Une alternative ?
Le credo de la Banque islamique est de constituer une alternative au mode de financement classique, en pratiquant des taux plus bas que ceux des banques classiques. Son modus operandi consiste en un partage du profit et des pertes, conceptualisé en ''3P''. Il s’agit d’un mode de financement avec interdiction de l’intérêt (riba), de la spéculation (gharar), de l’incertitude des ventes (mayssir) et du financement d’activités illicites (haram) telles que l’alcool, les jeux de hasard, l’armement, entre autres. L’activité doit être adossée à des actifs tangibles, ancrés dans l’économie réelle. C’est un modèle de financement participatif dans lequel le bailleur de fonds et le partenaire commercial (le client donc) partagent le résultat ex post (après coup) des risques et des récompenses.
Cette forme de finance basée sur la Charia a comme exigence fondamentale le fait que les transactions soient toujours sous-jacentes à une activité productrice générée par des actifs tangibles. La Banque islamique dispose de produits d’opération de vente comme le Mourabaha, qui consiste en une opération d’achat et de revente pour le compte d’un client avec une marge bien déterminée. ''Si, par exemple, c’est pour l’achat d’un véhicule, c’est la banque elle-même qui achète et met le véhicule à la disposition du client. Cela peut éviter les risques de détournement du crédit'', explique Amadou Tidiane Bousso, expert en finance islamique. Le Salam qui est un achat au comptant avec une livraison différée fait aussi partie des produits de la finance islamique. ''La banque, dit Tidiane Bousso, achète le produit et la livraison est différée. C’est un modèle très utilisé dans l’agriculture. Dans celui-ci, la banque est d’abord propriétaire des semences, des machines avant de les mettre à la disposition des usagers.'' La banque met aussi à la disposition de ses usagers l’Ijara, qui est une opération de location ou de bail. ''La banque met à la disposition du client un équipement pour pouvoir bénéficier de l’usufruit, moyennant un versement périodique de loyer. Il existe aussi une opération dans laquelle le client devient propriétaire à la fin du contrat de location'', note l’expert Bousso. L’Istisna, entre autres, clôture la liste des produits d’opération de vente. Il s’agit d’un contrat de fabrication ou de construction d’un actif avec des spécificités bien déterminées. La banque entre en contact avec le fabricant ou le constructeur et réalise le produit. Le mode de paiement est au comptant, obligatoirement.
Pour être compétitif, la Banque islamique dispose aussi d’opérations de partenariat. Le Moudaraba est un partenariat entre la banque qui apporte ses capitaux et un client qui apporte son savoir-faire. Elle finance et le client gère. Les deux parties conviennent d’une clé de répartition du profit. ''En cas de perte, la banque perd ses capitaux et le client son travail'', indique, très serein, M. Bousso. Le Moucharaka, pour sa part, est un contrat où toutes les parties contribuent au capital. La clé de répartition du bénéfice est suivant d’accord partie. Les pertes sont assumées au prorata de l’apport en capital.
L’assurance islamique est conceptualisée dans le Takaful conforme au principe de la Charia. Il fait intervenir deux contrats. Un premier contrat entre les assurés qui acceptent de contribuer dans un fonds ; un deuxième contrat entre les assurés, propriétaires du fonds et un opérateur Takaful qui se charge de la gestion du fonds. Les taux pratiqués par la Banque islamique du Sénégal sont entre 9 et 10%. A vos projets !
P. B. DIOH