le privilège d’être la capitale du football africain en 2027. ‘’On s’attendait à être choisi. Notre dossier était très solide’’, a regretté, le porte-parole de la Fédération sénégalaise de football, Seydou Sané.
Alors qu’est-ce qui a fait pencher la balance en faveur de la candidature commune des trois pays d’Afrique de l’Est au détriment du Sénégal, jugée pourtant ‘’incroyable, très impressionnante’’ par le président de la Caf ?
Pour justifier son choix, la Confédération africaine de football a avancé l’argument de l’implication des chefs d’État des trois pays concernés. ‘’La beauté de la chose est que si vous vous penchez sur la présentation des faits, nous avons tous les chefs d’État : les présidents Ruto (du Kenya), Museveni (de l’Ouganda) et Mme Ameir (de la Tanzanie). Ils ont exprimé leur profond engagement à l’égard de cette organisation’’, a expliqué Patrice Motsepe avant d’exprimer sa ‘’fierté’’ de voir des pays ‘’s’unir’’. ‘’On n’a jamais été aussi unis et le football nous a unis. Il y a beaucoup d’enthousiasme qui nous rend tous fiers en tant qu’Africains. La Can 2027 sera un grand succès’’, s’est-il réjoui.
L’autre point qui a fait prévaloir l’option de la co-organisation, c’est la ‘’rotation’’ de la Can. Le Conseil des associations de football d’Afrique de l’Est et centrale (Cecafa) n’avait plus accueilli une Can depuis 47 ans. La dernière fois, c’était en Éthiopie, en 1976. ‘’Nous ne voulons pas que la Can se tienne seulement dans une zone. Nous voulons adopter une stratégie de rotation pour contribuer au développement et à la croissance du football dans les différentes zones’’, a indiqué Motsepe.
Sur cet aspect, le Sénégal a été desservi par la Can-2023 qui se tiendra en Côte d’Ivoire, du 13 janvier au 11 février 2024.
Le chantier des infrastructures, le hic ?
Dans son dossier de candidature, le Sénégal aurait présenté un plateau de sept stades, dont Abdoulaye Wade de Diamniadio, qui est de classe mondiale. Et six stades qui font partie d’un vaste projet de construction et de réhabilitation à finaliser en quatre ans.
Seulement, la Caf semble vouloir éviter les désagréments du passé. Désignée pays hôte de la Can-2025, la Guinée a finalement été dessaisie de l’organisation de la 35e édition parce que les ‘’infrastructures et les équipements ne sont pas adaptés ou prêts’’ à accueillir l’événement à date échue. La Can-2019 a été confiée au Cameroun pour la première édition à 24 équipes. Du fait que ses infrastructures n’étaient pas prêtes, l’Égypte s’est substituée à lui.
C’est finalement en 2022 que le Cameroun a accueilli le plus grand rendez-vous du football continental. Du coup, pour ne pas avoir à faire face à de tels ennuis, le Comex a dû jeter son dévolu sur le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Au lieu de s’en remettre à un seul pays pour mettre sur pied six stades aux normes internationales en quatre ans, mieux vaut confier cette tâche à trois États. Chacun des trois co-organisateurs n’a donc à prendre en charge que deux stades au moins.
En attendant de surmonter cette déception, le Sénégal devra poursuivre son programme de mise à niveau de ses infrastructures sportives. Ce qui lui donnera plus de crédit pour son prochain passage devant le Comex pour une éventuelle candidature. En 2029 peut-être !
LOUIS GEORGES DIATTA