Publié le 4 Jul 2012 - 11:04
LÉGISLATIVES SÉNÉGALAISES EN MAURITANIE

 BBY vainqueur dans la douleur

Par crainte d'être appréhendés par la police mauritanienne et expulsés, bon nombre de Sénégalais ont préféré rester chez eux le jour des législatives. Ce qui a contribué à affaiblir davantage un taux de participation déjà faible au plan national.

 

La coalition Benno Bokk Yaakaar (majorité présidentielle) a remporté les élections législatives organisées le 1er juillet au Sénégal et à l’extérieur. Sur plus de 13 000 électeurs inscrits dans la circonscription électorale de Mauritanie, seuls 780 ont voté. Le faible taux de participation constaté au Sénégal s’est répercuté aussi dans ce pays. Au final, BBY a gagné avec 284 voix devant le PDS (210), les autres listes se partageant le reste des suffrages. Toutefois, il faut souligner qu’à Nouadhibou et à Rosso Mauritanie, c’est le PDS qui est sorti légèrement vainqueur et même dans certains bureaux à Nouakchott. Mais la faible affluence consécutive à l’abstention des électeurs a handicapé le scrutin. Pour cet électeur qui s’est exprimé sous le sceau de l’anonymat, il y avait d'autres chats à fouetter. «Je suis préoccupé par le problème de mon séjour, comme beaucoup de mes compatriotes qui ne se sont pas déplacés par mécontentement... Je pense que Macky doit venir ici pour régler ce problème», suggère-t-il.

La nouvelle carte de séjour réclamée par les autorités mauritaniennes aux étrangers a contraint des Sénégalais à se terrer chez eux de crainte d’être reconduits à la frontière. Par le pur des hasards, la date de validité des anciens papiers de séjour expiraient justement le 1er juillet, jour des législatives. C'est une des raisons avancées par l'ambassadeur du Sénégal à Nouakchott, Mamadou Kane, «malgré les efforts fournis par l’Etat pour le bon déroulement du scrutin.» Selon le diplomate, un autre facteur peut être avancé. «Il y a également moins d’engouement des électeurs pour le scrutin législatif que pour le scrutin présidentiel qui a connu une grande mobilisation des Sénégalais, dit-il. A cet égard, la dévalorisation du rôle du député par rapport à celui du président de la République a aussi fait son effet.»

Pour Makane Wade, vice-président chargé des affaires politiques du PDS en Mauritanie, «s’il n’y a pas de moyens, les Sénégalais ne voudront pas sortir sur des kilomètres pour aller voter, dit-il. C’est un énorme sacrifice pour eux dès lors que le jour du vote est un jour ouvrable en Mauritanie.» Pour ce qui est de la faible affluence, il dit : «Nous ne pouvons comprendre qu'Omar Sarr, tête de liste du PDS, mobilise les fonds pour ses quelques ressortissants de Dagana en Mauritanie et non pour le parti ici représenté». Du côté de Mor Kane Ndiaye, coordinateur de l’Alliance pour la République (APR) en Mauritanie, si la fameuse carte de séjour a joué contre la mobilisation des électeurs, «la communauté (sénégalaise) doit faire bloc et soutenir nos autorités pour affiner nos relations avec la Mauritanie». C'est pourquoi la question des fonds n'est pas acceptable pour lui. «C'est une question de conviction et il faut une politique de rupture avec cette pratique néfaste pour éviter la dilapidation des ressources du pays par les politiciens».

Plus simplement, Bachir Fall, président de la Délégation extérieure de la Commission électorale nationale autonome (DECENA), estime que «les Sénégalais n’ont pas été informés (alors que) certains n'étaient même pas intéressés par le scrutin». Sans oublier que la tenue de ces législatives un dimanche, jour de travail en Mauritanie, ne favorise pas la mobilisation des électeurs.

Ibou Badiane

(Correspondant en Mauritanie)

Section: 
CONDAMNATION D’OUSMANE SONKO L’APR charge un Premier ministre "irresponsable et incompétent"
ASSEMBLAGE DE VÉHICULES MILITAIRES : Le grand coup de l'Allemand Daimler 
Démission Abdoul Mbaye
CLÔTURE SESSION ORDINAIRE UNIQUE ASSEMBLÉE NATIONALE : El Hadji Malick Ndiaye impulse la réforme
PARTENARIAT SÉNÉGAL- FRANCE À Séville, Macron et Diomaye Faye affichent une volonté commune
FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT : Le président Diomaye et plusieurs chefs d'État attendus en Espagne
LFR 2025 : L'Assemblée adopte le budget de la discorde 
PLUS DE 10 000 MILLIARDS F CFA EN 2 ANS : À qui la faute ? 
SUR L'INTÉGRATION DES DONNÉES DE LA COUR DES COMPTES : Les réserves de Tafsir Thioye 
SITUATION AIR SÉNÉGAL : “Entre avril et maintenant, plus de 15 milliards injectés”, selon le ministre 
AMADOU DIALLO, DÉPUTÉ : L'avocat de la presse
Thierno Alassane Sall sur la LFR
POLÉMIQUE AUTOUR DE LA GESTION ÉCONOMIQUE ET DES LIBERTÉS PUBLIQUES L’APR exige des comptes sur la dette et dénonce une dérive autoritaire
FINANCES PUBLIQUES : L'État dans un véritable engrenage 
PLÉTHORE D'ORGANISMES PUBLICS : Ce que coutent les agences
MISE EN ŒUVRE DE L’AGENDA SÉNÉGAL 2050 : Cheikh Diba exhorte l’Administration des douanes à se réinventer
ADMINISTRATION SÉNÉGALAISE : Jean-Baptiste Tine plaide une refondation en profondeur !
VISA POUR LES USA REFUSÉ AUX LIONNES : Sonko hausse le ton, entre souveraineté revendiquée et critiques acerbes
BATAILLE DE POSITIONNEMENT : Pastef vs Pastef 
APRÈS AVOIR PARTICIPÉ AU DIALOGUE L'opposition demande à Diomaye de créer un comité inclusif de suivi